vendredi 29 mai 2015

"Cool dans nos veines"


"Le yoga est l'arrêt, la cessation de l'activité incessante du mental."
Patanjali
Le plaisant présent :
- La vie jaillit de l'avis de Patanjali, sans le yoga, ma vie ne serait "pas tant jolie".
- Épatant, sauf l'emploi du mot tant (mieux vaut dire : "pas si jolie") qui n'est pas plaisant et le temps qui n'est présent qu'en première partie de phrase.Tant pis, Mr le yogi, je suis au regret de vous dire que vous n'êtes présent qu'à mi-temps, que vous faites les choses de l'avis à moitié, alors que vous vous présentez comme un être entier. Vous êtes un polisson ! 
- Vous me plaisantez comme un farceur ...
Mais n'y a pas que le côté farce en moi, y'a aussi mon aspect pâle qui tombe pile-poil quand il sert à effacer les excès du farceur fonceur. Par ailleurs, mon côté comique corrige ma tendance mélancolique.
Bref, lorsque ce duo mélancomique, "policé" et "polisson", est réuni, je suis ravi et mon écriture devient fluide, tout "cool" de source. Alors, je me réjouis et je rejoins mes "oulipotes" qui m'épatent (les déments jongleurs de mots ou de notes des papous papys, papillonnants dans la célèbre émission de radio radieuse "Les papous dans la tête", Jean-Claude Vannier, David Mc Neil, Dick Annegarn, Jacques A Bertrand, Hervé Le Tellier, Gérard Mordillat ... ) !
Mais ne nous voilons pas la fesse. Il s'agit de faire face à la tristesse, de prendre place et d'en faire pour affirmer sa présence sur terre et l'affiner avec délicatesse. Que l'on soit "terre à terre atterré" ou "lunaire l'air perché", de toute façon ...
"De deux choses lune, l'autre, c'est le soleil." (Prévert) :
Qu'en dit le candide ?
"Lorsque le sage montre la lune,
l'imbécile montre le doigt !"
Et l'excentrique Erik ?


- Vous évoquiez plus haut l'Oulipo, là, vous faites plutôt dans "l'Oulipopotin" !!!
- Vous trouvez cela un peu cul-cul, Mr le puritain ?
- Vous avez raison, je suis un peu trop plan-plan.

Cool dans mes veines
faut-il qu'il m'en souvienne,
ce sang-froid rouge karma,
qui me donne tant de joie !
"Appeau linéaire"

La joie, le plaisir se conjuguent au présent. La présence conduit au calme de l'esprit, au silence intérieur. Elle joue un rôle de trublion face aux fâcheux tourbillons du mental dont elle annonce la fin. Il n'y a que le silence de la présence qui vaille contre ce véritable moulinet de pensées et d'images qui nous assaille.
Face à ce maelström psychique qui ne nous fait pas de cadeau, seul la présence peut calmer le "je". C'est un cadeau que l'on s'offre pour éviter de souffrir de ce mouvement incessant indécent.
Lorsque l'on se sent présent, on se sent ... plus riche.
Mais comme bien souvent, nous sommes absents, alors on se sent plutôt pris en sandwich entre une espèce d'épaisse couche de regret, de nonostalgie à ronger, peu ragoûtante et une couche de craintes pour le futur ou de plaintes qui murmurent. Ces couches qui nous rendent cruche, ces paroles fariboles qu'on se dit dans un débit inépuisable nous malmènent et nous amènent tout droit dans le mur.
Le silence, c'est l'arrêt de ce vacarme épuisant !
N'hésitez pas à lire et relire Hermann Hesse (surtout "Siddartha" ou "Le loup des steppes" dont on a extrait cette citation) :



Etymologie :
Le mot présent vient du latin "Praesens" qui signifie "maître de soi", "puissant". Donc, l'homme présent est celui qui peut maîtriser sa vie et l'absent, celui qui ne peut que la martyriser.

Le geste juste est fluide, liquide :
Celui qui maîtrise son art (son lard, son arc, son archet, selon qu'il soit charcutier, archer yogi ou violoniste), point ne se méprise. Il a le geste sûr, précis, efficace, souple. Cela coule de source, sans effort, sans lutte épuisante contre soi et contre les autres.
Finie la morâle, mouise qui nous épuise, terminée la crise intérieure qui nous mine et nous mène à la crise de pleurs.
On mise sur l'harmonie et la sérénité de notre vie mentale, qui de bruyante est devenue brillante. On a prise sur le fatal vagagabondage mental sans âge, on se joue "le temps des cerises" sur un mini violon avec des gants de boxe comme Coluche et ça c'est vraiment la cerise sur le cadeau !!!




Voilà pourquoi mes élèves m'entendent répéter inlassablement :
Synchronisez le geste avec le souffle ...
Revenez dans un mouvement lent, huilé, fluide et régulier ...
Quittez la posture, mais pas la séance ...
Asseyez vous en tailleur et en douceur ...
Restez à l'écoute, éveillés (en relaxation) ...

Le yoga vu comme une danse lente avec des poses dont on dispose et des "pauses toujours tu m'intéresse" pour éviter le bavardage mental, cela vaut la peine de se sentir ... cool dans nos veines.




Et comme dit "Tich the teacher" :
"La conscience est comme le soleil.
Quand elle brille sur les choses,
elles sont transformées."
Tich Nath Hanh
Et le si lyrique H.D Thoreau que dicte t'il ?
"Tu dois vivre dans le présent, te lancer au devant de chaque vague, trouver ton éternité à chaque instant."
Allez, comme disent les gens surfeurs d'ici :
Bon vent, bonzes potes*, évitez les vagues à lame et les brouillards à couper au couteau, allez hardis adichats !!!

*bonzes potes : bon "spot", un spot c'est un bon coin pour surfer.


vendredi 22 mai 2015

"Rasa Râga"


"Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d'y rester."
Proverbe indien

Sous le regard bienveillant de Sarasvati, déesse de la musique et de la sagesse.



Le "râga", kèkséksa ?
Ce n'est ni du ragga (abréviation de "raggamuffin", "temps-dancehall" issu du "reggae"), ni du "ragtime" (lorsqu'on surfe sur la toile, elle peut vous proposer ces mots à la place, l'ordi a des excuses, râga se dit aussi raag, et ragtime peut facilement devenir raag-time). Mais il peut prendre différents aspects, cela dépend de son "rasa".

Définis-sons le "rasa" :
Vient du sanskrit "ras" qui signifie "goûter", donc le rasa, c'est ce qui est goûté, savouré !
On le traduit souvent par le mot saveur. Dans la musique traditionnelle de l'Inde, le "rasa", c'est la saveur qu'exprime une œuvre.
L'auditeur absorbe la saveur de l'œuvre et en même temps, il la goûte !
Le musicien, humble oeuvrier salutaire, sauveur de saveur, nous fait voyager en solitaire vers des destinations planétaires !!!
"Rasa : une gustation de la vie même, une pure joie de goûter à sa propre substance, tout en communiant avec un autre : le musicien ou le poète."
René Daumal
Ailés Râgas ?
Les râgas (quand ils sont bien joués), nous en font voir de toutes les couleurs (le cas contraire, mal interprétés, remplacez "couleurs" par doux leurres, voir douleurs).
Mais il faut goûter et écouter jusqu'à la dernière note, le sitariste mal inspiré qui cherchant la note juste, ne la trouve qu'aux derniers instants de son improvisation.
Celui là, vous avez envie de lui dire "pourquoi vient tu sitar ?"
M'enfin, bande d'auditeurs impatients et critiques, c'est un peu facile à dire, ce jugement sans appel ni rappel du joueur de sitar si tardif à se trouver !
Les râgas sont joués aux différentes heures de la journée, en fonction des rasas évoqués.
Un râga peut durer de quelques minutes à une heure.




"Je l'ai réellement entendu du Dieu des Dieux, Indra, ainsi que de Shiva lui même; la musique et le chant, sont bien plus sacrés et salutaires que des milliers d'ablutions et d'infinies incantations."
"Natya sastra"
Râga vient du sanskrit "raga", qui signifie : couleur (ou sentiment).
C'est ce qui colore (d'émotions) l'esprit.
Pour le musicien, l'objectif est d'être suffisamment convainquant afin qu'il puisse colorer l'esprit de l'auditeur et susciter en lui la réponse à la couleur émotionnelle évoquée.
Pendant le concert, les oreilles deviennent de véritables radars, les sens en éveil, l'auditeur est à l'affût tel un chasseur de sons.
Réveillé, on a tout intérêt à l'être, à cause des émotions qui fusent de partout et qui nous causent ... bien des effets liés à la profondeur du timbre de l'instrument, à l'assouplissement d'une courbe sonore ou à la fulgurance d'un trait mélodique. Alors à l'affût de la fulgurance, on ne tire pas un trait sur l'attirante mélodie qui nous met l'eau à la bouche.
Dans l'écoute profonde d'un bon râga, on peut ressentir :
" ... un fugitif instant de grâce où dans un murmure de délectation, le cœur chavire dans le divin."
François Auboux
Pour les musiciens, voici quelques râgas de base, que je "goûte" lorsque me vient le doute ...


A savoir : C correspond à DO, D à RE ...

Le Yoga du son est thérapeutique, mes trente années de pratique en "l'âme à tiers" m'ont fait rencontrer une culture hindoue, où l'on considère que les mots (leur sonorité, la vibration des phonèmes) et la musique traditionnelle sont intimement liés à la santé, et procurent du mieux-vivre !
Le râga est une musique qui correspond à un certain état psychique et physique.
Chaque état émotionnel est associé aux nombreuses gammes (modes) que comporte cette musique. Nos modes majeurs ou mineurs sont une pâle survivance de ce principe d'association entre un état et une musique. Ils représentent respectivement la gaité et la tristesse, ce qui est fort réducteur.
Qu'il soit chanté ou joué, le râga doit être en accord avec cette harmonie liée au mode sur lequel il est construit, afin d'être efficace et de qualité. En Inde, la musique (considérée comme une forme subtile de yoga) est une mise en relation avec le divin, l'univers ...

Et pour finir, suivons la légende de la créations des râgas :
Le dieu Shiva était si heureux après son union avec la déesse Pârvati, qu'il se mit à chanter. Et comme il a cinq têtes, donc cinq bouches, ce sont cinq râgas qu'il a créées ce jour là. Les râgas masculins ayant chacun cinq épouses (appelées "râginis"), sèment airs et eurent beaucoup d'enfants !!!

Allez, bande de râgalopins, de pignoufs oufs de râga et de ragga, de va-nu-pieds (traduction de "raggamuffin") sans âge et sans rage, de "greffiers" "ragamuffin" (chat de race), je vous souhaite de bons moments passés à écouter et à goûter de nombreux râgas anti-tracas !!!
Namasté !




Flagada ? Voilà "Rasa Râga", le médicalmant qu'on avale par les oreilles.
"Bonus et bouche cousue", écoutez et goûter ce savoureux médoc, servi par un duo de choc : le maître du sitar et sa fille (Anoushka). Merci les "Shankar", grâce à vos dialogues, nos oreilles sont "Ravi" !!!



vendredi 15 mai 2015

"Chacun porte son bonheur en soi."*


"Quand la pauvreté entre par la porte, l'amour s'en va par la fenêtre."
Proverbe français

Le retour de Tanguy au nid familial !
- L'autre jour, dans le salon de l'appart', je me suis pris les pieds dans le tapis et j'ai mis à jour toutes les poussières que j'avais cachées là. Je me suis tout de suite dit :
"Cette fois, mon gars, ton compte est bon, tu es (à) découvert". Et en effet, la réaction de Laverdurette ne s'est pas fait attendre.
Elle m'a prié de prendre la porte !
- La façon de présenter les choses est intéressante, dit Miss Funny.
- Cela me rappelle "La porte", le sketch de Devos, dis-je.
"Il me dit :
- Prenez la porte ... Qu'est-ce que vous faites ?
Je lui dit :
- Je la prends mais avec son chambranle ! (parce que sans chambranle, une porte ne peut ni s'ouvrir, ni se fermer, je vous le signale) ...
Bref, je prend la porte avec son chambranle et je sors dans la rue."



- Et comment tu l'as pris ? s'inquiète Miss Funny.
- Calmement, je ne me suis pas démonté, je ne suis pas sorti de mes gonds. Sans me retourner, j'ai pris la porte ... sous le bras !
Tel un chien obstiné, je continue à ronger mon Devos (et à l'arranger à ma façon).
- Laisse-moi imaginer la suite. Sur le palier, tu croises le voisin zinzin de bruit et semeur de zizanie la nuit et tu lui dit :
"La nuit porte-conseil" et moi, je vous livre cette porte à la sensible oreille. Et bientôt, je f'rai pareil avec un porte-mentaux en métal (à moins que ce ne soit un porte-mental en métaux), cela vous sera utile pour y ranger votre esprit agité.
Parce que moi, la dernière fois que je vous ai signalé vos excès sonores, j'ai pris une veste juste parce que j'en avais pardessus la tête de vos "fêtes du bruit" !
Le voisin acquiesce. Il prend la porte et elle lui va bien !
Il me dit :
- C'est une "prête à porter" ... C'est ce que je porte le mieux.
Mais ce n'est pour autant, cher voisin du dessous, que je vais la garder. J'aurais l'air gond avec deux portes d'entrée ! C'est vrai que je la porte bien, mais elle fait "doublon" et j'suis plutôt "dur brun" !
Le comique Gad Elmaleh (spécialiste en "porte-fenêtre") rajouterait :
- "Doux blond" et "dur brun", c'est un peu tiré par les cheveux, n'est pas Devos qui veut !
"C'est n'importe quoi, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres !"
- Bon, je prends ta porte, mais en contrepartie, donne moi donc un autographe.
- Je le met où ?
- Sur le chèque.
- Je mets : "au porteur, avec toute ma sympathie !"
- Tu le remplis bien vite ce chèque, ne serait ce pas un chèque en bois ?
- Tu bois trop, ami fêtard, chêne ne suis pas celui que vous croyez, vous me prenez pour un gland !
"La porte la mieux fermée est celle qu'on peut laisser ouverte."
Proverbe chinois



La porte : rapport à l'autre !
Au niveau symbolique, la porte est chargée. Elle en dit long sur les humains, dont elle est un peu la porte-parole.
D'après Pascal Dibie ("Ethnologie de la porte"), l'idée que l'on se fait de la porte, permet de comprendre bien des choses sur l'esprit humain.
Chez certains peuples d'Afrique (notamment les Dogons), la porte d'entrée s'ouvre vers l'extérieur.
Il y a l'idée que la porte sert d'ouverture, il n'y a pas l'idée de fermeture, de s'enfermer sur soi.
Alors que chez nous, on l'ouvre vers l'intérieur, avec l'idée de se barricader, de se protéger.
"Ainsi, on peut presque opposer une société d'ouverture, intéressée par l'autre, xénophile, en Afrique, par exemple et une société xénophobe, comme en Occident, où l'on ne veut pas que l'étranger pénètre chez nous."
En occident, la porte est une barrière, une séparation.
En Asie, c'est une limite symbolique.
On ne peut pas imaginer des portes en papier dans nos contrées.
En Chine, selon les principes du Feng-Shui, la porte ne doit pas regarder la montagne, deux forces qui s'opposent, s'annulent, ce n'est pas bon pour le ki (l'énergie vitale). Pour les sages chinois, l''occidental est trop dans le mental. Pour eux, nous ressemblons à des porte-mentaux. Mais tout n'est pas perdu pour le visage pâle, s'il en rigole !
"Le rire est l'une des portes magiques qui s'ouvre sur le paradis."
Proverbe chinois
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée :
"Le destin n'ouvre point une porte sans en fermer une autre."
Victor Hugo ("L'homme qui rit")



In veritas, "l'occis-dent" est mal barré, hélas ! :
"Si un cochon te dit un mensonge à quatre heures du matin, le porc te ment tôt.
Le Chat de Geluck s'esclaffe !"
Si tu es déconfit et confus, lis donc Confucius :
"Celui qui se lève le matin pour chercher la sagesse, la trouve assise à sa porte."
Voici venu le temps de se quitter, "porte et vous" bien et à la semaine prochaine !

* Le titre est une citation de Gombrowitz

vendredi 8 mai 2015

"Shaun, the chic sheep"


"Le berger avec ses moutons a l'air d'une église avec son village."
Jules Renard

Vu, au ciné "Le Rex" (Andernos), un film animé ... par les meilleurs intentions et inventions du monde, le studieux "Studio Aardman" a encore frappé (modelé) fort avec son nouvel opus époustouflant : "Shaun le mouton".
Plus de vingt ans après les premiers chef-d'œuvres de Nick Park et Peter Lord (les "Wallace et Gromit"), Shaun revient sur les écrans, et cette fois, avec le rôle principal. Voici, extrait de "Rasé de près" (1995), Gromit portant le jeune Shaun :



Shaun est un mouton aux yeux tout ronds et aux oreilles mobiles, ouverts sur le monde. "Origénial", c'est un ovin nouveau, malicieux et facétieux.
Indépendant, Shaun est tout le contraire d'un mouton de panurge. Ce n'est pas le genre à se laisser manger la laine sur  le dos, mais plutôt celui de se lasser des habitudes de la vie cot-cot-cotidienne.
Il en a marre de son coin-coin de campagne où il ne se passe jamais rien. Il en a assez d'être réveillé tous les matins par le chant du coq et ses couacs !
Sans aucun doute, il rêve de suivre les pas de Jack Kerouac et de se retrouver sur la route.
Il aimerait tant découvrir le monde et se laisser aller là où le vent le mènerait.
Autant on emporte l'ovin, autant on oriente son destin !
Ce spécimen "génietiquement" modifié par ses créateurs (à l'origine Nick Park, puis pour ce film Mark Burton) va connaitre moults facéties et péripéties qui vont l'emmener, lui et sa bande, de la ferme à la ville. Combien sont ils exactement ces quatre ....ons dans le vent qui traversent la rue Abbey Road ?




En découvrant la ville, "laine-ergumène" va rencontrer des "villains".
A partir de là, on rentre dans le vif du sujet : ça cabri-ole, ça virevolte, ça danse une farandole intense drôle et rock n' roll !
Pour les protagonistes, à chacun son rôle, cela va du "perd son âge" désinvolte au "personaze" monstrueux comme par exemple, Émile Volt (le psychopathe pathétique et patibulaire, employé zélé, fou fier et fatal de la fourrière municipale).
Les moutons se rassemblent mais ne se ressemblent pas. Chacun a son style et son caractère. Tous ensemble, ils forment une sarabande particulière en plastiline (pâte à modeler qui ne sèche pas), vivifiante et rafraîchissante.


Humour riche ! Dans ce "slapstick" excentrique. on se régale de comique de situation (panique au resto chic avec le choc de la rencontre entre l'aristocratie et les ovins ovnis).
Et après le plaisir visuel,  ce sont les oreilles qui dégustent des gags graveleux (les rots "roturiés" des pava-rotis laineux brisant le silence des ladies emperlousées et des gentlemens coincés) créant une ambiance "Rot-Harry" Club.
Le film est truffé de câlins d'œil aux maîtres du burlesque : Buster Keaton, Harold Lloyd, mais aussi à Jacques Tati (en commun : film muet, mais sonore : borborigmes et grognements hilarants), aux Marx Brothers, aux Monthy python, à "Wallace & Gromit" ... et même au "Silence des agneaux" !
"Tout le monde sait qu'en cas d'insomnie, il suffit d'additionner mouton après mouton pour s'endormir. Mais combien de gens savent que pour rester éveillé, il suffit de soustraire les moutons."
Marx Brothers



Bref, voici un film d'animation à l'ancienne, en "stop motion" (image par image, 24 images par seconde, deux secondes de film demandent un jour de travail), un petit bijou créatif et inventif à voir et à revoir.
Par la grâce d'épatante pâte modelée par les "doigts de l'homme" (dans les "Wallace et Gromit", on peut parfois, apercevoir les empreintes digitales de Nick Park), on s'humanise !
Voir se remodeler le monde (même si ce n'est que pour 1H25), grâce à ce "Shaun c'est quoi ?" qui vous rend la vie plus bèèèèèèèle, est jubilatoire !!!!
Allez, comme dirait Wallace :
"Crackey good job, Gromit."
Comme dit le proverbe anglais :
"Le mouton paresseux trouve sa laine trop lourde."
It's all for today, good week and see you soon !






vendredi 1 mai 2015

"Mémoire de yoga n°11"


La Voix, suite du mémoire.

L'émission d'un beau son requiert, au départ, l'équilibre entre la tête et le cou.
Des expressions courantes du type "se rompre le cou", "un casse-cou", "se tordre le cou", "avoir la bride sur le cou", indiquent clairement la fragilité de cette porte étroite car le cou est un intermédiaire entre la fonction cérébrale et corporelle ; en clair, c'est un passage qui peut s'ouvrir ou se fermer (si l'on est "pas sage"), car la tête et le corps peuvent être frères ennemis.
"Avoir la gorge nouée" montre que le larynx est un lieu privilégié de somatisation : les émotions, les appréhensions de toutes sortes s'y manifestent.
"Gorge serrée guillotine les sons.Langue lourde leur coupe les jarrets." Malcolm de Chazal
Travailler sur la voix, c'est parfois faire du yoga. Ainsi, apprendre à tirer la lange (Posture du Lion), geste interdit depuis l'enfance, débouche sur un assouplissement du larynx.
"Les lèvres sont le potier des sons. Comme des doigts appuyés sur l'argile, les lèvres moulent les sons que leur transmettent les cordes vocales à vitesse variante, autour du pivot flexible de la langue." Malcolm de Chazal
La bouche est, de toute manière, une zone tabou du corps, on la ferme plus qu'on ne l'ouvre. Même le parler ne se compose que de mouvements qui ne restent jamais complètement ouverts.
A l'ouverture, sont liés beaucoup de problèmes plus ou moins résolus : tout se passe comme si l'ouverture de la bouche signifiait l'ouverture d'un Soi plus intime, un don de son corps, une exhibition aussi.
Travailler sa voix, c'est donc chercher son identité enfouie, totale ; c'est aussi décider de parfaire la relation que l'on établit avec les autres, par extension.
"Au disciple qui se plaignait :
- J'aimerais tellement chanter ! Je sais que je suis capable de le faire, mais je n'ose pas. Je ne possède pas la technique du chant ! Je n'y connais rien en musique ! Que puis-je faire ? Le maître répondit :
- Les oiseaux ne connaissent rien à la musique, ne savent ni lire une partition, ni battre la mesure, mais leur chant est des plus voluptueux !"
Travailler sa voix, changer sa voix, c'est apprendre à sculpter son corps, à le modeler, à le rendre conscient, à ouvrir une grande fenêtre sur la joie de vivre.
En Inde, le Nada-Yoga (Yoga sonore), au Japon, le Koto-Tama (de même nature), utilisent la vocalisation des voyelles et des consonnes assemblées dans un ordre propre à la langue de leur tradition. Le but est toujours à l'unification du corps et de l'esprit.
En Chine, les vieillards s'exercent à rire longuement dès le lever du soleil. Les Indiens peau rouge, les chamans sibériens, les eskimos, les aborigènes utilisent toutes sortes de techniques vocales pour obtenir la guérison.
Reste que la vérification des pouvoirs thérapeutiques de la voix, de l'invocation, de l'évocation ne peut se faire intellectuellement. Elle passe entièrement par l'expérience vécue. La voix est au corps ce que la sève est à l'arbre. Elle circule et vibre dans toues les ramifications.
"Sigmund Freud s'appelait en réalité Sigismund, prénom juif ; pour Freud, être juif était douloureux. Il a changé Sigismund pour Sigmund. La traduction de Sigmund est quelque chose comme "bouche puissante, bouche victorieuse". Freud est mort d'un cancer de la bouche, la bouche a perdu. Certaines solutions consistent à se masquer, elles ne sont pas bonnes. On ne se fait pas face directement. Freud avait un désir de ne pas arriver au centre de lui-même qui était très fort. Il cherchait un centre autre que le centre intérieur. Il a beaucoup souffert de son cancer de la bouche et il s'appelait "bouche victorieuse". C'était un nom inventé, qu'il avait changé lui-même".
Alejandro Jodorowsky



"Tout bruit écouté longtemps, devient une voix."
Victor Hugo
"En vérité, c'est par la voix, c'est par le son,
c'est par un style, qu'on devient animal,
et sûrement à force de sobriété."
Félix Guattari
"Il faut que la voix des hommes sans voix, empêche les puissants de dormir."
Abbé Pierre
"Une lettre est une âme, elle est le fidèle écho de la voix qui vous parle."
Balzac
"Si vous avez une voix douce et une main caressante, vous conduirez un éléphant avec un fil."
Saadi



Après la poésie si légère du soufi Saadi, voici celle plus ... terre à terre de Claude Serre. C'est du lourd, mais je trouve que ce genre de gag "farces et attrapes" est vraiment "astap" (à se taper le cul par terre) !
Cultivez vos voix (intérieure, sonore, animale, enfantine), développez votre éléphant élégant (pratiquez la posture du dieu à tête d'éléphant Ganesha) plutôt que votre éléphant parfumé (gros égo).
Bonne semaine et "bons vents" !
Bon, allez, encore un sage soufi et c'est tout pour aujourd'hui !