mardi 25 décembre 2018

"Le son de Lançon"

Attentat "Charlie", le journaliste Philippe Lançon blessé au bras et surtout au visage est l'un des rescapés du carnage. Il en raconte les faits et les effets dans un livre calme, témoignage sans rage qui décrit l'orage dans une belle douceur :
"Je n'ai aucune colère contre les frères K, je sais qu'ils sont les produits de ce monde ... tout homme qui tue est résumé par son acte et par les morts qui restent étendus autour de moi."

De la douceur contre la douleur :
"Je ne pouvais pas éliminer la violence qui m'avait été faite ... Ce que je pouvais faire en revanche, c'était apprendre à vivre avec, l'apprivoiser, en recherchant, comme disait Kafka, 'le plus de douceurs possibles'. L'hôpital était devenu mon jardin."


"Ecrire, est la meilleure manière de sortir de soi-même."

Et ce qu'il écrit est bouleversant, renversant et éprouvant. Son livre est un exorcisme ultrasensible.
Ses moyens de guérison, ses chemins vers d'autres horizons, il les a trouvés tout naturellement dans l'écriture (chroniques dans Charlie, Libé, ce livre), dans la lecture (Shakespeare, Kafka, Proust) et dans la musique (l'indispensable Bach).

"L'art de la fugue"
Place au "fugue-heurt" :  Philippe part dans l'art et Lançon dans le son !
"Hossein a installé le CD dans un lecteur. Tandis qu'on désinfectait et anesthésiait la cuisse droite, les premières notes, si lentes, du premier contrepoint sont passées entre les bonnets des infirmières pour entrer une à une, comme les gouttes d'un début de pluie, dans l'oreille. Ré, la, fa, ré, do dièse, ré, mi, fa, sol, fa, mi, ré. C'était une musique d'hiver, c'était l'hiver, ma vie était en hiver.
Le son du vieil enregistrement se déposait sur la salle et sur mon corps. J'ai senti les piqûres et me suis concentré sur la musique de cet homme, Bach, dont j'avais chaque jour un peu plus l'impression qu'il m'avait sauvé la vie.
Comme chez Kafka, la puissance rejoignait la modestie, mais ce n'était pas la culpabilité qui l'animait : c'était la confiance en un dieu qui donnait à ce caractère coléreux le génie et la paix. Hossein a approché le dermatome de la cuisse, j'ai fermé les yeux et cherché à entrer dans la fugue qui développait maintenant ses différentes lignes en obtenant ce miracle : plus c'était complexe, plus ça me simplifiait."

Dans nos vies, lorsque ça déconne, écoutons donc la "Chaconne".
"Dans l'après-midi, Gabriel, un ami violoniste, membre du Quatuor Thymos, vient jouer dans la chambre la Chaconne de Bach ... Gabriel suit la partition en remontant lentement jusqu'à la tête du lit ... Bach résonne presque sauvagement dans le silence de la chambre et du service ... Tous les sentiments, toutes les émotions défilent dans la Chaconne : Gabriel les communique tantôt un par un, tantôt ensemble ...
Pendant quelques minutes, j'ai l'impression que je n'ai survécu que pour être là."




"Variations Goldberg" recentrent et rassemblent.
Au bloc on n'écoute pas de rock mais plutôt du "Bach'oque" (prononcé à l'allemande "Baroque") qui traque l'angoisse et la troque contre de l'énergie vitale !
En plus, on ne choisit pas de l'oeuvrette d'opérette, de la zizique de pacotille ou de la muzak qui rend patraque mais plutôt de la haute qualité, du millésimé, du premium miam-miam, du grand luxe épatant avec ce chef-d'oeuvre :
"Je suis descendu au bloc avec le CD des Variations Goldberg, jouées par Wilhelm Kempff. Nathalie l'a mis et l'opération a commencé.
Je sentais ma lèvre partir vers la droite, j'avais l'impression qu'on me déformait le visage entier. La légèreté de l'interprétation de Kempff, sa clarté intérieure sans tragique, luttait contre la fixation des points de suture avec une efficacité que n'aurait pas eue, je crois, l'interprétation de Glenn Gould. Elle appliquait une gaze sur la chair et l'esprit."



Avec sa mâchoire et sa lèvre abîmées, le jeu de vire-langue suivant ... :
"Wilhelm Kempff cite Nietzsche" (à dire vite et plusieurs fois de suite) !
... ne devait pas faire rire "Lançon le son qu'il faut face au sot" !
De toute manière, comme disait Françoise Sagan :
"Les gens vraiment intelligents ne sont pas méchants."
Allez, passez le Bach d'abord et on verra ensuite. Bon vent !
Yamasté !!!

samedi 8 décembre 2018

"VIP RIP (vieil hippie reste en paix)"

"D'heure en heure,
l'apiculteur se meurt.
Il a eu son heure,
il a fait son beurre.
Api apiculteur !"
Bashung et Fauque


Cela a eu lieu cet automne :
Mort du journaliste Philippe Gildas (82 ans), le phare breton de "l''infotainment" (l'info présentée sans se prendre au sérieux) sur la chaîne "Canal plus".
"La vie passe et la mort c'est dégueulasse !", déclarait Gildas la classe !
Ses dernières volontés (citées de mémoire) :
"Quand je serai mort, je serais d'accord pour que l'on m'incinère, comme un nain connu. Puis on dispersera mes cendres un peu partout au hasard et en rigolant !
Formidable !"
Il était contre la retraite et contre la mort (qu'il trouvait inhumaine) !
Sur la chaîne Canal plus, il était incontournable, éloquent et d'un autre temps. Il n'avait pas besoin d'avoir la tchatche d'un coach en speech sur la pèche!
1987-1997, pendant une décennie déchaînée, il a permis à de nombreux talents de s'exprimer :
Les Nuls, les Deschiens, les Guignols, le Zapping, Groland, Karl Zéro, Poelvoorde, Bonaldi, Vandel, Chalumeau, Wizman, Berroyer, Algoud, Garcia, Gaccio, Coluche, Antoine De Caunes ...
On a ri tellement à tant de moments vraiment hilarants, à tant de "pignolades", de poilades, de gaffes, de baffes, de traits d'humour, de calembours, de moqueries, de parodies, d'idioties, de "pignouferies", de conneries, d'excentricités, de trucs osés et insensés, d'absurdités, de paillardises, de grosses bêtises et de hautes sottises que l'on ne peut que lui dire merci !



"Deux dames âgées discutent :
- Et votre mari, toujours mort ?"
Satané Stan Lee ! Comics tristes !!
Mort de Stan Lee, le père de Spiderman. Au paradis, le roi des super héros est appelé à régner. Là haut, tissera t-il sa toile ?
Il meurt à l'âge de 95 ans. Quand on a des super pouvoirs, on meurt super tard !
Ado, je lisais sa prose dans le magazine "Strange" !
A l'époque, dans un autre genre, j'allais aussi voir les films d'un super karatéka qui cassait des briques et brisait des os en faisant de petits cris d'animaux, il avait le même nom (prénom Bruce) !
Lui aussi travaillait dans les acrobaties et la justice, c'était un ovni qui gagnait à tous les "nunchakus".
Les héros des éditions Marvel , malgré leurs forces restaient humains (avec leurs faiblesses, complexes, détresses qui pouvaient laisser perplexe).
Il avaient pour noms :
Spiderman, Iron man, Xmen, Hulk, Thor, Black panther, Avengers, Daredevil, Captain America, Ant man, Doctor Strange, Captain Marvel, Silver Surfer, Stan the man ... non, ça c'est le surnom qu'il se donnait !




Le saviez-vous ? : on est tout petit. Terrien, t'es rien et si en plus t'es pas humain et pas concerné alors ...
Dans notre galaxie, il y a entre 100 et 150 milliards de planètes et dans l'univers, on trouve entre 100 et 150 milliards de galaxies !
... témoin que rien !

"Charlie lambeau"
Dommage qu'ils n'aient pas eu de super pouvoirs marveleux,  mes amis rigolos de "Charlie hebdo" !
Je suis en train de lire le passionnant et si émouvant livre de Philippe Lançon (rescapé de l'attentat du 7 Janvier 2015) : "Le lambeau".
Moins d'un an avant, mourrait Cavanna :
"Je n'ai raté aucune de ses dernières chroniques, de plus en plus brèves, où il contait avec rage et humour son Parkinson et son déclin.
Un jour, Charb me dit avec un sourire réjoui : "encore une chronique qui déménage. Il écrira jusqu'au bout, il ne va rien nous épargner et tu verras qu'il continuera encore au fond du trou, qu'il nous parlera de la vie des asticots."
A propos de trou, les scientifiques annoncent le retour du trou de la couche d'ozone, cette dernière s'était refaite une petite santé et va contribuer à nous exterminer.
Ce sont les asticots qui vont être content !


"Mulla Nasreddin toujours aussi paresseux, passe son temps à ne rien faire.
Un ami passe le voir et lui dit :
- Qu'est-ce que tu fais en ce moment ?
- Je cherche le moyen de ne pas mourir, répond le mulla !
- Et ça marche ?
- Jusqu'à maintenant, oui !!!"



Vers la fin du cacapitalisme ?
Contre les casseurs de manif "Gilles et John", "Macaron marron" oppose les "Brigades du Tigre" (police organisée par Clémenceau, dit "le tigre" en 1907) !!
Je suis pour l'écho logique pacifique et contre les causeurs de troubles, les casseurs, les censeurs auto-ritaires. Je suis mon petit bonhomme de chemin avec mon esprit de yogi gandhi kiri !

Voilà, pliez vous en deux, riez aux larmes (c'est bon pour les yeux), étirez vos zygomatiques, mourrez de rire puis prenez la posture de circonstance : Savasana (le "cadavre" est la posture de relaxation) car tout cela, c'est aussi du yoga !
Yamasté !!

Crédits dessin : 
Glen Baxter, Steve Ditko (Spider-man) et Cabu !