mardi 17 mai 2022

"Le piano happe pousse"


Le piano happe pousse et toi tu t'étires !

Dans la catégorie des poids plume, moins encombrant que le piano à bouche (mélodica), je vous présente à nouveau le piano à pouce, un de mes instruments préférés !
Pratique et thérapeutique, il vient d'Afrique, au seizième siècle, des explorateurs portuguais l'ont apporté en France.
Il aurait des origines bantou :



Lexique chic :
Bantou : "petite musique" ou "peu de musique", à comprendre dans le sens puissance, c'est plutôt un instrument intimiste. Ce n'est donc pas une "petite musique d'ennui" mais plutôt une "petite musique de nuit" (comme celle de Mozart).
L'instrument est sacré, il a le pouvoir de communiquer avec les esprits.
Au Zimbabwé (d'où vient le mot "M'bira", il joue un rôle important pendant les différents rituels, les cérémonies de possession.
En plus de ses vertues thérapoètiques ...
... Il a tout pour lui, il est facile à apprendre, relaxant, pratique, économique, ergonomique, intuitif, bref on kiffe.
Tout comme dans l'espèce humaine, il en existe différents spécimens !
En Afrique, il change de nom et de mode (gamme) selon la culture. On l'accorde différemment selon les pays !!
En fonction de l'endroit, on utilise une autre lutherie (par exemple : une caisse de résonance en bois creux avec un vide ou alors une planche en bois massif), un nombre différent de lames (de 5 à 34), d'autres espèces de bois (bois exotique, Acajou, Acacia, Noyer).
Les bruits parasites (qui déplaisent tant aux oreilles des occidentaux, les obsédés du son clair), sont très prisés des africains !
Les clés, les lames, les dents sont la même chose dites autrement !
Selon qu'elles soient baguées ou pas le son de la kalimba s'en ressent.
Les rois de la récup', sont friands de calebasse, de rayons de vélo, de ressorts de canapé, capsules de bouteille, de siège de voiture, de balaine d'essuie-glace. 
Dans les concerts, on trouve aussi bien ce que je nomme des kalimbas "gnawas" (pour le côté transe) que des "wah-wah" (hendrixiens), des kalimbas brouhaha (ça bourdonne, ça grésille, ça fait le buzz, ça fuse, ça abuse).
Et parfois, par la grâce de l'effet "bzzz bzzzz" tout s'apaise !!
Vous êtes au bout du rouleau, cela vous stresse, pour récupérer, utilisez donc la Kalimba des "kabinets". 





La ruée vers l'ouest !
La "Sanza" (et sa formule en trio  du camerounais Francis Bebey et ses deux fils).
La "Zanzu", le "Sansu", la "Sansula", le "M'bira", le "M'bila", le "Likembé" ougandais du regretté Geofray Oryema, le "Likembé géant" d'antoine Moundanda).
Le "Lukumé" dit le "loukoumé délicieux" !

Afrique du Sud : la Kalimba et le Karimba, Karimbao. Et c'est pas tout un peu partout :
Le "Nyanga-nyanga", le "Nahre", le "Mélembé", le "Okeme".

Les pygmés du Congo, "Akas ou Bakas" sont plutôt attirés par les voix, le yodel, leurs polyphonies sont riches en éléments rythmiques !

Chaque village a son griot qui invente son modèle de piano à pouce pour mettre son lieu de vie en valeur !!
"Tous les hommes sont nés de la même sanza !!!
Francis Bebey 

La Kalimba musicothérapie encourage la créativité, développe la cohésion du groupe et amplifie la communication.

Le saviez-vous ?
Hopopop la Kalimba est popu et pop !
Au début de l'album "Space Oddity" (1969), une kalimba est jouée par David Bowie.

Finissons avec quelques applications !
Le joli son ambianceur de la Kalimba facilite la relaxation.

Allongé sur le dos :
La Kalimba est placée sur différentes parties du corps. Le kiné masseur cherche un endroit plus tendu à détendre, le patient se concentre sur les vibrations qui se promènent sur le thorax et l'abdomen.
Sur le ventre :
Même topo, juste placer le piano à pouce sur le dos du patient. Les vibrations massent la colonne vertébrale et les muscles associés.
Eviter d'inviter le "kiné Luchini" ki parle trop, kiné pas bon pour la détente.

Illustrations : Ce sont des mini-kalimbas pour commencer la pratique de l'instrument, cela peut être bien ou pas (on se sent un peu limité).
 
Namasté !




jeudi 5 mai 2022

"Guitare à lunettes"

Histoire d'y voir un peu plus "Claire" (FB).

Un jour de 1986, j'ai passé un bon moment ... à discuter avec le guitariste classique éclectique et chic, l'excellent Roland Dyens. Curieux précieux, farceur à l'humour ravageur, polyglotte célébrant la langue rigolote (calembours pas trop lourds, jeux de mots d'aimants, mot-valise qui ne se fait pas la malle, qui ne cultive pas le mal, qui fait kiffer et voyager). 

- Faudrait que vous composiez une musique de danse hein Dyens (danse indienne tss !).
- Peut-être l'ai-je déjà fait, avec le morceau qui se nOMme "Libra sonatine India".
- Ah ! oui, c'est vrai !!
Pourriez-vous me signer ce 33 tours consacré à Villa-lobos, je me régale à chaque écoute de ces préludes. Ils sont irresistibles.
Il m'écrit et signe !
Je reprend mon vinyle et je lis : tout à fait d'accord !



"C'est ma nature, mes amis savent très bien que pour moi, les mots et les notes sont importants. L'humour a toujours fait partie de ma vie, les jeux de mots aussi.
Mon père en faisait, j'ai été à bonne école là dessus, mes enfants en font aussi. J'aime créer des situations décalées et surréalistes."
Amarcord ((patoi rital : je me souviens) du temps où j'étais prof de guitare à plein temps. En ce temps là, à la question : Quel est votre guitariste préféré ?
Je citais souvent Roland Dyens !

Dans sa musique, il ne racontait pas de FA daise, les notes "Sols d'Ièze" où le "RE glisse", faisaient autant de titre de morceaux. Pendant ce temps là, de mon côté, j'écrivais des phrases avec des notes ! RE MI FA SOL LA SI DO RE (Rémi face au lassi doré, le lassi est une boisson indienne) !!!

Un SI, je quittais mon DO MI SI LA DO RE, (domicile adoré), pour aller voir des concerts déconcertants, avec mes élèves les plus disponibles et motivés !


Les lunettes bizarres vues sur la guitare de l'artiste jouaient un rôle. Dyens m'expliquait qu'il avait trouvé ce stratagème pour déstresser ses élèves les plus émotifs et afin de surprendre les spectateurs en début de concert. C'était une autre façon de voir les choses.
L'hilarité générale rendait de suite l'endroit chaleureux et bienveillant.
Il a bien fait d'en profiter, de rigoler, il est mort d'une tumeur au cerveau à l'âge de 61 ans.

Voilà comme on brise la glace avec classe ; les invités artistes approuvaient que ce soit les brésiliens Villa-lobos, Baden Powell, les époques du baroque au rock, passant de Black à Bach, les classiques Rodrigo, Sor, les jazzmen Monk, Dizzy Gillespie (son arrangement de "A night in Tunisia", clin d'oeil à son origine tunisienne ?), le gitan Django (en Romanie, Django signifie : "Je m'éveille !" après avoir plané, l'esthète dans les nuages), les chansons françaises et sa belle reprise de "Syracuse"...

Ecoutez voir l'histoire, voici le Mulla Nasr Eddin ! Continuons le voyage. Larguons les amarres et blagons y'en a marre !!

"Nasr Eddin est invité par le sultan Tamerlan. Ce soir là, le sultan demande à Nasreddin :
- As-tu des visions ?
- Pardi pardieu, j'en suis comblé à chaque instant, répont-il.
Eh bien, repris Tamerlan :
- Dis moi ce que tu es en train de voir et si tu ne vois rien alors je te ferais couper la tête sur le champ !
- Je vois des ailes de feux battre les cieux, je vois à la place du soleil, un trône de diamants porté par quatres lions d'or, je vois des ruisseaux de lait coulant intarissable des nues. Je vois ...
Quelles extraordinaires visions !!
Oh ! si riche derviche, comment fais-tu pour franchir l'apparence des choses, quels efforts à faire pour arriver à un tel point de sagesse !
- Il n'y a aucun effort à faire, la peur suffit ! Rétorque NasrEddin."

Bon vent ! bonne santé !!!

Yamasté !!