mardi 30 avril 2019

"Notre drame"





Lundi 15 avril 2019 : Notre Drame !
Installée depuis huit, neuf siècles sur l'île de la cité, Notre-Dame a été victime d'un incendie, sa toiture "forêt de centaine de chênes" est partie en fumée. Sa flèche ne montre plus la direction à suivre.
L'âme de l'homme pieu est dans la dèche.
L'humain opportuniste qui fait feu de tout bois "cent chênes" à sa pensée unique, cynique : "On va tout faire pour reconstruire la toiture sacrée et la flèche gothique dans un délai de cinq ans".
2024 : J.O de Paris !
Il tient une forme olympique ce prési-dent qui raye le parquet !
Y'a du pain sur la planche !!
Dieu se retire, son jouet préféré a tout abîmé autour de lui. Désabusé et désorienté, il ne sait plus où il crèche.
Pour la reconstruction, côté milliardaire dont le nom finit par "ault", on donne dans la surenchère : l'un se délivre de cent millions d'euros, alors l'autre double le montant du premier en faisant un don de deux cent millions d'euros !
Dans la tête de certains humains, c'est le boxon, un chantier pas possible.
Ils se droguent au fric (au lieu de se donner la pogne, ils s'empoignent, se mettent des beignes).
Ils se servent de leur pognon pour montrer qu'ils ont de la poigne et qu'ils peuvent écraser la pogne d'un autre porteur de rolex au poignet.
Mais revenons à la sinistrée :



Le 11 avril 2019, on retire pour rénovation, les 19 énormes monuments "Violet le duc" qui entouraient la flèche. Peut-on dire qu'ils ont eu chaud ?
Au niveau de la température : non, par contre pour les "échaufaudages" placés là pour la réfection de l'édifice portant le poids des ans et de la pollution, on peut dire oui.
Entendu à la radio, au sujet de l'incendie, une journaliste "tout feu-tout flamme" dire : "Je reprend le flambeau." !
C'est épique, c'est gothique, c'est flamboyant ! Mais , c'est malvenu, quel manque de classe !
Ce n'est pas bon, tiens voilà Aragon qui passe :
"Il y avait Notre-Dame, tellement plus belle du côté de l'abside que du côté du parvis, et les ponts, jouant à une marelle curieuse, d'arche en arche entre les îles, et là, en face, de la Cité à la rive droite ..."
Mûr mur meurt !
Pour l'année 2019, à l'heure des bilans de fin damnée, on se souviendra d'elle et dans mille ans ?
"... Mais, dans quelque mille ans, le temps fera broncher. Comme un loup fait un bœuf , cette carcasse lourde tordra ses nerfs de fer, et puis d'une dent sourde rongera tristement ses vieux os de rocher !".
Gérard de Nerval
Dans cette période brûlante, des artistes allumés et chaleureux se sont éteints : Varda et Marielle.



Varda : 29 mars 2019 !
Paysages rivages :
"Si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages.  Si on m'ouvrait moi, on trouverait des plages."
"Vois sans soif", la curiosité est un divin défaut :
"Je ne veux pas montrer, mais donner l'envie de voir."
Agnès Varda, coupe au bol et peau d'âme, avait la patate en forme de cœur ou le contraire.
Glaneuse heureuse  avec ses paysages visages, ses murs murs, elle donnait des couleurs aux gens, les mettait en valeur ainsi que leur environnement.
Varda la joie cohabitait aussi avec la mélancolie "fleur de coquelicot" ("Coq Jacquot de Nantes", "Cloé écho de 5 à 7"), l'élégante intelligente est partie rejoindre celui qui n'était plus de ce monde (depuis un bail), son "Jacquot de Nantes" !
Agnès est un prénom grec (pays d'origine de son père) choisi pour remplacer son prénom officiel : Arlette (car elle a été conçue en Arles). Varda n'aime pas ça, les mots qui se terminent en "ette", elle leur fait leur fête !
Et puis s'appeler "petite Arles" lorsque l'on mesure moins d'un mètre cinquante, tu p'Arles Charles comme ça fait chouette !
"Une clé pour une relative paix, un relatif équilibre, une relative acceptation de la vie, c'est d'être tourné vers les autres.



Marielle : 24 avril 2019 !
Contre le fatal mélo dit futile, écoutez une vitale mélodie utile !
"Un air qui n'évoque rien, aucune image, n'apporte aucune vision, ne me sert à rien. En quelques minutes, une mélodie peut vous offrir un film, un tableau, un roman, oblitérer le quotidien, suggérer une autre vie."
Marielle s'en est allé sur son cheval de trois, rejoindre les deux autres chevaliers mousquetaires : Noiret et Rochefort !
"A quoi bon avoir des amis qui pourraient être n'importe qui ? C'est leur singularité qui les rend aimables."
Dans sa besace, ce gourmand bon vivant avait toujours une galette de "Pont à veine" ("oh ! ce cul !").
"Je renais ... je revis ... Nom de Dieu de bordel de merde."
Ce "grand duc" était à la fois : calmos ou "soupolé", grossier élégant, baroque loufoque, "aristo populaire", admirateur mateur de toutes les beautés et de tous les matins du monde !
De la bande des quatre, après la disparition du mariole Marielle, ne reste plus que l'as des as "Bébel".
"Je suis un misanthrope mondain, un solitaire bavard."
Ce drôle de zozo parlant du zoo :
"Les zoos me dépriment : fait on visiter des prisons aux ours et aux girafes ?"
J'ai aussi en mémoire les succulents dialogues de Pascal Quignard dans le film d'Alain Corneau "Tous les matins du monde", où Marielle "Sainte Colombe" dit à Guillaume Depardieu "Marin Marais" :
"Vous faites de la musique mais vous n'êtes pas musicien !"


Et puis, on a appris la mort d'un des rockers français qui faisait un peu partie de la bande des quatres, Dick (argot ricain pour dire pénis) "Pénis de Nice" Rivers. Moins marquant que ses collègues ex yéyés parisiens. Il savait bien utiliser le talent des musiciens et cultivait le sens de l'auto-dérision (titre d'un de ses albums "Dick autorivers" (référence aux vieux magnéto d'antan) !
Il meurt le jour de son anniversaire, je me demande qui va souffler les 74 bougies-boogie ?
A noter que sur "Wikipédia", on indique bien les dates de naissance et de décès (24 avril 1945 et 24 avril 2019) mais l'âge de sa mort est fixée à 73 ans. C'est pour cette raison que j'ai choisi l'épitaphe suivante à dire lorsque l'on dispersera mes cendres :
"Conteur : remis à zéro !"

Photos : "forbes.fr"
Caricature de Jean-marc Borot.
Allez, portez vous bien et restez curieux !
Namasté !!
Yananda !!!

jeudi 18 avril 2019

"Salut Cabu"





Cabu : juste un type bien !
Quel drôle de destin commun avec son pote Wolinski.
Tous les deux ont fait leur service militaire pendant deux ans et demi en Algérie. Ils auraient pu mourir mille fois mais la mort ne voulait pas, elle a préféré les voir sourire ou mourir de rire pendant encore soixante ans.
45 ans de "Charlie-hebdo" côte à côte avec leur pote Cavanna, cela a créé des liens tellement forts qu'ils sont morts ensemble, au même moment dans les locaux du journal (le sept janvier 2015).
Cavanna est mort à 90 ans, un an plus tôt !
Mais je laisse là cette "planche à destin" (notre vie s'y dessine, on s'y penche, on planche pour qu'elle ressemble à quelque chose, qu'elle prenne forme et on finit entre quatre planches de ça peint ! ... oups ! ... de sapin), pour jeter un œil du côté de la planche à dessin.



Du Dubout, du Duduche : l'avis du pétillant Pétillon (collègue au "Canard enchaîné") :
"Cabu a pris de bonnes leçons chez Dubout, notamment la clarté, le sens du comique, du grotesque, le petit détail qui tue, qui rend le personnage ridicule ... Une façon de porter le vêtement, un accessoire, un port de tête, une attitude, c'est typiquement du Dubout, il en a fait du Cabu."
"... Le dessin a un côté non léché, non fini, avec souvent un trait qui déborde qui donnait un côté artiste, une liberté ..."



Cela vous en bouche un coin, écoutez donc Wozniak :
"Des chinois qui roulent vite à vélo : seul Cabu pouvait dessiner ça ! Il avait quelque chose dans l'œil qui arrêtait le mouvement."
"... dessiner derrière le dos ou dans sa poche avec un petit crayon, tout en parlant avec des gens ... un jour, je lui ai demandé de dessiner en tenant son crayon dans sa bouche. Il l'a fait, je l'ai filmé !"



"Tu veux que j'te fasse un des seins ?"
Wolinski disait du dessin des femmes "topless" de Cabu que leurs seins étaient placés trop haut.
Mais les personnages dessinés par Jean Cabut étaient là pour faire rire, pas pour être réalistes.
Je pense que Wolinski devait être un peu jaloux du talent de son ami et puis de trois ans son néné, il continuait à dessiner des nichons à sa façon (donc un peu vieux "je") !


"Calloway Cab Cabu" connaissait la musique !
"C'est difficile de dessiner des musiciens en mouvement quand tu n'es pas musicien toi-même. Lui, on sentait qu'il avait l'oreille. Ses dessins swinguaient, t'avais l'impression d'y être."
Delambre




Mougey, sculpteur et dessinateur disait de lui :
"Le mouvement, la marche, c'est compliqué à faire. Très peu de gens savent mettre une force, une dynamique dans le dessin."




Leçon de dessin : un tire-bouchon et une "bête à deux dos" ....

Pompier bon œil :
"Il pouvait tout dessiner. Tu pouvais lui demander un pompier, il te le dessinait aussitôt. C'était un dictionnaire du dessin ... En utilisant les marqueurs, il a beaucoup simplifié son graphisme.
Quand il ouvrait son feutre, on reculait de cinq mètres. Lui était habitué, il ne le sentait plus. Quand il faisait un trait, il y avait de la matière dedans, une espèce de vibration dans le noir."
... et voilà Roselyne Bachelot !!!


Je l'ai rencontré plusieurs fois à Paris, lors de manifs, de rassemblements pour l'écologie ou pour la paix. Il dessinait sur de grandes feuilles de papier Canson installées sur un chevalet. Je le regardais dessiner, c'était le pied.
Sa main en action, je l'avais à l'oeil et ses caricatures sans ratures les "doigts dans l'nez" m'impressionnaient !!!
On parlait "coup de crayon utilitaire" et "bonne cause humanitaire". Cela durait peu de temps mais c'était suffisant pour ensoleiller ma journée.




Vif, vivifiant, vibrant, vivant, virtuose ... Cabu yogi du croquis, crac craquant et croquignolet, croquant souvent sur le vif, a développé une maîtrise tout terrain du trait, une souplesse incroyable.
Il a très bien digéré ses influences (Daumier, Dubout, Searle) et a trouvé peu à peu son style et son stylo (il était parfois distrait).
Ses personnages profitent de sa technique "3D", cela donne du relief, du volume, avec quelques traits, il montre l'essentiel et toi, tu montes au septième ciel !
Ainsi il sculpte et ausculte son "personaze", celui-ci montre son vrai visage, son mauvais fond ou son côté rond (le gars gros est difficile à dessiner, on manque d'angle pour choper sa personnalité) !
Dans Charlie, ce que je préférais de Cabu, c'était ses reportages dessinés, étonnants et épatants, dans la France profonde ou de par le monde !




C'était bien rempli (deux pleines pages) et parfois un peu brouillon. Il donnait matière à réflexion. Après lecture, tout devenait plus clair !
Je me régalais de ses crobards bavards (dessins qui en disent longs) sur l'avis de gens (ci-dessus à Mende en 1972).

Allez, bon vent et à bientôt.
Yamasté !