vendredi 27 mars 2015

"L'ami d'Annie"


"Voici l'histoire si bizarre, voici l'histoire d'l'ami d'Annie.
L'ami d'Annie n'a pas de wapiti, pas d'kiwi,
pas d'lama, pas d'ibis, pas d'aras, ni d'chat ni d'rat."
Alain Gibert

C'était dans l' temps d'antan, au temps où nous vivions dans le "Neuf-Trois", à Aulnay-sous-Bois. C'était en Septembre 1990, le "Y.A.M" (YogAtelierMusical) accueillait ses premiers participants : des mamans avec leurs enfants. Les gamins n'étaient plus des nourrissons mais dans cet atelier d'Eveil Musical, ils étaient nourris de sons. C'est là que j'ai rencontré Annie ...
Ambiance nostalgie, je surfe sur la toile, direction "Qu'est donc devenue l'amie Annie ?"

Je ne l'avais plus vu depuis  2007. A l'époque, à Aulnay-aux-abois (2005 : émeutes dans son secteur le nord d'Aulnay, les cités excitées s'embrasent) elle était enseignante et vivait des années galères "scolères" et je la retrouve en 2015 "masseur-kinésithérapeute" et responsable de gîtes en Lozère !
Je me dis qu'elle a fini par en avoir marre de ramer à contre-courant, qu'elle a cherché à vivre libre tel l'épicurien bonnard vivant sainement son "Carpe Diem" (jouïr du jour), sans excès (ne pas oublier que l'anagramme de "Carpe Diem" donne : "Ca déprime" !).




Un peu d'étymologie, voyons d'où vient le prénom Annie ?
- Et bien, tu l'a déjà dit, d'Aulnay.
- Oh le niais, le plaisantin, ne sais-tu point, gredin, que le prénom d'Annie vient de l'hébreu "Hannah", qui signifie "la grâce" !
- Ah ! Je n'y entends rien à ton "estime au logis", déjà, rien que le mot, je pige que dalle.
Toi, tu fais l'âne pour avoir du son !
Annie a aussi comme origine la sainte "Anne". Sainte Anne est la mère de Marie et donc la mémé de Jésus. A noter que Marie et Jésus sont nés tous les deux par la grâce du saint esprit.


Quelques bons moments vécus en commun :
En 1993, Tu m'as accueilli dans ta classe "difficile" d'une école primaire "ZEP" du nord d'Aulnay.
C'était ma première conterie musicale avec des marmots de cet âge. Les "marre-mots", tu travaillais à leur donner le goût au langage.
"L'oral est hardi", même pour ces drolles (enfants en patois poitevin) qui ont pourtant la tchatche-catch qui te scotche et la répartie facile. L'écoute des contes était bien au rendez-vous, c'est ainsi que ce jour là, je me suis nourri de bouches bées, de yeux ébaubés (ébahis) et de silences éloquents.
Tu m'as accordé ta confiance, je t'en remercie.





Échange de bons plans.
Le cirque Plume : Le spectacle de "deux heures" fait trois heur'eux.
- Le cirque classique ne casse pas des briques, disais-je.
- Tu as raison, c'est trop lourd. Va donc voir le cirque plume !
Tu nous a emmené voir ces drôles de zigotos, on ne le regrette pas. Au temps de la sieste, il est l'heure d'aller au plume et de se laisser guider par l'imagin'air de ces surprenants poètes acrobates. Enfin du cirque qui respire ... la santé, l'invention et la rigolade !
Annie, c'est un prénom doux qui amène une certaine sympathie, je pense à Annie Fratellini que tu apprécies. En te voyant vivre, avec tes fulgurants fous rires, ponctués d'éloquents "désolée, c'est nerveux !", je me posais cette question :
Laissera t'elle s'épanouir le clown qui est en elle ?
Annie "f'ra t'elle Annie" dans la vie ?
Ou bien un "Docteur Girafe" (un doctueur de maladie qui met des baffes aux douleurs), un clown médecin à sa façon ?




Pas de quatr'heure sans le Quatuor.
Quel est le plus précieux dégoûté ?
A boire et à déguster leurs fameux pastiches, on s'enivre, on s'esclaffe. A voir et à écouter ces épatants musiciens qui s'escriment, virevoltent avec leurs instruments, on se bidonne !
Mort de rire, en comp'annie ... défait, on siffle l'apéro à l'heure de l'opéra et on s'envoie cul sec le pastiche à l'heure de l'apéro !

Le CREAtif actif, à l'Espace Jacques Prévert :
Le 5 à 7 du Trio "Annie-Anne-Yann" !
Ah ! Il nous en aura fait faire des clowneries chantées, cet étonnant Didier Grosjman. Pendant deux ans, une partie des profs d'Aulnay a suivi les cours de "Chant choral pour les enfants",dirigé par le chef de choeur à corps, lui-même.
Avec ses échauffements corporels (respiration anale "Le son vient du bas et monte jusqu'en haut du crâne") et vocaux ("Chantez sans retenue, à en élargir le slip", ses virelangues chantés "C'est un p'tit bonhomme de bois qui mange des patates et pommes de pin"), on ne risquait pas de se faire un claquage des cordes vocales !




Après le dîner, on raconte sa vie au "Bagdad café" !
"The times they are changing" comme "dit l'Anne", après le temps de la formation, voici celui de la transformation :
De ton statut de masseur kiné, en passant par celui de la mère au foyer, de l'enseignante à la directrice d'école, l'amie accueillante de la rue François Massé migre, redevient masseur kiné et se retrouve responsable de gîtes en Lozère !

Voilà, c'était mon message spécial "copinâge" (copinage pour une copine du même âge).
Comme le temps passe, il se fait tard, il faut que je rentre chez moi.
Amie, je te souhaite un soyeux Annieversaire !!!
J'ai pas vu le temps passer, désolé pour le jour de retard (en même temps, le vendredi, c'est le jour où je publie mes petites "Anneries").



vendredi 20 mars 2015

De Cuba à Charb !


"L'humour est le plus court chemin d'un homme à un autre."
Wolinski
"Trois portraits", suite et fin de l'hommage "Charlie".


"La jungle", dessin du jeune Wolinski (début des année 60).

Wolinski, l'homme qui aimait les femmes (ça se voyait dans ses dessins) :
"Wolin", c'est ainsi qu'on le nomme dans la bande à Cavanna. Lorsqu'il entre au journal "Hara-kiri hebdo", il fait dans le genre dessin réaliste, très fouillé avec plein de traits. Cela déplaît au rédac-chef Cavanna qui lui dit :
- C'est trop compliqué, fait plus simple, bon sang !!!
Un jour, au resto avec Cavanna, Wolin gribouille un dessin vite fait sur la nappe en papier.
- Et bien voilà, t'as trouvé. Tu vois, c'est ça le style "Hara-kiri" !


Cabu dessine dans la poche de son manteau, incognito. Wolin, lui, dessine sur les murs de resto, et joue avec la langue avec brio !!!

Alors, il s'y est mis, Wolinski, au dessin vif et spontané. Wolin, pied noir au pied lent (nonchalant), a l'esprit vif et la main habile :
"Le bâclé, j'en ai fait un style."
Effectivement, son dessin est rapide, simple et tout comme Cabu, son trait est léger et volubile. Ses dessins érotiques libèrent, décoincent la société puritaine et cadenassée des années 60-70.
Pour sa part, il adore Topor, est fou de Dubout et trouve Chaval, génial.
Il n'a pas tort et il a un bon goût (rien que du "pas banal" dans ses références).
Et puis, bien sûr, son pote Reiser, mort beaucoup trop tôt (au même âge que Coluche, soit 42 ans), qui faisait souvent la couv' de Charlie.
Afin que les morts vivent encore et nous enrichissent, utilisons leur talent et jouons avec eux. C'est dans cet état d'esprit que je vous dévoile la une du prochain Charlie ...


Et puis, y'a les textes, atypiques eux aussi. J'ai en mémoire ces planches aux dialogues de sourds, surréalistes et absurdes, entre un type mesquin, requin, malsain et un gars gras et lourd dans ses jugements.

Il y a aussi, la richesse de son vocabulaire (une pléthore d'adjectifs donne des phylactères de caractère) et ses aphorismes de qualité, tels :
"L'humoriste est rarement un salaud, souvent, c'est un homme sans illusions."
"L'auto-culture, ça veut dire que je ne lis que ce que j'écris ... alors, plus j'écris des choses intelligentes, plus je dis des choses intelligentes."
"Quand on veut faire le bonheur de l'humanité, il faut commencer par soi-même."


Autoportrait (fin des années 90) de l'homme qui aimait ...

Tignous, trait original !




Tignous, encore un vol-ubile, aérien dans ses dessins dansant, mais l'humour est terrien (c'est ce concret qui l'intéresse). C'est un "repor-terre" convainquant (je l'ai vu défendre intelligemment l'écologie lors d'un débat au salon Marjolaine).
Ses dessins visaient souvent justes, ils étaient humains et faisaient du bien. Nous les classerons donc avec une bonne note sur l'échelle de ... riche-terre !
Son dessin, c'est un dessin de bigleux et aussi, comme son nom l'indique, un dessin de teigneux.
Il t'emmène dans la poésie. Le trait se promène, chaloupé, sensuel.
C'est un trait relâché à la Reiser (tiens un autre penseur réaliste de l'écologie). Les fanas d'écologie aux traits de génie, font ils tous des dessins de yogi ?
"Un dessin réussi prête à réfléchir et à rire."
Tignous



Charb :
"Je ris de ce que je veux, quand je veux."
Après le "bigleux teigneux et heureux", voici le "bigleux extravagant et clairvoyant".
On ne va pas "Reiservé" le si talentueux Reiser au seul Tignous.
Charb, le Reiser du 21 ème siècle, n'a pas froid aux yeux. Il n'a pas non plus la peur au ventre. Il a l'apparence d'un ado mais il est costaud, le dirlo de "Charbie-Abdo" !
Son propos est musclé et sa parole n'est pas muselée, ses personnages ont le nez en pomme de terre et lui, en a gros sur la patate (et sa colère la lui donne).
Il va droit à l'essentiel, il a l'esprit pratique et critique. Son dessin "coup de poing" fait dans le genre court et féroce, c'est un militant anti-limitant, armé de crayons.
Son courageux portable chantait l'appel à la prière avec son fameux "Allah Akbar" !
Si quelqu'un l'avait appelé au moment de l'attentat, les frères "pois chiche" auraient entendu "l'appel allah prière" sortant de son portable et alors ...




"Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris."
Wolinski
C'est Wolinski qui a le mot de la fin ...
Et c'est Charb qui signe le dessin de la fin ... Triste réalité et déprimant destin !





vendredi 13 mars 2015

De Cabu à Cuba !




Hommage aux dessinateurs de "Charlie",  j'ai passé tant de bons moments en leur compagnie. Voici quelques traits d'humour sur les dessinateurs Cabu et Wolinski.

Traits d'union :
Quel étrange destin ont eu ces deux artistes pas tristes du dessin de presse, gourmands pour qui la vie était un festin. Quel mektoub pourri de fin de vie pour ces deux mecs tout bon dans leur passion. Ces deux tempéraments différents, aux parcours si proches, avaient le cœur à rire. Le duo meurt en chœur avec d'autres hommes de valeur (entre autres : Tignous, Charb, Honoré et Maris).

Points communs :
Ils sont de la même génération (nés dans les années 30), font leurs "sévices militaires" pendant deux ans et demi en Algérie, puis rentrent en même temps à Charlie ("Hara-kiri", début 60). Ces dingues de dessin exercent leur talent dans différents journaux, ont la même admiration réciproque pour Cavanna (lui-même baba devant Cabu et Wolin), font tout deux la promotion de Dubout dont ils admirent le talent, adorent voyager (l'un pour croquer l'incongru, l'autre pour gribouiller les bouilles de ses nouveaux amis et pour danser la salsa avec les cubaines).

Point final :
Ils sont assassinés ensemble, au même moment dans les locaux de Charlie-Hebdo !




Cabu :
Regardez-le cet éternel ado rigolo à la tête d'enfant espiègle, rieur farceur, tendre moqueur, véloce féroce qui point ne négocie contre la connerie et en même temps si gentil dans la vie. Ardent défenseur de l'écologie, il faisait sa part, comme tout petit colibri qui se respecte. Ce "colibrius" là,
je me souviens de l'avoir croisé à Paris au marché bio "Raspail" un dimanche matin.
Autre rencontre (plus riche celle-ci) :
Dans les quartiers chics du seizième arrondissement parisien, nous avons devisé sur l'armée et nous avons eu des visées philo sur un monde plus écolo (au "Trocadéro", lire le message du 9.01.2015).
Et puis, une autre fois, nous avons "davisé", c'est à dire échangé des propos sur le jazz en général et Miles Davis en particulier (dans la Maison de la Radio après son "Inter-vention" dans l'émission de Claude Villers "Les Flagrants Délires").
C'est un vrai fan de jazz et de Trenet (tous les matins, il boit un café au Big-band et au "fou chantant").
Après ça, il peut "swinguer" avec sa main, son instrument jazzy à lui, c'est le crayon be-bop. Et là, hopopop ! il en connaît un rayon, du coup, il dessine sans arrêt et partout. Bon, vous avez compris,, il dessine comme il respire. Enfin, il a dessiné jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à ce qu'un barbare l'ai obligé à tirer un trait sur sa vie !



"Ce n'est pas parce que j'ai perdu ma gomme,qu'il faut qu'on me dégomme."

Du coup du sort, passons au coup de crayon, point d'exclamation !!! :
Donc je disais qu'il dessine comme il respire, et il a du souffle, le bougre. En fait, il dessine comme on chante ou comme on joue de la trompette et il a du coffre, l'animal.
Myope comme un taupe, il s'amuse à dessiner à l'aveugle, avec un bout de crayon et un mini bloc à dessin, situé à l'intérieur d'une poche de son manteau.
Il ne s'emmêle jamais les pinceaux, il est toujours gai comme un pinson. Il a le compas dans l'œil et le coup de pinceau qui swingue.
En trois coups de crayon tout est dit.
A tous les coups, il met dans le mille. Pour faire le portrait de l'Emile (ou du Pierre-Paul-Jacques), il est capable de saisir les mille expressions du visage et de le rendre vivant.
L'attrait qu'il a pour l'humain, le trait très juste et son intérêt pour les portraits de gens pris sur le vif, font de lui un redoutable portraitiste.

Tirés à la ligne :
Il va à la pêche au con et son trait de génie fait toujours mouche mais jamais moche.
Il a un super flow (c'est fluide) sans superflu, sans un trait de trop. Ce trait très volubile et son propos profond semblent paraphraser (remplacer la plume par le crayon) Albert Londres :
"Notre métier n'est ni de faire plaisir, ni de donner tort, il est de porter la plume dans la plaie."



Souvent, je me souviens :
De son "Grand Duduche" découvert en 69 dans le journal "Pilote", il avait une dégaine de grand dadais à lunettes, d'élégant dandy dégingandé et un air lunaire qui n'était pas sans me déplaire. Ce faux naïf et vrai malicieux était déjà contestataire et antimilitariste joyeux.
Ce grand échalas maladroit, c'est lui.
Le grand Duduche racontait son époque opaque un peu nunuche !
Ce dadais longiligne la brocardait et moi, jeune gringalet d'une dizaine d'années, à chaque fois que je le lisais, c'était réglé, je me régalais et rigolais à gorge déployée.


De son adjudant Kronenbourg, symbolisant l'armée à la ramasse, la "grande muette" comme une tombe, était alors mise en bière par Cabu.

De son "Mon Beauf" (l'historique à moustache dans "Charlie" et un plus jeune, genre bobo à catogan pour le "Canard enchainé"), facho fâcheux fiché "fait chier" par Cabu qui par ses dessins, nous soulageait de ce sans-gêne sans génie !

De la fille du proviseur et de toutes ses jeunes nénettes mignonettes (dont "les nénés sont placés trop hauts", disait Wolin, spécialiste en croquis craquants de corps féminins, c'est probable mais elles sont adorables, quoi qu'en pense Wolinski, c'est exquis), griffonées puis encrées dans un dessin plutôt farceur de fin observateur.
Alors que Wolin, lui, "grifoufoune" un dessin plus ancré dans sa réalité d'obsédé sexuel !

De ses dessins,dans l'émission de télé "Droit de réponse".
Michel Polac disait de Cabu :
"C'est un poète de l'instant mais aussi un chroniqueur de son temps, qui s'intéresse à tout."


Deux libérateurs moqueurs de corps et de cœur, meurent ...
Deux résistants qui résistaient au temps qui passe, trépassent ...
C'est mon "clin deuil" à ces deux drôles d'oiseaux qu'étaient "Nichons haut" (dans les arbres bios) et "Cuba" (un cigare amigo ?).
A quand un message "Wolin fidel, Charb gai-vara, Tignous à vannes" ?
A bientôt !!!



Et pour finir, ce joyeux joyau cubain, tube incontournable de "Los van van" ; "Que palo" !




P.S : Tous les dessins sont de Cabu.


vendredi 6 mars 2015

Mémoire de Yoga n°9


Mémoire de Yoga écrit entre 1986 et 1988 :

"Les colères du sage restent au bord du nez.
Elles se risquent parfois à aller jusqu'aux ailes du nez.
De là, elles prennent un nouveau départ et s'envolent vers des horizons plus cléments". Y.M.

L'importance du verbe "sentir" dans notre langue française est remarquable : le mot "sentir" s'applique aux sentiments, autant qu'aux sensations viscérales. "Je me sens bien" : les centres cérébraux correspondant au sens olfactif ont des répercussions viscérales et influencent le comportement et le psychisme.
Le verbe "sentir" est lié à l'intuition :
"je sens que cela va mal tourner". Untel a du "nez", du "flair", tel autre a "quelqu'un dans le nez", il "ne peut pas le sentir".
Quant au souffle, le bon sens populaire n'en manque pas :
- Vous êtes "à bout de souffle". Prenez donc "le temps de souffler".
- Mais c'est que j'ai le "souffle court".
- Que nenni, ami, si votre grand-mère vous voyait courir sans cesse, elle en aurait le "souffle coupé" et vous supplierait de "reprendre haleine".
- Quoi, de reprendre une petite verveine ?
- En plus, vous n'êtes pas dans l'écoute, voyez-vous, à vous agiter ainsi dans tous les sens, vous les perdrez tous. Êtes-vous si pressé d'arriver à votre "dernier souffle" ?
Décidez donc de prendre "le temps de souffler" et réservez dans votre journée un petit temps de yoga. Cette décision prise, vous verrez tous ceux qui vous aiment "pousser un soupir de soulagement".

La respiration correcte devrait être le premier article de notre Constitution Privée (et non pas de sens), premier article des Droits de l'Homme.
Gouverné par le système nerveux autonome, le souffle peut être soumis à l'intervention de notre volonté, dépendante du système nerveux central, c'est à dire du cerveau.
Il est possible de sentir que l'on respire avec tout son corps et pas seulement avec ses poumons. Lorsque cette sensation est éprouvée dans chacune de nos fibres, un bien-être profond nous envahit. La prise de conscience d'une respiration élargie est le secret d'une maîtrise potentielle sur nos organes. C'est donc un facteur important d'entretien de notre santé.

Le souffle a pour principal effet d'apaiser le flux des pensées et de stabiliser le mental, ce mental aussi difficile à dominer que le vent :

"En vérité, agité est le mental, Seigneur Krishna, je le tiens pour aussi difficile à dominer que le vent".
Bhagavad-Gita.








"Ujjayi" : La respiration du dormeur.
Je la pratique et la considère comme une prière précieuse. Jade-or, jade-air à cette "respiration adhé-rente", puisque c'est l'une des traductions possible du mot Ujjayi.
On peut aussi la définir autrement, "Jaya" signifiant "Victoire", Ujjayi est une technique qui nous mène à la conquête de nous-même !
Pour l'expression vocale, c'est du pain béni. C'est un exercice qui se révèle être parmi l'un des plus importants pour la voix.
Comme le signale Shri Mahesh ;
"Dans l'inde ancienne, les rishis avait une connaissance parfaite du son et de son pouvoir. Ujjayi produit des vibrations qui ont un effet subtil sur le corps et l'esprit."
Cette respiration victorieuse, elle ressemble à quoi ?
C'est une technique sonore qui consiste à freiner l'air ...
A l'inspiration :
Le laisser frotter avec légèreté sur le fond de la cavité buccale, cela provoque un très léger bruit qui ressemble à un chuintement.
A l'expiration :
Le laisser frotter léger sur la glotte, à l'écoute, cela ressemble à du chuchotement !
C'est du subtil, de la soie, du si léger que seul le pratiquant le perçoit, mais pas son voisin.
Le son soyeux et joyeux de Ujjayi, c'est un peu celui qu'on entend quand on pose une oreille sur un coquillage. Il semble nous dire :
"Sois heureux", "kiffe, kiffe" !!
A ne pas confondre (en larmes) avec le son triste et misérabiliste que l'on produit lorsque l'on est énervé : "snif, snif" !!
Bon, on a le choix entre le son-souffle de la joie "kiffé" du bien et l'autre celui de la colère "sniffé" comme de la chnouf, qui rend "ouf" (fou).
En plus, le souffle doux dure alors que le souffle dur est court.
La respiration Ujjayi, étirée, allonge la durée de la vie. La respiration stressée fatigue le coeur et la raccourcit.

Ujjayi est à pratiquer aussi souvent que possible (surtout à l'expiration), assis dans un fauteuil ou dans la pratique des postures. Il calme, permet de prendre de la distance, du recul et ainsi de mieux contrôler nos émotions et notre mental.
Cela, simplement en respirant par un trou virtuel situé dans la gorge.
Il suffit d'imaginer que l'air circule dans ce trou anti-trouble !

Et son nom si sonore, si musical, Ujjayi, c'est du lourd, cela a la force du tigre, ça vibre, sonne et tonne (et non pas sonotone), étonne, détonne sans en faire des ...
En phonétique, cela donne "Oud -Djaille", dès le premier phonème (oud), ça percute avec le "d" final. Quand au second "Djaille", il suffit de le dire à voix haute pour se faire une idée de sa force et de sa profondeur.
Ça explose en bouche, puis projeté, que dis-je, expulsé à l'extérieur, le son traverse les murs.

Voilà, voici, c'est fini, je vous dit merci et à vendredi. Au fait, les rishis, ce sont des sages hindous érudits !