vendredi 20 avril 2018

"Higelin l'enchanteur"


Décès de Jacques Higelin.
"Alertez les bébés", Higelin l'enchanteur est mort.
- Natif de la Balance, n'y avait il pas deux Higelin ?
- Pour sûr l'Arthur, l'un était provocateur, rocker moqueur et l'autre, nonchalant, poète prenant son temps ("Poil dans la main").
"La mort est le berceau de la vie."
1 D CD ... 2 Jacques Higel'1 (BBH 75) :




"Chaud chaud bizness show" !
Il avait plusieurs cordes à son art. Il s'amusait de tout et jouait avec son corps longiligne, souple, d'échalas, de chat déjà là dès le départ en fanfare de sa vie professionnelle (cascades, contorsions, expressions corporelles).
Non seulement il avait la souplesse d'un félin, mais en plus, il avait un chat dans la gorge qu'il n'hésitait pas à montrer en chantant à gorge déployée !
Bateleur batteur, équilibriste libre comme l'air, libertaire libre-penseur, un peu perché décalé ("tombé du ciel", "tête en l'air"), il excellait dans l'art de la scène.
Lorsque le chatoyant chat miaulait, éructait, criait ou chantonnait, susurrait, ronronnait sans gêne, on pouvait assister à un concert extatique et élastique (parfois, selon certains, ce temps scénique si unique pouvait s'étirer jusqu'à l'aube).
"Arrêtez de dire des conneries, faites-les !"
Je ne peux rien dire sur ses concerts fleuves et nocturnes puisque la seule fois où j'ai pu le voir, c'est au printemps 1975, lors d'un "concert Fnac" pour une durée de moins d'une heure en fin d'aprem.
Mes potes et moi découvrions l'olibrius félin Higelin en pantalon panthère, accompagné de Louis Bertignac (futur membre du groupe "Téléphone") à la guitare et des deux autres "B" (Bennaroch et Boissezon, batteur et bassiste, coauteurs de l'alboum "BBH 75").
"Boum !" quand le rocker fait "Boum", notre chœur d'ados en rando parisienne fait "Boum boum". D'emblée, sans Trénet, ce fou chantant traverse l'Atlantique et se laisse porter par l'énergie du blues répétitif de John Lee Hooker ("Boom boom") !
L'enchanteur nous ballade de "Paris-New-York" à "New-York-Paris", mais cela ne va pas assez vite pour elle alors "Mona Lisa klaxonne", c'est "l'Boxon", ousque tous les paumés vont ... faire de "l'Oesophage boogie, cardiac blues" ?
"Ma devise : la vie est dure, il manquerait plus qu'elle soit molle."



Dansons ... pantalon panthère, le félin en colère, virevolte, saute, bondit puis rebondit en cadence. Il est en même temps sauteur et cascadeur et nous sommes là tout près et prêts à voir le chat hanté  déjanté s'étaler sur son public conquis. Mais le chanteur chahuteur ne se veut ni casse-cou ni casse-pied, même si :
"Ceux qui ont peur de la mort, ont souvent peur de vivre. Ils respirent prudemment en attendant la fin."
L'animal qui s'anime bien, est il un tombeur, un sauteur, un "trampolineur" ou bien un spécialiste du dérapage contrôlé ?
Hop popop ! on reste "hoptimistes" et sans s'angoisser, on prend notre pied !
L'heure du chat amène de la chaleur, progressivement les artistes chauffent la salle en créant une ambiance punk rock (voix rauque d'Higelin, son crade des guitares).
Mais le "balance" assure et rassure, ça sature sans que ça tire sur les nerfs, c'est fort sans abîmer les tympans et au final, l'épatant rockeur d'Artie Shaw te réchauffe le coeur (Artie Shaw était un clarinettiste et chef d'orchestre de jazz swing, Higelin, mâcheur de "swing-gum", à cette époque joue rock et met la gomme).
Et puis le tempo ralentit, c'est le temps de fumer la clope qu'on a coincée sur le haut du manche de guitare, Higelin en profite pour déclarer sa flamme (de briquet) et sa flemme (slow blues) :
"Je suis amoureux d'une cigarette, toute la sainte journée, elle me colle au bec. Elle a la rondeur d'un sein qu'on suce ou qu'on tête ... Et Suzy, va donc me chercher un paquet de gris ... " !
A chaque chanson, le fantastique fantaisiste, fantasque et foutraque, vise juste ("Est ce que ma guitare est un fusil ?"), fait mouche ("Une mouche sur ma bouche") et nous, pardi, on reste bouche bée, c'est par ici le paradis à Paris !
Après ça, il ne nous reste plus qu'à acheter le "paradisque", ça tombe bien, on est à la Fnac Montparnasse. Chacun paye sa galette de vinyle contant des histoires de vies nulles et on repart dans nos pénates, à Aulnay, ville de banlieue (93) aux perdants magnifiques si bien décris par le grand frère Jacques !!!
En 75, Aulnay était une ville communiste, le jour printanier et piétonnier du premier mai, on manifestait en disant haut et fort "des sous, pas des sous-marins". Ensuite, après l'effort, était offert un concert de "Catherine Ribeiro plus Alpes", j'y étais et j'ai adoré !!
A l'aise dans mon 93, j'imaginais le groupe "BBH 93" composé de bob Bigny bébert Ballanger
(maire d'Aulnay) et jackie Higelin !

Et puis, il y a Higelautre ...
A suivre, d'ici là, portez vous bien.
Namasté !

Citations : Higelin.

Et le temps passe comme il sait si bien faire, en 2012 les Higelin refont le trajet aller-retour "Paris-New-York" à leur façon. Tiens, revoilà la Tour Montparnasse (dans les paroles et dans ma mémoire), il en a du en user des godasses avec ses "semelles de vent", cet as du cocasse et des chansons classes qui décrassent l'esprit et débarrassent la tête du stress ambiant !




dimanche 1 avril 2018

"Arbres à cadabra"

"Quel abatis se fait quand le chêne est à terre."
Proverbe italien
"Arbracadabra et voilà !"
Pour cause de changement d'aire (vente d'une partie de notre terrain boisé), le "trio du trois bis" (rue des pinsons), commence une nouvelle ère de vie, de devis et de vide.
Le terrain réduit va demander moins d'entretien. De la taille, de la tonte en moins, c'est plus de temps pour entretenir ... l'amitié avec nos potes "nouveaux voisins".
M'enfin, c'est notre choix, étant réticent, j'avais donné mes conditions : j'accepte la vente seulement si les acheteurs sont des amis. Un jour, j'en parle à l'amie Jackie qui réfléchit, le lendemain, elle me dit "oui" et depuis, tout n'est qu'harmonie.
"Toute la vie est une affaire de choix. Cela commence par la tétine ou le téton ? Et cela s'achève par : le chêne ou le sapin ?"
Pierre Desproges
Pour éviter la déprime, je fais le choix de la joie !
En ce moment, on fait un retour sur "Mai 68", dans le poste radio, une nana libérée "sexprime" et on entend ceci :
"Et le clitoris, c'est fait pour les chiens !!!"
C'est extrait du film "La parenthèse enchantée" et c'est "tes skis" !
- T'es sûr de ton orthographe ?
... Si ça se trouve, c'est de l'humour psy lacanien, genre :
"C'est exquis quand ça glisse au pays des merveilles !".
- Désolé pour ces fautes non feintes, pour ces "orthogaffes", je mérite bien des "bof !", des baffes mais toi, qui en a dans le buffet, que fais tu lorsque l'angoisse te bouffe ?
- Lorsque cela m'arrive, j'ai toujours à ma disposition un Devos à ronger !
Hume, c'est du belge :
"Lorsqu'un chêne sent le sapin, il sait que sa dernière heure est arrivée."
Devos



"Sable émouvant"
De ma baie vitrée, je ne vois plus les dix arbres disparus qui, avec les cinq restant formaient un petit bois touffu et tout fou (et étouffant m'avais dit un jour une amie).
Par respect pour tout ces fûts tronçonnés, ces souches arrachées, j'éviterai de dire que je suis abattu, effondré.
Dans ma caboche amochée, je préfère éviter de me faire du cinoche "déchêné", genre film Dard et décès tristounet, je laisse la parole à Frédéric :
"Je me croyais chêne, je n'étais que gland."
Frédéric Dard
Après le zigomar rigolard et sans fard mais non sans dard (qui se piquait d'auto-dérision), voici le poète épatant et fin Christian Bobin :
"Le chêne clair de ton cercueil est depuis quinze ans sur des tréteaux dans une allée de mon cerveau. Des anges lui jettent des pelletées de lumière."



... - Et puis, sans tous ces arbres, ça va te faire beaucoup plus de lumière, me dit Walter Eko.
- T'as pas tort, c'est sûr, on y verra plus clair mais pour le moment, le vide est cyprès ;;;
- Encore une faute d'orthogaffe, fait graphe !
- Comme dit le pouèt poète :
"Un seul hêtre vous manque et tout est ... des peupliers !"
- Et puis, t'auras plus de soleil, sans tous ces arbres.
- Oui, ben en ce moment, le soleil sommeille.
Il pleut comme vache qui pisse, il tombe des hallebardes !
Alors le terrain nu se transforme en parc à flaques, c'est la gadoue, ça fait "floc floc" quand on marche dans la boue et "plic plac ploc" lorsqu'on écoute le son des gouttes qui tombent dans tous ces petits lacs !
Des fois, on entend l'âme des arbres chanter :
"Thuya pécher houx ... Sureau cyprès, pin des landes, palissandre, mélèze tremble, tremble hêtre noyer ..."
C'est l'une des chansons de Steve Waring que je préfère.
Tiens, un autre poète vient visiter le blog :
"Et tenez vous ensemble, mais pas trop proches non plus, comme les piliers du temple se tenaient à distance, le chêne et le cyprès ne croissent pas à l'ombre l'un de l'autre."
Khalil Gibran




Voilà, le poumon de la rue des pinsons a pris un sacré coup dans l'aile. Le "Trois bis" ne sauvera pas la planète et les oiseaux vont disparaître. En France, le nombre des oiseaux a chuté de 30 %  en quinze ans.
Le terrain nu a l'air plus vaste (après avoir été dévasté) mais je me sens plus proche de la rue.
Tout change, tout chant touchant enchante ! alors je chante souvent le mantra du changement "Sa ta na ma".

Notre allée boisée, sinueuse et si jolie, disparaît et bientôt une nouvelle, toute droite, prendra place et fera face à l'impasse des colibris.
Le colibri est un oiseau tout petit, qui a de l'appétit et qui aime la vie riche en coloris. Il est peu bavard, pas aigri et "fait sa part" le colibri. Fidèle en conviction, peut-être pas toujours en amour (parfois les oiseaux sont volages), il n'aime pas les disputes et quand on l'entend chanter, c'est sur un air de "Ramon Pipin" (le guitariste du groupe "Au bonheur des dames", entre autre) :
"Tu me fais des salades en disant que je ne suis pas fidèle, mais toi, l'es-tu ?"



Et toi, Katie, amie yogini, belle rebelle belge, dis nous en wallon cette phrase ambiance "Les vices scaroles" !!
- Et bien, chez moi une fois, cela donnerait plutôt comme ça :
"Arrêtons de faire des contes, on a un œuf à peler tout les deux, mon Yanneke !"
"T'as raison, amie Katieeke, halte aux carabistouilles, évitons la bisbrouille, rendez-vous à l'estaminet "Lestaminette tranquille" pour boire la jatte de la réconciliation !

Allez bon vent, bonne pluie !
Namasté !!

P.S DC : Le pote épatant, grand par la taille et le talent, Christophe Salengro, vient de mourir. Ce "mystère qui étonne" d'ici et de Groland, était prince sans rire et président de présipoté.
Il était parfois décalé, maladroit ou distrait.
Je me souviens de lui dans "Hara-kiri", dans les spectacles chorégraphiés par le génial Decouflé et bien sûr avec ses amis Moustic, Delépine et Kervern sur "Canal plus".

Crédits dessins : Glen Baxter et Geluck !