mardi 15 septembre 2020

"Tweeter : bhaut-parleur"

Du moine au moineau !
"Un moineau parle :
Je suis une mie de pain dans la barbe du Christ ...
... Un rouge-gorge parle :
Je suis une tâche de vin sur la chemise du christ,
un éclat de son rire au retour du printemps." ...
Christian Bobin "Le très bas"

L'autre jour, en plein dîner, une famille curieuse de la rue des pinsons observe un oiseau inconnu, drôlement coloré avec de surcroît un trait jaune très joli sur chaque aile !
Amusant, ce volatile flottant dans le cosmos, flirtant avec le tournesol en ayant l'air de nous dire : prenez-en de la graine.
Comme d'habitude en de pareilles circonstances, l'assemblée des ignares bavards pose son regard sur l'érudit ravi et demande : quel est donc cet oiseau si beau ?
En règle générale, il donne la réponse puis se lance dans un exposé savant mais là, pour une fois, il reste coi.
Il décide de mener son enquête ("comme ça nous mourrons moins bête, mais nous mourrons quand même", dit-il, en imitant la voix de François Morel).
Le voici, le voilà (non pas Morel mais le Chardonneret élégant) :




Dans la catégorie petite taille, j'ai découvert, un collègue "poids plume" (15 grammes) pour l'accenteur mouchet et le troglodyte mignon. Il s'agit du chardonneret élégant.
Il aime se poser sur les chardons, de là vient son nom. Il est gracieux et il ondule dans les airs !

Au niveau du chant, il se situe entre les deux espèces cités.
L'accenteur mouchet, dit le "traîne-buisson" a un chant proche du troglodyte mais sans les trilles avec ses phrases courtes, aigues, répétées rapido donnant l'impression qu'il conte. Le  mignon troglodyte, fait sortir de son syrinx des sons puissants forcément comprimés vu sa taille.
Par chez nous, le chardonneret est plutôt discret, il chante et donne à entendre d'exquis gazouillis fluides avec ses "didelitt" et ses "sticlitt".
Ceux de Tunisie sont réputés mais sont privés de liberté !
A cause du trafic d'oiseaux, des "bracos crados", cette espèce est en voie de disparition !

... "Et tous et toutes ainsi pépient et chantent et viennent connaître la vérité de leur chant auprès de François d'Assise, près de l'homme-arbre, de l'homme-fleur, de l'homme-vent, de l'homme-terre."

"Tweet à St Tropez" : titouit, tea-tweet, do it, do it ....
J'expose mon nouveau vélo à assistance électrique dans mon jardin, du coup, il sert aussi de perchoir aux oiseaux. Lorsque c'est l'heure de l'apéro (juste après celle de l'opéra), les mésanges se mélangent, dansent puis épuisées, se posent.
Le rouge-gorge trouve qu'elles abusent, qu'elles s'imposent alors il fait le ménage.
Le manège se désagrège et déménage soit vers la piscine (simple soucoupe volante qui "va à vole-eau") pour s'ébrouer, soit vers les mobiles de jardin ou vers les si volubiles cosmos pour tester son équilibre !
Et tout ça en tweetant, en chantant.
Les réseaux zozios sont simples et rigolos si l'on fait travailler ses petites cellules grises.
Avec des mots-valises, on peut voyager loin !
Par exemple, on peut imaginer un "colibrius", drôle d'oiseau jouant du "roucoulélé", cette fameuse petite guitare hawaïenne imitant le chant des tourterelles !




Basho, poète, peintre et moine bouddhiste a été le premier à transformer le renga (né de joutes verbales souvent triviales, grivoises, genre de "haï-cul") médiéval en poésie subtile (le haïku, prononcé "haïkou").
Le portrait est signé kinkoku !

Conseils et haïkus de Basho :
"Limite-toi à la poésie,
ne perd pas de temps en propos futiles.
Si la conversation s'égare, somnole pour économiser ta force créatrice."
Dans les "Bhaut-Parleurs", ça gazouille, ça fouille et ça farfouille, ça piaille du haïkaï en pagaille !! :
"Sous la pluie d'été
raccourcissent,
les pattes du héron !"
"Dans la lande,
je dirige mon cheval,
vers le chant des oiseaux."
"L'âme du saule pleureur
devient celle du rossignol 
dans son sommeil."

Look book shoot plouc ! 
Depuis peu, je découvre le réseau social Face-Book.
Dans ce "livre du visage", on pourrait penser que ça manque de sagesse, de réflexion, mais on trouve de tout, de l'intéressant comme du pitoyable !

Chose promise, chose due, voici la suite Face-book !
Revenons donc à mon commentaire sur une photo de mon ami Dominique Bertrand (imaginer un escalier étroit, en colimaçon, dont les marches sont colorées, on dirait de la moquette kitsch).

Non, le dessin qui suit n'illustre pas vraiment mon propos. Mais il est bien intéressant quand même, il est signé par M.C Escher, spécialiste de l'illusion d'optique !!





Rappel de mon commentaire "Face-book" :

Esprit d'escalier,
mot-quête colorée,
manque de répartie,
répliques en repli.
"Lazy"

Ou ?

Esprit d'ascenseur
envoie de toutes les couleurs.
Esprit vif et farceur,
rebondit le "Cole Porter" !
"Jazzy"

Certains ont le cerveau lent (qui ne fonctionne que les jours de grands vents), d'autres l'esprit vif toujours actif !




"L'homme sensible comme moi, tout entier à ce qu'on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu'au bas de l'escalier."
Diderot
L'expression trouve son origine dans cette phrase de Diderot.
Dans une discussion, il ne répondait pas toujours du tac au tac.
Au niveau du tempo, il était à côté de la plaque (les vifs et malins malintentionnés avaient le temps de se moquer de lui).
Au fait, le chat qui vient vers nous, il monte ou il descend ?
Il prend l'ascenseur ou l'escalier ?



Du (Claude) Moine au ... moineau, gare à toi, v'là l'chat Yves Montand qui descend ...
Gare à vous les frimeurs flamboyants, "les chats sauvages", "les Josettes noires", les "Jaunis à l'idée" ... 
Voici un virelangue, à dire à toute berzingue tout en articulant bien, sans pause, répéter x fois ...
 "Suite sweet tweets tristes, twist guide dick, choc tactique tacotac chic, tchatche cha cha cha tchat chat" ...

Twist Yoga danse :
Rotation du bassin puis des jambes avec flexion des genoux et torsion du tronc (Jacques) !
Bref, faire comme si on s'essuyait les fesses (book) avec une serviette de bain tout en écrasant une cigarette avec le pied ou plus simplement tortiller du cul en se tordant la cheville ou twitter sur Tweeter !!
Bon vent et à la revoyure.
Yamasté !!!

mardi 1 septembre 2020

"Chère Claire Bretécher"

Petit hommage à Claire Bretécher, décédée cette année.
C'était une femme décidée, libérée et décalée, indépendante, poilante et désopilante ...
Elle mettait à poil la société.



Le "super fête à Thouars" ("superfetatoire" vient du latin superfetare : ajouter) "Stufaissoir" avec un "rendève" déjà prévu est superflu !
En 1988, elle crée des personnages pour la série "Agrippine" : Moonlight Mollard, Persil Wagonet, Melfred Potetoze, Mélopée Legroin, Chlorine Bankent, Bergère Leprince, Caresse Benchemoul, Moderne Mesclin, Psyché Chia, Canaan Linchbenj qui parleraient ça comme (avec parfois un "che" sur la langue) de la mort de leur créatrice :
"Ca faich vraimench, bien loin de m'en peigner le cresson en full contrôle tantrique.
Asteure, ça me trousse velu !
Ca faiche, sans mythoner (mentir), il y a de quoi "prendre vapeur" (s'émouvoir), ça me troue (sidère), ça me "prend remous !"
Depuis cette mauvaise nouvelle, je suis vraiment friable !!
- Tu as compris ?
- De quoi tu taukebout ?
- Je m'esclave à te le dire et toi tu t'en peigne le cresson !

"Quand on fait de la BD, on mène une vie d'escargot."
Bretécher




A sa table à destin, Bretécher, croqueuse de personnages avachis ou agités, révèle les tics du moment, relève les travers de l'époque opaque.
Son trait graphique vif, inventif, innovant, insolent illustre parfaitement les adulescents lassants, les frustrés sentencieux, les ados torturés, les adultes butés ...
Son langage décalé, sa tournure d'esprit, son sens de la formule, ses néologismes jubilatoires ont donné de nombreux mots inventés, détournés.
Bretécher a crée un argot d'aujourd'hui, un jargon expressif. Elle a décortiqué le vocabulaire avec ses mots tordus et "tordants" !
On peut louer aussi ses raccourcis, son sens du dialogue. Elle se penche sur ce qui nous plait, elle panse nos plaies. Telle une "bobologue" du lexique, elle joue avec nos maux en créant des jeux de mots nouveaux, des néologismes facétieux.
Cette belle dame (sa moue moqueuse, son sourire ironique, son regard magnétique), à l'âme jolie, à la langue fleurie, "envoyait le pâté" !




Elle aimait écouter Terry Riley et Arvo Part, alors après avoir lu ce message allez donc retrouver votre chaine hifi et posez sur la platine le roi de la musique planante répétitive et celui de la musique minimaliste sacrée, et écoutez religieusement.
Cela crée des liens et ça fait du bien !!!
- C'est "Claire" !
"Il n'y a rien à dire d'elle que son nom, et son nom dit ce qu'elle est, ce qu'elle donne : Claire, Clairière, claire-voie, clairvoyant, éclair, éclaircie ..."
Chritian Bobin ("Le très-bas") décrivant la femme de Saint François d'Assise.


-"Quel antidépresseur manges-tu ces jours ci ?
- De la rigoloft. Une vraie daube. Zéro. Nul. Caca !
- Mais enfin, demande à ton psychiatre d'en changer.
- Impossible, les effets indésirables me font trop de bien."
"Agrippine déconfite"



Je me souviens de mes années BD, les "seventises" que j'ai dévoré comme des smartises ! Ses "gnan-gnan", ses "frustrés", te développaient le sens critique.
Sa "Cellulite" (un de ses personnages du moyen-âge) ne te faisais pas grossir mais te grandissait l'imaginaire et le vocabulaire.
J'ai aussi en mémoire un dialogue entre elle et Pivot dans son émission "Apostrophe" :
- "Pourquoi vous moquez-vous du féminisme ?
- "Parce qu'à un moment, j'en ai eu marre, les feministes sont devenues dogmatiques et ennuyeuses."
En 1972, elle crée avec ses potes de "Pilote" (Gotlib et Mandryka) "l'écho des savanes" (des "ça vanne ?").

"Ode à Claire Bretécher"

"L'eau claire de ses yeux
nous fait chanter.
Son nez fin et grâcieux,
nous fait rêver ...

Ses cheveux doux et blonds
nous éblouissent ...
Son sein joli et rond
est un poème ...

Alors pourquoi ? ... pourquoi ?
(Que Dieu nous perde)
Dessine t-elle si bien que ça ?
Elle nous emmerde !"

Gotlib

Mandrika est russe d'origine et il adore, lui aussi, inventer des mots (lire "les aventures potagères du Concombre masqué" :
"Badibulguer" : aller de ci de là, berduler, détruire, transformer ! 
"Berduler" : errer sans but (sans détruire, sans transformer).


Allez bon vent !
Salut les frustrés, les gnan-gnan !
"Bretzel liquide", "rendève" vers le 15.09 !
Yamasté !!