vendredi 26 décembre 2014

Mémoire de Yoga 7

Le "souffle continu", ça suit son "cours" ... bref on continue avec comme invité un (si peu) commun Vitet (Bernard) qui ne manque vraiment pas d'air :

... "- Peux-tu décrire comment ça se passe à l'intérieur du système rhino-pharingé ?
- Il y a d'abord la notion de colonne d'air.
Elle est conique et elle est double, c'est à dire qu'il y a une partie de la colonne d'air qui se trouve dans le corps et une autre partie qui se trouve dans l''instrument.
L'ensemble de ces deux colonnes constituent deux cônes opposés par le sommet.
- A la hauteur de l'embouchure ?
- Justement. C'est la place de ce sommet qui est déterminante. Le cône qui nous intéresse est celui qui se trouve dans le corps. La partie de ce double cône qui est dans l'instrument est très importante, mais on n'y peut rien : l'instrument est rigide, de forme inaltérable. Tout se passe avant le deuxième cône qui est totalement déterminé par la forme du premier. On pourrait dire que c'est une sorte d'entonnoir, avec un trou en haut et à la base une membrane élastique, le diaphragme.
Le diaphragme travaille vers le bas. Ce faisant, il crée un appel d'air à l'intérieur de l'appareil respiratoire et la simple traction du diaphragme vers le bas fait pénétrer l'air dans les poumons (inspiration).

Quand on inspire, on travaille. Quand on fait le son, on se détend. Cela ne veut pas dire qu'on ne travaille pas : on travaille à se détendre, et cette détente produit un son, ce qui est important parce qu'on a toujours l'impression, quand on produit, que c'est le moment où l'on travaille. Or, en l'occurrence, ce n'est pas vrai.
- C'est l'aspect "Yin" qui produit le son ?
- Oui, c'est cela. Ce qui fait que cette détente, qui est moins, est transformée en plus, c'est à dire en production concrète. Par contre, le travail d'inspiration, comme celui de la tension de l'arc dans le Kyudo (tir à l'arc des moines zen) s'il n'est pas producteur, est le moment de la concentration, le moment où l'on accumule l'énergie qui, une fois libérée, sera transformée.
Cette vision de la chose montre très bien que la plus grande efficacité dépend du rapport entre la quantité d'air et l'effort produit pour l'accumuler.
C'est à la base de la colonne d'air qu'il y a plus d'air, c'est à dire dans cette partie de la cage thoracique qui est au niveau de l'estomac, à partir du sternum. On voit bien que les poumons ont une forme conique, et qu'en haut, il y a très peu de capacité pulmonaire. En sorte que la respiration thoracique, qui est pratiquée de façon très générale, ne tend pas à une économie de l'inspiration puisqu'au prix d'un effort très périphérique qui engage tous les muscles intercostaux, qui sont en grande quantité, on fait pénétrer dans le corps une quantité d'air médiocre.
Par contre, si on arrive à augmenter l'amplitude du mouvement diaphragmatique, on va libérer la partie des poumons qui a vraiment la capacité pulmonaire, là où on fait entrer le plus d'air possible, avec le moins d'effort possible. C'est ça qui est important."





La respiration alternée.

Pour bien commencer une séance de yoga, il est judicieux de pratiquer "Nadi Sodhana" (la respiration alternée). Pratiquer sans tiquer ce nettoyage des narines car il produit aussi l'effet d'une grande lessive du système physiologique.
Les "Nadis" sont des canaux subtils qui transportent l'énergie et les pensées, sous forme de vibrations, vers des centres énergétiques.
"Sodhana" signifie "ce qui fait briller" ou "processus de purification".
"Nadi Sodhana" purifie les canaux subtils et stimule les centres d'énergie ("Chakras").
Selon le principe de polarisation du corps humain, le courant positif est inspiré par la narine droite (solaire) et le courant négatif par la narine gauche (lunaire).
Le fait d'alter-nez le passage de l'air dans chaque narine permet d'équilibrer ces courants. Cela a pour effet de pacifier et clarifier notre mental, de stimuler nos petites cellules grises, de nous redonner de l'énergie et de calmer notre système nerveux ...





Ma pratique :

En posture assise, dos droit, épaules abaissées et relâchées, inspirer par les deux narines. Ensuite, boucher la narine droite avec le pouce (si vous êtes droitier) et expirer par la narine gauche. Inspirer par la narine gauche. Les alternances se font toujours sur l'expiration, donc l'expiration qui                  suit concernera la narine droite (narine gauche fermée par l'annulaire ou l'auriculaire).
Sur l'inspiration "rien ne bouge" alors, la prochaine se fera à droite. Continuer en cherchant à ralentir la respiration.
Pratiquez Nadi Sodhana régulièrement et vous deviendrez plus brillant.
Nadi ravissant, propre comme un sou neuf, fait en sorte qu'on se transforme.
Alors, ne pas hésiter, si l'on est tendance "grise mine-déprime", ce souffle nouveau peut faire en sorte qu'on se ravise : nous voilà enfin ravi de la vie !
Ah ouais ! on vit avec aisance et à sa guise, c'est Broadway, mais aussi Byzance ou bien Venise !!!
Bon, chers amis avisés, pour disposer de superbes canaux d'énergie, on fait comme on "Nadi" !
Bonne semaine et bon vent à tous !






vendredi 19 décembre 2014

Mémoire de Yoga 6

Le Souffle (suite) :

... Chez les yogis, il existe cinq souffles : inspiré, expiré, diffusé, élevé, rassemblé. Les vents sont assimilés à des Divinités (Vayu est le Dieu du vent); Le pranayama, discipline du souffle, permet, non seulement de contrôler la respiration, mais aussi de la ralentir, la suspendre.

- Sri Iyengar, vous semblez vouer un culte particulier au Dieu-Singe Hanuman. Quelle est sa relation avec le pranayama ?
- "Hanu" signifie la lèvre et  "Man" le fait d'être assis sur l'extrémité de la lèvre, plus exactement au niveau de l'espace séparant la sortie des narines et de la lèvre supérieure.

Symboliquement, Hanuman représente donc le souffle. Dans la mythologie hindoue, Hanuman est le fils du Dieu Vayu.
Il apparait dans le Ramayana aux côtés des deux protagonistes que sont Sita (représentant la nature ou "prakrti") et son mari Rama (représentant le Soi ou "purusha").
Ravana, démon et roi du Sri Lanka, enlève Sita et Rama est évidemment plongé dans une profonde tristesse.
Or Ravana est représenté avec dix têtes correspondant aux principaux plaisirs de la vie terrestre; ainsi, l'enlèvement de Sita peut être interprété comme la souffrance de l'âme de voir le corps se laisser entraîner par des jouissances matérielles et c'est le Dieu Hanuman qui a retrouvé Sita, qui aide Rama à  la récupérer et donc réunit les deux époux.
Hanuman, ou le souffle, préside donc ainsi à l'union divine "Prakrti" et "Purusha" (la nature et le Soi), entre la matière et l'énergie.
Le yoga a pour but cette fusion de l'âme individuelle ("jivatma" ou "Sita") avec l'âme universelle ("paratma" ou "Rama").

... Laissons là les yogis et allons voir les Soufis. Certains Soufis, joueurs de ney (hautbois), contrôlent sans cesse leur respiration pour que le son ne soit pas interrompu et que l'on n'entende pas l'inspiration.
Ils pratiquent le "souffle continu" (inspiration par le nez - et non pas le ney ! - et expiration dans l'instrument en circuit fermé), le plus difficile étant d'acquérir une puissance d'émission.
Certains musicien de jazz s'intéressent de près à cette technique. Bernard Vitet est de ceux-là, il nous en explique les subtilités :
- Connais-tu les techniques traditionnelles où l'on souffle avec une paille dans un bol d'eau ?
- Oui, je les connais, mais je trouve qu'avec un instrument, c'est très bien aussi : avec une flûte, par exemple. Quand on souffle avec une paille, on apprend à faire ça en finesse puisqu'il s'agit d'une compression très faible. L'air qui se trouve dans la paille est très faiblement comprimé. Pour arriver à une régularité absolue, il faut créer un débit et une tension ininterrompue par rapport à une certaine pression. Pour obtenir la continuité, on doit obtenir une fréquence régulière des lèvres, et les bulles doivent avoir toutes en moyenne la même grosseur et s'échapper de la paille d'une façon continue dans le temps, le même nombre dans une seconde, et à ce moment là, il y a le souffle continu.




Là, sur ce morceau, pas de souffle continu, juste de la belle musique jouée par l'un des grands spécialistes du ney : Kudsi Erguner avec le brio du trio. Si la percussion est typique (zarb), le violoncelle surprend agréablement.
La semaine dernière, nous nous quittions avec "Axel'oiseau", qui n'est ni soufi, ni sous-fifre dans une fanfare provençale. Non, lui ce serait plutôt un joueur de nez (flûte nasale), qui, loin de jouer comme un pied, pourrait bien faire de rêves-errants-cieux "pied-de nez" (genre "câlin d'œil") aux soufis, joueurs de ney.

- C'est vraiment n'importe quoi. Et pourquoi pas, pendant qu'on y est, ne pas parler d'un roi bouffi, joueur de ney né qui prendrait son pied à écouter en continu la conteuse Shéhérazade et ses milles et une histoires grivoises et colorées ?
- Ce n'est pas le sujet, cher intern'locuteur, je parle juste de choix soufi.
- De philosoufie en quelque sorte.
- C'est c'la oui ! Bon passons plutôt à la pratique yogique. Il est grand temps de calmer les esprits, voici venu le moment relaxant qui s'impose : la respiration "brahmari".
- Et qu'est-ce que c'est qu'ça : la respiration au bain-marie, c'est quand t'as la rate au court-bouillon ?
- Que nenni ami ! Venons-en à la pratique de la respiration de l'abeille (brahmari) dont le son produit ressemble au bourdonnement d'une abeille.
"... les textes préconisent que l'étudiant doit produire, avec une inspiration énergique, un bourdonnement semblable à celui d'un abeille mâle et, avec une expiration lente, un bourdonnement semblable à celui d'une abeille femelle. Le son est plus fort à l'inspiration et plus doux à l'expiration ... Le son doux conduit à un état de félicité et de sérénité. Prolongé, il accroît les vibrations dans tout le corps. Ces vibrations ont un effet rafraîchissant, de sorte que l'esprit s'apaise."
Shri Mahesh



- Dis-donc, ne serait-se pas le "souffle continu du yogi" ?
- Non, pas vraiment, puiqu'en fait, on place un moment de rétention  de souffle entre les deux bourdonnements. Ce serait plutôt du souffle contenu.
- Ce n'est pas évident, surtout le bourdonnement sur l'inspiration.
- Pour sûr l'Arthur ! Mais une fois que t'as pigé le truc, ça va.
- Et le truc, c'est quoi ?
- Faut faire chanter la glotte (et bien sûr fermer la bouche).
- Et bien moi, j'en reste bouche bée et sans voix.
- Ça viendra avec le calme intérieur ! Bien, comme disent les soufis :
"Salam aleikoum" : que la paix soit avec toi !
- Là, je sais ce qu'il faut répondre :
"Aleikoum salam"




Allez, bon vent et bonne semaine !

vendredi 12 décembre 2014

Mémoire de Yoga 5

LE SOUFFLE

Après tout ce travail manuel, soufflons un peu.

Homère agité par le souffle nouveau d'Eole :
Eole était le Dieu de tous les vents qui soufflent sur terre et sur mer. Il fit cadeau du vent à Ulysse et à tous ses compagnons, histoire de leur assurer un bon retour au pays. Ce ne fut pas la faute du Dieu si l'équipage du roi d'Ithaque ouvrit les outres gonflées d'Eole sans regarder l'étiquette, ni le mode d'emploi, ni le contenu. Vous connaissez la suite : les vents qui se déchaînent, qui s'abattent sur les vaisseaux, les vagues qui engloutissent les compagnons d'Ulysse.

On raconte qu'Eole, pour se consoler, fabriqua avec de la glaise, qu'il fit cuire au soleil de son île, un tout petit instrument, une sorte de petite flûte ovoïde, avec une dizaine de trous, puis il se mit à souffler dedans et cela donna ceci : DO RE LA SOL ! (il devait avoir faim).

- Pas mal, se dit Eole, mais il ne cessait de penser à qui était arrivé à Ulysse et ses compagnons.
Alors, il fit venir devant lui tous les vents, sans aucune exception, petits et grands, forts et faibles, vents du nord, du sud, brises caressantes, redoutable tramontane. Lorsque tous les vents eurent fini de s'aligner et de se tenir au garde-à-vous devant lui, Eole leur annonça qu'il avait décidé de tous les placer sous l'autorité du plus faible, du plus insignifiant de leur groupe.

- Votre chef, dit Eole, sera désormais le souffle de l'homme.

Vexé, le vent du nord, le plus fort et le plus redoutable parmi tous les vents, osa demander la raison de cette décision divine.

- C'est simple, continua Eole, le souffle de l'homme est, parmi vous, le seul capable de glisser par l'ouverture d'un roseau et de lui traverser le cœur sans le briser et sans lui faire le moindre mal.

- Flûte alors, se dit le vent du nord.

Depuis cette époque très lointaine, tous les vents vexés, pour ne pas dire enragés par la décision d'Eole, ont essayé de glisser à leur tour par l'ouverture du roseau et de traverser son cœur sans le briser, mais seul le souffle de l'homme a réussi cet exploit.

Ainsi, des milliers et des milliers d'hommes à travers le monde ont utilisé et utilisent toujours leur souffle pour faire vibrer le cœur du roseau.

"Écoute le roseau, sa plainte nous parle de séparation : depuis que l'on m'a coupé de la jonchée, mon souffle fait gémir les hommes."  Rûmi

Si le souffle qui chemine tout le long d'un roseau ne laisse pas de traces sur le cœur de l'instrument, il en laisse, et peut-être très profonde, sur celui de l'homme qui voit dans tout instrument à vent un prolongement de son propre corps, une imitation de sa propre voix, une tentative pour mieux concrétiser tout ce que cette voix veut et peut matérialiser : une plainte, une expression, un cri de joie ou une pensée secrète.
"Lorsque je joue du shenaï, j'ai l'impression de creuser un trou profond dans mon âme et d'en extraire avec chaque note, chaque modulation, une partie de sa substance divine".
Pour le musicien Indien, Daya Shankar, le souffle est la force qui lui permet de descendre au fond de lui-même.

La voix et le vent : des liens intimes relient l'un à l'autre. Pour les Musulmans, le roseau transmet le souffle divin. Toute musique sortant de pareils instruments prend un caractère sacré.
Les japonais considèrent le Shakuhachi (flûte traditionnelle à huit trous) comme un intermédiaire entre les forces matérielles et immatérielles.




Voilà, c'était notre épisode "retrouvaille avec notre mémoire de yoga" : "Le yogi : un homme musical" (écrit entre 1986 et 1988). A l'époque, internet n'existait pas, c'était fou (gogol), on vivait carrément sans Google.
Par exemple, avant, pour trouver d'exquises citations sur la flûte, c'était pas fastoche !
Maintenant, on consulte l'ordi et on se dit : "bonne pioche, cette pensée est loin d'être moche". On se sent comme un mioche qui se dit : "c'est dans la poche !".
"Le serin : trois notes de flûte dans un écrin de plumes."
Félix Leclerc
Plutôt que de s'étouffer dans des relations humaines dissonantes, mieux vaut suivre les conseils de Molière :
"Mettez, pour un jour, vos flûtes mieux d'accord."
On peut boire une flûte de champagne à la santé de Verlaine :
"Oh ! la nuance seule, fiance le rêve au rêve et la flûte au cor."
Ou bien se régaler de cette phrase de Georges Duhamel :
"Mais fluide comme un filet d'eau pure, un chant de flûte ruisselant dans l'ombre."
Ou de l'exquise excitation que procure cette citation de l'excellent Tagore :
"Ma vanité de poète meurt de honte à ta vue. O Maître-Poète ! je me suis assis à tes pieds. Que seulement je fisse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisse emplir de musique." ("L'offrande lyrique")
Voici venir "l'appeau-théose" finale réalisée par un virtuose pas banal.
Pour l'illustration sonore de cet article, je vous présente un talentueux trouvère moderne que j'ai connu du temps où je vivais à Aulnay-sous-bois (93). Il m'a étonné et enthousiasmé plus d'une fois. Cela faisait un bail que je ne l'avais pas vu, je le connaissais expert en "piano à pouce", je le retrouve en joueur de flûte nasale. Aux âmes bien nez ...


... rien d'impossible, merci Axel Lecourt !
La semaine prochaine, on continue à voyager ... dans le temps et dans des sphères "ça vente". Eole le grec laissera sa place à Vayu l'hindou qui nous mènera au dieu-singe Hanuman. D'ici là, songez à être singe ... euh ! sage et prenez donc le temps ... de souffler.
Allez, bon vent à tous !!!




Pas trop fort quand même ....
- Mais qu'est-ce que c'est qu'ce cirque ?
- C'est celui de Fred (le dessinateur B.D du "Petit cirque").



vendredi 5 décembre 2014

"Posture de Yoga (n°3) : Le Poisson."


Autrement dit : Matsyasana.

"Aujourd'hui, un oiseau m'a montré le chemin, m'a conduit jusqu'aux rives de l'océan de la joie, tout à coup, j'ai vu le soleil, tout à coup, mon âme s'est ouverte."
Tagore

Comment faire le lien entre le poisson et l'oiseau de Tagore ?
Et bien tout souplement, tout simplement en regardant la posture. Cela saute aux yeux, on ne voit que ça : l'ouverture de la cage thoracique. Ouvrir la cage au drôle d'oiseau qui vit en nous, le regarder déployer ses ailes et s'envoler ("c'est beau ! Ouvrez, ouvrez la cage à l'oiseau ... ", l'heureux Perret).

Symbolisme : l'interprétation de Shri Mahesh.
"Un jour, le sage Patanjali méditait sur le mystère de sa véritable identité, à un endroit qui était le point de jonction de deux rivières ... Soudain, il ouvrit les yeux et vit un poisson minuscule qui remontait le courant. Patanjali réalisa qu'il tenait là la réponse : le yoga aide à monter à contre-courant de la vie, c'est-à-dire à aller contre les tendances intérieures, les habitudes de l'égo, en fait contre tout ce que en quoi notre nature matérielle se complaît ... C'est ainsi que, grâce à un petit poisson, Patanjali devint un libéré vivant ou jivanmukta."

- Et pendant la posture, que nous conseillez-vous de faire, cher maître ?
"L'élève visualise un lac aux eaux calmes. Il stabilise ainsi son mental en le maintenant fixé sur cette vaste surface liquide, qui apporte calme et paix intérieure."
- Merci Shri !



Cette posture fortifie l'ensemble du corps.
Dans chaque posture, on se met à l'écoute de la globalité du corps. Cela peut paraître difficile lorsque l'on débute. Ceci s'apprend et ça prend du temps. Vivre "lent-semble" du corps, c'est pour ça qu'on pratique avec "petite vitesse et grand lentement" parce qu'alors "c'est tout bon" comme aiment à dire les helvètes.
Et puis le chemin à parcourir est exquis et peut nous mener jusqu'aux "rives de l'océan de la joie" ! C'est ainsi que l'on se sent pousser à la fois des ailes et des nageoires et que l'on se sent devenir puissant comme l'océan, armé (aimé) d'une foi en soi inébranlable.
Alors heureux comme un polisson dans l'onde, sûr de ne pas rater sa cible grâce à la joie invincible qui nous habite, on est serein. Enfin, notre tendance irascible, notre côté bougon s'effacent.

- Quel joli coup de gomme ! Savez-vous comment on nomme l'asana ?
- Non, mystère et boule de gomme !
- "Destructeur de toutes les maladies".
- Saperlipopette, c'était tout bête !
- Voilà, c'est dit.



Encourager les effets psychologiques du poisson en se disant :

"Je me sens stable.
Je me concentre au niveau du coeur.
Je m'ouvre avec confiance en comptant sur mes propres forces."

"Déesse Ambre" nous rappelle que c'est le mois de l'offrande du cœur. C'est une bonne posture pour Décembre. Quel est donc le rasa (la qualité) de ce plaisant présent ?
Laissons répondre Barbara Litzler :
"Les Dieux, fatigués de l'usage inconsidéré que les hommes faisaient de leur divinité, décidèrent de la leur dérober. Après en avoir discuté longuement, ils se mirent d'accord pour la cacher au cœur de leur cœur même.
Depuis les hommes sont allés partout. Ils ont exploré le fond des océans et le sommet des plus hautes montagnes, les déserts et les jungles, et même la lune, mais peu d'entre eux ont retrouvé leur origine divine, dans le cœur de  leur cœur.
Cette légende indienne laisse présager la joie que peut éprouver celui qui retrouve sa divinité dans son propre cœur. Une joie sans objet, source de toutes les joies que nous attribuons à tort à des causes extérieures."
C'est bien fait ! Ses bienfaits physiques, revenons-y justement.
"Assouplir la cage thoracique et déverrouiller les épaules, cela permet de respirer comme qui rigole".
La posture stimule les glandes thyroïdes et le thymus, ce qui nous protège davantage contre les invasions barbares (non pas contre les invasions de Barbara, mais celles-ci nous sont bénéfiques).
Elle assouplit le dos, apporte un afflux sanguin au niveau de la tête.
"Sur le plan physique, cette posture s'avère d'une grande importance pour les articulations car elle en modifie la structure et leur procure une certaine souplesse."
Shri Mahesh
Voilà, essayez et vous verrez.
Namasté !


vendredi 28 novembre 2014

"Qui trop s'agite, erre"


"Les musiciens accordent leur lyre mais oublient d'accorder leur âme. Ce ne sont pas les planètes qui errent mais les hommes."
Diogène
"Au bout de la patience, il y a le ciel."
Proverbe africain





Lorsqu'il s'agit de se taire, par Jupiter, y'a plus personne.
Lorsqu'on lui demande de taire ses agitations, c'est tout un monde.
Mais, par "foi", le sage en lui, va dans son gîte en solitaire.

"Sagitations du sagittaire" :
Salutation à notre guide du zodiaque (J. Bertrand). Ce mois-ci, il s'intéresse aux jupitériens.
"Le sagittaire se croit volontiers sorti de la cuisse de Jupiter. La plus grosse planète du système solaire est sa maîtresse et, dans l'homme zodiacal, le sagittaire figure la cuisse (tout se tient).
La cuisse est le point faible du sagittaire.
Pour le reste, il a une santé de cheval. D'ailleurs, on le représente avec un buste d'homme sur un corps de cheval. Avec un arc et une flèche. Tous ces attributs lui donnent une espèce d'ampleur dans le mouvement.
Le sagittaire prend de la place."


Centaure signifie " la force de cent".
Il se croit facilement sans torts, se sent fort et vit sans temps mort. Ce donneur de leçon tonique, allant à vitesse supersonique, peut-il vivre cent ans ?
En attendant, il fait parfois de la philo de rigolo, tel Woody Allen (natif du signe) :
"J'ai des questions à toutes vos réponses."
"Pour qui te prends tu ? Pour Dieu ?
- Il faut bien que je prenne quelqu'un pour modèle ..."
"Dieu est mort, Marx est mort, et moi-même, je ne me sens pas très bien."
"L'éternité c'est long, surtout vers la fin."

Idéaliste, enthousiaste, il s'agite parfois sans s'ajuster, alors il s'expose à se retrouver vite en porte-à-faux avec la réalité. Il s'emporte (sans porte de sortie), mais il sait se tenir (il ne veut pas ternir son image sociable).
Jupiter pose sa foudre et rentre tranquillement dîner avec Junon et les enfants.
Le goût du jeu, du risque (et notamment de la vitesse), peuvent compromettre sa réussite et même sa vie.
Bon vivant (il se tape facilement sur les cuisses), gourmand (se tape la cloche), jovial (des soucis, il s'en tape), amical (tape le carton), sportif (tape la baballe), de vie il se régale.
Ce descendant du centaure ne se sert pas la ceinture (quoique le spécimen "sage" puisse se satisfaire du strict nécessaire). Socialement parlant, on le retrouve tout naturellement parmi les "gros bonnets" ou les "grosses légumes".
"Le sagittaire est souvent sage, mais il éprouve aussi le besoin de s'agiter."
"Le sagittaire est un signe de feu. C'est le dernier feu de l'automne. Il voit loin.  Il joue les guides, les prophètes, les gardiens de phare. Il a l'esprit de synthèse. Il fait un excellent professeur, un remarquable organisateur."
Il a besoin de s'extérioriser. S'il ne lui donne pas de but valorisant, la flèche de son esprit peut se retourner contre lui-même.
A noter que le sagittaire pilote auto doit faire gaffe aux tête-à-queue (de cheval !).
L'impétueux étalon, devenu plein de sagesse et de talent n'est pas impatient, il lit Bobin (natif du taureau) et s'en porte bien :
"Il nous appartient - quand tout nous fait défaut et que tout s'éloigne - de donner à notre vie la patience d'une oeuvre d'art."
Christian Bobin



Afin que le sagittaire puisse se dégourdir les pattes, gambader à son aise, voici une vidéo "grands espaces finlandais" accompagnée par la si belle musique du compositeur sagittaire Jean  Sibélius.
Je vous laisse sur ces exquis paysages musicaux.
Allez, bon vent !

Crédit images : "Le monde de momo".


vendredi 21 novembre 2014

Instrumentarium (n°2) : La Guimbarde.




"La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles."
Gustave Flaubert

Alors, pour parler aux étoiles, l'homme a inventé la guimbarde !
Cet instrument curieux se retrouve sur tous les continents et dans toutes les traditions européennes. La guimbarde est originaire d'extrême-orient (ce qui en fait un instrument extrêmement drôle, très-or riant).
Ce drôle d'instrument est lié au pouvoir chamanique (Sibérie), au divertissement collectif (Bali), à l'amour (Chine).
C'est l'un des instruments les plus anciens du monde.
Il peut faire danser mais la "guimbarde" est (a été ?) aussi une danse de provence (guimar : sauter et wimon : s'élever).
Cet idiophone qui nous rend moins bête, nous permettrait-il de nous élever spirituellement ?
Faut-il le mériter ?
Pourtant, il est simple et plat, à le voir on se dit que cela doit s'utiliser sans coup férir (sans difficulté).
En effet, c'est simple comme bonjour, encore faut-il prendre le temps de se mettre soi-même au diapason et si l'on s'énerve, mieux vaut alors aller prendre l'air. Il faut être en sympathie avec lui, l'aborder comme un ami.
Pour ma part, je n'apprécie guère la guimbarde classique que l'on trouve dans les magasins de musique. Pour avoir un son correct, il faut placer l'objet entre les dents et ça, je ne supporte pas (en plus, je crains pour mes dents, déjà que-note j'ai une dent contre).


Mais revenons à la langue, à l'étymologie (oublions la traumatologie de la languette).
Dans le langage courant, la guimbarde peut être :
Un vieux tacot k.o, une mauvaise guitare, un rabot nabot ou un groupe de musique traditionnelle wallonne "Lu Gaw" (La Guimbarde).
La guimbarde se dit en anglais jaw's harp (harpe à mâchoire). Dans le langage populaire, cette appellation subit souvent une déformation : on l'appelle à tort jew's harp, ce qui signifie harpe des Juifs.
Pas besoin de mordre la guimbarde avec le modèle vietnamien "Dan Moî", puisque, comme son nom l'indique, on la pose entre les lèvres (moî signifie lèvre). C'est ma guimbarde !
Elle me fascine par son emploi si facile et par sa sonorité très riche en harmoniques !


En remontant le temps, on découvre que la guimbarde était la dame de coeur, c'est à dire la carte la plus importante d'un jeu de carte nommé "la mariée".
Gabriel Yacoub (l'un des créateurs du groupe "Malicorne") va plus loin dans son livre passionnant
"Les instruments de musique populaire et leurs anecdotes". 
"Dans différentes traditions, la guimbarde est liée aux rapports amoureux. Certains organologues lui attribuent même une symbolique sexuelle. C'est ainsi qu'au Viêt-Nam, les jeunes gens accompagnent leur déclaration du jeu de la guimbarde."


"C'est aussi le cas dans un pays de civilisation toute différente : l'Autriche puritaine du XIXe siècle, où l'on utilisait la guimbarde pour exécuter des sérénades sous les balcons des belles Viennoises.
Les autorités interdirent cet usage, prétextant qu'il mettait en danger la vertu des jeunes filles."

Cet instrument est essentiellement d'utilisation populaire ; il faut attendre le XVIIIe siècle pour que le compositeur allemand Johan Alberchtsberger (1736-1809) consacre un concertino à la guimbarde en 1769.
Au XIXe siècle, les orchestres de guimbarde étaient très prisés. Ils étaient constitués d'un nombre de musiciens pouvant aller jusqu'à vingt et jouaient en plein air.




Définis-sons ce mystérieux objet musical.
Il est en laiton ou en bambou. Le cadre en fer se nomme la lyre et il dispose de deux branches entre lesquelles une languette vibre quand on la touche avec le bout d'un doigt (le pouce ou l'index).
La lame vibrante fonctionne exactement comme les cordes vocales. On peut parler avec une guimbarde sans se servir de ses cordes vocales.
Les personnes vivant sans larynx peuvent l'utiliser pour s'exprimer. On entend alors une parole synthétique qui ressemble à un vocoder mécanique (le vocoder, c'est ce clavier qui produit la drôle de voix de robot dont use et parfois abuse le célèbre duo electro "Daft Punk").
En soufflant ou en aspirant plus ou moins fort, on change, module la puissance sonore. Donc c'est tout bon pour nos poumons.
A écouter :
"Guimbardes du Monde" du jovial Tran Quang Haï (Playa sound, 1997) et de l'incontournable John Wright : "La Guimbarde" (Chant du Monde, 1971).

Allez, bien l'bonjour chez vous, portez vous bien.
Adoptez et domptez une guimbarde sauvage, vous ne le regretterez pas !
Haïku :

"Le barde qui gambade,
dans l'herbe mouillée,
chante la guimbarde."
Y.M

vendredi 14 novembre 2014

"Coude coeur, kdo top ki dope"


"Impossible de vous dire mon âge, il change tout le temps."
"Al fonce"Allais



Jour d'anniversaire, je lève le coude et je me laisse-aller à un inventaire de mes coups de coeur. Enfin, juste quelques-uns, je flâne à loisir dans l'univers de mes petits plaisirs (je met de côté les plus évidents comme le yoga, ce blog ... ).
Clownesque commun nouveau nez, jeu "mes merveilles".

"L'oh ! à la bouche".
Le "chant harmonique" ou "chant diphonique", dit aussi "charme à monique" (lire le message "Bois ta musique" du 17.10.2014), est doublement charmant.
Le chant diphonique, avec sa voix flûtée et fruitée, futée et affûtée, associée à un bourdon "cornemuse",  masse tout l'organisme, avec sa promesse d'extase par les vibrations sonores qui par conduction osseuse, se diffusent partout en nous. Le squelette rit et les muscles aussi.
Ce chant devrait être côté en bourse, il est épatant, précieux et évolutif : il m'est chair et c'est une valeur en os.
Il me donne du coffre, me rend plus fort et me donne de l'assurance, il est tout bénéf  pour mes poumons.
Il ne manque pas d'intérêt si tu sais bien placer ta voix.
Si tu t'investis bien, non seulement tu deviens plus riche intérieurement, mais en plus, tu doubles ton capital santé.



"L'eau à la bouche".
Charme et harmonie se retrouvent aussi dans les deux formes de sourires féminins :
L'horizontal (la "bouche d'en haut") qui fait plaisir aux yeux et rend l'esprit joyeux.
Celui là, que l'on soit homme ou femme, il nous donne la banane !!!

Le vertical (la "bouche d'en bas", "l'origine du monde", le "jardin parfumé", le "puits à nectars", la "fontaine de jouvence", la "figue" ou "l'abricot fendu") qui fait ... kiffer !!!
"Monsieur Dard" (le"bambou frémissant","l'impétueux petit bâton", "la tige de jade", "l'herbe qui pousse dans la main") est ravi quand la vie ("Madame Vase-doux") lui sourit.

Le sourire aux lèvres et le coeur sur la main rapprochent les humains.




"L'art des mets" : on va déguster !
Après le choc extatique, voilà venir le chocolat chic (qu'mon pépé appelait "chiclat").
C'est une véritable épreuve initiatique pour travailler sur la patience.
En effet, comment ne pas se taper une religieuse en un éclair (achetés chez l'excellent "Lazzaro" à Andernos) ?
Comment ne pas finir à la petite cuillère, le pot de régalade "chocolade" - le "nutella" bio Jean Hervé - que l'on vient tout juste d'entamer (et d'acheter à la biocoop locale) ?
Pour finir en beauté avec ces coude-cœur cacaotés, comment ne pas abuser de la mousse au chocolat quand elle est bien faite comme (celle de) Miss Funny ?
Et comment ne pas succomber au succulent miel bio produit par les abeilles d'Andernos ? Offert par l'amie yogini katie qui mériterai de recevoir le prix nobelge de la gourmandise.



"Sur la grosse cloche,
un papillon dort,
profondément."
Haïku de Buson
Après s'être tapé la cloche, s'amuser avec ces instruments de musique qui résonnent et dont la rencontre te rend plus intelligent (seulement si tu n'as pas peur d'avoir l'air cloche) :
Le gong chinois, le bol chantant népalais, la cloche tubulaire "kutu-wapa", le carillon balinais, la kalimba africaine, les cymbalettes tibétaines "tin-chak", le petit gong thaï en forme de nuage du bonheur, la guimbarde vietnamienne "dan moî" ...



Voilà, vive les petits plaisirs gratuits (ou presque) !
Osons avoir le sourire banane soukouss, le sourire grivois ma housse (de couette), le sourire deux voix mahousses, le sourire face à la mousse, the smiley mouth and the smooth mouse ...
Cette dernière partie de phrase (en anglais) et le titre de cet article peuvent faire office de virelangues, à dire vite et à répéter sans pause, donc !

Crédit dessins : Geluck et son chat, pour le soyeux et joyeux sommeil au paradis, c'est James.



"Plaisants-Souvenirs" : remis en mémoire (par cet extrait de ma thèse "Le yogi : un om musical").

"Ououououou ......... Eueueueueu .......... Iiiiiiiiiii .....
Lèvres en avant, langue tortillée en arrière, assis en lotus bouche décousue, je mugis en grimaçant des sons bizarres. Centre Mandapa, un dimanche matin (le 14 Novembre 1988), nous sommes une douzaine à chanter ainsi, j'assiste à un stage d'initiation au chant diphonique, Tran Quang Haï joue (à merveille) le rôle de maître enchanteur.
Ououououou ...... Eueueueu....... Iiiiiiiii ...... D'un seul coup d'un seul, le son magique et ancestral est sorti de ma bouche."

Dire qu'il m'a initié au baiser harmonique et que ce jour là, je jouais le rôle que tient Bach yen dans la vidéo. "Dorénavrant", je m'appellerai "Bach Yann" quand je jouerai de la musique du Vietnam !!!


Un de mes cadeaux d'anniversaire, un incontournable de la B.D d'humour, le talentueux Riad Sattouf dont le nom seul déjà me fait rire. J'imagine ceci :
"Il la vit nue, le buisson taillé en forme de coeur. Cela le mit en joie, il ria d'sa touffe."
Ce roman dessiné se nomme "L'arabe du futur" (Une jeunesse au Moyen-Orient), je sens que je vais me régaler !

"- On goûte ? se renseigne ma belle amie.
- sans aucun doute, il est grand temps et j'ai grande faim, lui dis-je en regardant l'heure. Dans la cuisine, ma dulcinée (qui n'a point lu ma missive blogueuse) me montre ceci :



"La vita e bella", n'est-ce pas ?
"Allais", faites comme Alphonse restez des calés et l'oreille en coin, je vous salue bien !


vendredi 7 novembre 2014

Posture de Yoga (n°2) : La "Pince assise".

"La bonne médecine est faite pour guérir.
Pour ce faire, il faut qu'elle soit pleine de foi.
Si vous ne croyez en rien, si vous n'y mettez pas votre coeur,
il vous sera difficile de guérir."
Proverbe amérindien



J'en pince pour la pince !

C'est l'une de mes postures préférées. Et je ne suis pas le seul. Paschimottasana est très estimée par les maîtres yogis, car elle active l'éveil spirituel.
C'est fou l'effet que produit cette posture. Lorsqu'on la pratique, on se sent à la fois sage et "carrément à l'ouest". Et si l'on traduit "paschimottasana", on obtient :
"La posture de l'étirement intense vers l'ouest".
- Oui mais l'ouest, où est-ce ? Et ouest terne ou est-ce coloré ?
- L'ouest, c'est le dos. En effet, en Inde, on pratique le yoga face au soleil levant, à l'est. Le dos fait face à l'ouest. Avec cette posture, on cherche donc à étirer au maximum le dos, pour le bien-être de la colonne vertébrale (que l'on nomme aussi "l'arbre de vie").
Sans rire, plié en deux, la pince à linge allonge et nous grandit spirituellement (paradoxe : on est alors plié en dieu).
Pour pouvoir se plier en deux comme une pince (d'où son nom), la posture nous aide à assouplir le bas du dos.
Assouplie, la région lombaire épanouie, n'a plus qu'une envie, celle de retrouver cette posture (qui étire si bien toutes les régions postérieures du corps, voir dessin ci-dessus).
Plus on l'apprécie, plus elle nous nourrit, nous sourit et on finit par la prendre comme qui rigole !
Quelle jolie synergie !
C'est une posture clé qui ouvre des régions du corps cadenassées, soumises à la menace du stress. Le bas du dos et le bassin sont situés à un endroit carrefour entre le haut et le bas du corps.


Grâce à la pince, le courant passe !
Elle régule le système nerveux. D'après Sri Mahesh, dans son excellent livre "Yoga et symbolisme", c'est une posture qui fait passer l'énergie vitale le long de la colonne vertébrale (de sa base au sommet de la tête). Dans la mythologie, c'est l'Arc de Shiva (Arc de vertu, de vérité et de justesse) :
"Shiva ne manquait jamais sa cible, qu'il touchait toujours juste et en profondeur."
Donc, celui qui pratique la pince, le fait avec la pression juste de la flèche qui atteint la cible.
- Oui mais étirer n'est pas tirer.
- Tu as raison, et Shri Iyengar devrait en tirer la leçon, au lieu de faire le c.. !!!


- "Zer Maître, z'il est vrai que z'en pince pour vous, ça zébré (s'cusez-moi, z'ai le nez écrasé par le poids, du coup ze parle un peu du nez), zela ne vous autorise pas pour autant à faire le zèbre ou plutôt le paon sur mes vertèbres dorzales. Z'en ai plein le dos", pense peut-être la yogini pliée.
A noter que la posture du paon est vraiment celle que Sri Iyengar exécute avec brio mais sans gêne.

La pince permet au pratiquant de s'alléger la tête et de se débarrasser de son fardeau mental, de tout ce qui lui pèse (sauf quand un prof profite de la situation). Là, pour l'élève aplatie, le fardos est encore plus lourd.
Dans cette posture, les abdos, le système digestif et la circulation sanguine sont stimulés. La pince masse le foie, la rate et le pancréas.
Elle rythme le coeur et le tonifie. Elle permet une expiration maximale, les poumons sont joyeux : on utilise enfin tout leur potentiel.
Maintenant que nous avons vu (photo ci-dessus) comment pratiquer la posture sans la quitter, voyons comment la pratiquer sans tiquer :


"... Ne pas forcer le travail des bras et concentrer son effort sur l'étirement postérieur de la région lombaire. Avoir le désir de poser le thorax le plus en avant sur les cuisses, comme pour aplatir et allonger l'ensemble du dos."
" ... Lorsque la tête et le buste descendent en avant, l'étirement part de la nuque, du dos, des cuisses et se poursuit jusqu'aux talons."
Shri Mahesh
Voilà, cette pince est vraiment un outil précieux pour le développement personnel. C'est aussi la posture qui convient bien pour ce mois de novembre (posture d'intériorisation qui nous ancre davantage et qui nous fortifie, nous rajeunit, nous réchauffe le cœur et le corps en ces temps pluvieux et plus froids).
Faites en bon usage et portez-vous bien.
Adichats !

Shri Iyengar est décédé récemment. Je n'appréciais pas vraiment sa pratique yogique (en général, je râle contre l'utilisation d'ustensiles inutiles), mais j'aimais ses écrits clairs et précis sur le yoga.

Crédit dessin : "Yoga ; Anatomie et mouvements" de Leslie Kaminoff.


vendredi 31 octobre 2014

"Vertige de ce corps pion"


"Le même fleuve de vie qui court à travers mes veines nuit et jour court à travers le monde et danse en pulsations rythmées".
Tagore ("L'offrande lyrique")

Muriel Reiki me dit :
"Les parkinsoniens ne supportent pas les ordres. Du coup, ils se protègent et cherchent à tout contrôler".
Bref, là où ils doivent s'abandonner, lâcher-prise, ils ne lâchent rien, résistent et font plutôt du "fâcher-crise". Ce qui en langage corporel peut se traduire par angoisses, vertiges et tout le tremblement !
Attention haute tension (le chanteur Gilbert Bécaud, surnommé "Mr 100 000 volts", était scorpion), pour Mme Spasmes et folie ou Miss Parkinson, la tentation est grande de s'installer et de prendre les commandes de "ce corps pion". Pierre Vassiliu (scorpion parkinsonien) a vacillé sous son emprise à la fin de sa vie.
Moi-même, ayant la chance d'être lent, je me sens surtout chancelant (n'ayant pas le pied marin, je ne fais guère le malin) et cherche simplement à vivre heureux en attendant, la mort dans l'âme, le vaccin anti-tocsin (parquisonne le glas ?) ou le remède anti-toxines (un excès de fer dans le cerveau est constaté chez les gens souffrant de cette maladie).

Vertige de l'amour, vertige de l'âme-hors !
Jacques Bertrand nous décrit le signe astrologique du moment :
"Le scorpion danse à petits pas avec Éros et Thanatos. Il est prêt à se laisser mourir de plaisir mais, à la moindre douleur, il se sent revivre. Il ne cesse de se détruire et de renaître à longueur de journée. Le Phénix - l'oiseau qui renaît de ses cendres -, c'est lui."

Que d'émoi et que de mois qui défilent à vitesse T.G.V, nous voici déjà rendus au mois de Novembre.
"Le mois de Novembre est perçu comme le mois le plus sombre de l'année ...
... Malgré cela et comme toujours il y a de belles journées, éblouissement du soleil ... qui nous regarde droit dans les yeux et se laisse accrocher par les feuilles qui bruissent sous nos pas."
Tiens Mme Litzler ("Les saisons du yoga") est de retour, quel style ! Même les durs de la feuille, qui n'entendent rien à la poésie, apprécieront cette douce musique, cette goûteuse nourriture spirituelle.
Bienheureux le bien nourri dans sa tête car point ne se pourrit la vie.
"Personne ne peut nourrir notre vie à notre place. Si nous ne savons pas voir la beauté, accueillir l'imprévu, si nous vivons par procuration à travers notre conjoint, nos enfants, notre situation sociale ou professionnelle, nous risquons bien de nous retrouver un jour comme des preta* du bouddhisme, malheureux éternellement insatisfaits."

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à ceux qui ne le sont pas ou si peu, les scorpions.
Le scorpion a tendance à se métamorphoser sous l'effet du danger. Ce ré-volté électrique, ce rebelle hyper-sensible, dans un monde de brutes mute et devant un monstre difforme se transforme. D'après l'astrologue ésotérique, en situation de danger, le scorpion se régénère, on le voit changer.
Armé de perspicacité, de calme, de patience, il devient serpent, ce qui lui permet de changer le poison en médoc, le venin en remède.
S'il a un but et s'il vit sans abus, après plusieurs mues et à l'âge mûr, il transmute. Il se sent pousser des ailes et devient un aigle. Il arrondit et agrandit ses angles de vie et de vue.
"La patience a beaucoup plus de pouvoir que la force."
Plutarque
S'il mène une vie de patachon, abuse de drogues (en son phare intérieur se dira : "de force, la came m'isole"), il est foutu, devient un sanglé cinglé qui s'emploie à s'emprisonner, à s'empoisonner, oubliant qu'il porte toujours au dessus de sa tête son épée de Damoclès. Cet inconscient, ferait bien de se munir d'un sérum contre son propre venin.
A cause de son attitude, le scorpion vénéneux, ennuyeux, est mal aimé. Quand à l'aigle agile qui agit, il est mal vu (mais ça, c'est peut-être à cause de l'altitude).

Doute tu viens ?
"Le scorpion n'a pas l'air tranquille. Qu'est-ce qui inquiète le scorpion ? Rien. Tout.
Le scorpion s'interroge. Il doute. De tout et parfois même de ses doutes."
Gaie quête : piquette ou grand cru ?
" ... Le sexe, est pour lui une espèce de drogue alcoolisée mais dont il use ordinairement - comme d'un vin de table. Le scorpion est - comment dire ? - sexique."
Comme le bon vin, vieillit bien ?
Ça dépend de chacun, prenons par exemple, le chanteur "scorpion" Neil Young (69 ans), il a toujours quelque chose de ... comme son nom l'indique. Il est loin d'être un ... :


"Dead man" (étonnant film de Jim Jarmush, daté de 1996, avec l'épatante musique de Neil Young).

*Étymologie : Preta.
D'après le "Wiktionnaire", preta vient du sanskrit et signifie "ceux qui sont allés de l'avant" (en référence aux morts).
Au niveau religieux, ce sont des démons bouddhistes qui ont un fort appétit de cadavres et d'excréments.
Est-ce que ces espèces de fantômes affamés pretarire ou donnapenser ?

Bonne vie et bonne semaine, caresses et bises à l'œil à tous et ...
"Câlin deuil" ensoleillé à la féline yogini toujours jeune, "Cat", qui, à pas de velours, en Cathy mini, dans ma grotte de la squaw, est venue faire du squat et du s'cat, en Cathy mimie jouant sur l'émotionnel pendant que je jouais sur les maux) !!!

Quand au "chat-dok", il nous dit :




vendredi 24 octobre 2014

"De deux choses lune ..."

... l'autre, c'est le soleil." (Prévert)
"Le monde a tué la lenteur.
Il ne sait plus où il l'a enterré."
Christian Bobin
- Si ça se trouve, c'est sur la lune qu'on a "enluné" la lenteur.
- Tu as raison, c'est depuis que l'homme a mis les pieds sur la lune, que le monde va trop vite.
- C'est à cause du spoutnik, si le temps est pourrik !
- C'est l'ère des excès, tout s'excèslair.
- Ami mal luné, tu as vraiment l'air excédé et désaxé, faudrait peut-être que tu penses à regarder la lune en phase !
- Comme tu dis, je pars illico consulter Dame astro.


Dame astro, vous avez le beau rôle, celui d'éclairer notre petite lanterne, à vous la parole. Chaussez vos besicles astrologiques (vos "lunes nettes") et parlez-nous de la lune et ses cycles.
"Le cycle de la lunaison (rapport Soleil/Lune) s'étend d'une nouvelle Lune à la suivante ; il dure entre 29 et 30 jours soit 29/30 ans, puisque dans ce système astrologique (appelé "progressions") un jour après la naissance égale une année de vie. Quand vient ce moment dans la carte du ciel, on a l'occasion d'une orientation nouvelle aux réalités de la vie, d'un nouveau départ dans ses rapports avec la société et en fonction de la compulsion intérieure que la destinée personnelle peut exercer. L'occasion est là ; il y aura une confrontation, mais souvent la personne ne la reconnaît pas et ne saisit pas l'opportunité : rien n'est inévitable dans les progressions. Le pouvoir du passé, l'inertie des habitudes et des traditions sociales ou religieuses peuvent être si forts qu'on n'arrive pas à changer le cours de sa vie ; ainsi rien ne se passe.
Dans tous les cas, cette nouvelle Lune indique qu'un cycle d'activités et d'expériences est arrivé à sa fin logique et que rien de nouveau ne peut arriver pour stimuler le développement si la personne persiste à continuer dans la voie déjà établie. Cela ne veut pas dire qu'il faut rompre avec le passé mais signifie que, puisque les anciens modes de sentir et d'agir sont devenus plus ou moins vides de sens et de vitalité, soit il faut chercher à les revitaliser le plus possible, soit une nouvelle direction de développement commence à émerger de l'ennui des anciennes formes de conduite."
Fanny T. (tiré de "Les multiples visage de la Lune" d'A. Ruperti et M. Cavaignac)

Dans l'univers, tout est rythme, son ... un porte-temps. Autrement dit :
Dans l'uni vers, tous tes rythmes sont importants ...

La roue tourne, les temps changent !
Me voilà rendu au début d'un nouveau cycle de la lune.
Attention, moteur, ça tourne !
Ce nouveau cycle est-ce pour moi, l'occasion ... ? :
D'avoir un nouveau petit vélo dans la tête (un projet me tenant à coeur, mais pas "hacker") ?
De faire ma vélorution pour que ça ne tourne ni en rond, ni pas rond, ni en "ronron" ?
"Marchez lentement car vous marchez sur mes rêves."
W.B Yeats
Tu "philo vélo" pour faire un tour et tu reviens 30 ans plus tard. C'est un tour de magie chronophage. Au niveau de la durée, si tu te dépêches, le temps te mène en bateau de pêche, il a "des filets" et tu n'l'as pas vu passer.
Pendant le temps du prochain cycle lunaire, je me vois bien ... prendre le temps de ne pas aller trop vite et faire plus court (pour le met-sage du blog, rendre une copie toujours origéniale mais moins copieuse).


Tous tes rythmes intérieurs, respectes-les. Inventes tes rythmes futurs, Django a composé une musique qu'il a justement intitulé :


Fais comme Django, crée une oeuvre insolite insolente (on n'est pas obligé d'aller aussi vite que le guitare héros, Django dans ce morceau au vif tempo, sentait peut-être qu'il ne ferait pas de vieux os*), puis dis :
"C'est moi qui ai fait ça ?"
Ensuite, rajoute comme Pierre Desproges :
"Étonnant, non?"
Au lieu d'en faire des tonnes, étonnes !!!

A voir un projet, se visualiser dedans, l'air frais, vrai, qui fraye son chemin frétillant, heureux comme un polisson dans l'onde qui va comme qui rigole. A chaque cycle son projet, salut le :
"YogAtelierMusical" (1984-2014) et longue vie au blog "YogaMusicothérapie".

* "Yanno pseudo Jodo Django" :
Lorsqu'il devient musicien, le jeune Jean Reinhardt, décide de changer de prénom, on l'appellera désormais Django. C'est un mot romani qui signifie "je réveille". Quelle merveille ! Quelle bonne mère veille (une de ses expressions favorites : oh ! bonne mère !), revoilà le pouvoir dément des mots.
En effet, si l'on écoute bien ce que sous-entend ce "Django", on peut bien en déduire que son décès précoce explique son "rythme futur" vélo-ce. N'est-ce pas ainsi défini ? :
Django égale "jeu réveil" ce qui implique : course contre la montre.
Ainsi, par Django (le jeu du réveil), son temps était compté.
Le mien l'étant aussi, je vous dis :
Allez ciao ! Bande de rigolos, gardez le tempo et à bientôt !



vendredi 17 octobre 2014

"Bois ta musique"


"... Chant harmonique : une note fondamentale comme une pierre qui tombe dans l'eau, provoquant une réaction : des cercles concentriques (harmoniques)."
Extrait de mon mémoire de yoga

Autrement dit (même mémoire) :

"Le Chant harmonique :
On utilise le terme "chant harmonique" (ou chant diphonique) pour définir un chant réalisé par une seule personne produisant simultanément un bourdon continu et un autre son plus aigu, constitué par une série de partielles ou harmoniques, ressemblant au son de la flûte ou de la guimbarde."

A l'orée des années 90, j'organisais des réunions "Top-aware" (mais là, rien à vendre, tout apprendre) avec des potes ouverts au chant harmonique, dans mon "YogAtelierMusical" (c'était le lieu où tel un déc'ouvreur, j'ouvrais la voix, cela se passait à Aulnay-sous-bois). Mon alter-écho Régis disait souvent avant de commencer la séance enchantée :
"Allez, on va faire du charme à Monique" !!!
L'expression m'est restée, je continue à faire du "charme à Monique".


La muse écho thérapie.
Pour la séduire, il suffit juste de jouer un solo de sitar ou de chanter dans un monastère un chant grégorien. Là, dans ces ambiances sonores, Monique jubile.
Quand à la Miss Parkinson, elle est gênée par toutes ces bonnes vibrations (le chant harmonique effectue un véritable massage de l'intérieur du corps). Elle trouve ça agaçant, puis soporifique, alors au bout d'un  moment, elle s'endort. Tant mieux, pour moi, je suis ravi, je revis, c'est tout bon !

Bon, le Chant Harmonique, comment ça marche ?
D'abord, il serait judicieux de s'échauffer la voix, alors ce virelangue de mon invention tombe à pic. Il va réveiller la langue. Entraînez-vous, sans traîner, à le répéter plusieurs fois de suite (sans pause) à haute voix :

"Je m'excuse mais je veux et j'exige le génial zozo zinzin et zélé zélateur Zygel pour d'exquises explications zen"
.
Mon slogan : "Exigeons Zygel plus souvent", pas seulement chaque année au mois d'août, quand il n'y a personne pour regarder l'émission !
Cette boite à magique a des vertus pédagogiques et thérapeutiques, France 2, faites-nous ce plaisir, programmez-là au moins une fois par mois.
Allez, maintenant direction "La Boite à Musique", qui semble si insolite dans nos "étranges lucarnes".



Zygelixir jean-françoif (et sa vidéo qui décoiffe, placée à la fin de ce chapitre) :
Après ce début assez spatial, rendons-nous au bar, plutôt spécial, de l'émission.
Goûtez, écoutez ce véritable instrument rare (réalisé d'après les plans de Boris Vian), un genre de piano aqueux, dit aussi "piano d'roi de bar" qui n'est pas barbant pour un saoul.
Pas question de faire du play-back, on y joue des "cocktails chorales" de Bach (se prononce "Bar", en allemand).
Rassurez-vous, pas de "flash-Bach" dans mon propos, nous ne sommes pas revenu dans le message précédant sur les brèves de comptoir, je ne vous raconte pas de bobards (beaux bars) pour vous en faire boire de toutes les couleurs.
Comme aurait pu dire un improbable duo de chanteur "Bourvil-Vian" :

"L'alcool, non, mais l'eau férue ingénieuse ... oui !!"

L'ingénieux, dans cette histoire de piano bar, c'est son inventeur, "Bison ravi" (anagramme). Bon sang, mais c'est bien sûr, si je traduis, le bison ravi c'est Boris Vian !
- Oh ! ben moi, "Bison bourré", j'avais pas trouvé. Ça m'a fait prendre un coup de vieux, dis donc !
- T'inquiètes pas :
"Il vaut mieux avoir l'âge de ses artères que l'âge de César Franck"
disait Jean Yanne.


Voilà voilà, nous arrivons à la fin de ce voyage sidérant et sidéral. Pour ce cocktail d'ondes harmoniques colorées, je remercie Sir David et sa soeur Monique, le pote, épatant pataphysicien Boris et les étonnants pianistes, buveurs bavards, Jean-fransoif et son alcoolyte Jean-reprendrai bien un autre prélude !


Crédit photos : le spectre sonore des harmoniques ("sygyt.com").
A bientôt, ciao !





vendredi 10 octobre 2014

"Brèves dingues de zinc"


"Un peu de vin est un antidote contre la mort et en grandes quantités, il est le poison de la vie."
Proverbe perse

Vu au ciné "Le Rex" d"Andernos, le dernier film de Jean-Michel Ribes d'après les fameuses "Brèves de comptoir" (recueillies par le salutaire Gourio).


Ce film est un formidable document poétique où l'on voit défiler toute une chouette brochette d'acteurs (trices), jouant les toqués et les paltoquets du troquet. Le bistro, c'est le lieu du théâtre farfelu, on y vient pour faire l'idiot ou le malin. C'est l'endroit renversant où l'on peut trouver du gag dadaïste qui rend gaga.
"Je ne sais pas pourquoi ils ont décidé que les réveils feraient 'tic-tac', il doit bien y avoir une raison."
"L'avenir, je préférais celui d'avant."
Après le tic-tac du bon sens et du temps qui passe mal, voilà la tactique du bon sang.
"- A la prise de sang, ils m'ont dit que j'étais rhésus positif. Ca veut dire quoi ?
- Ca veut dire que tu bois des bouteilles à moitié pleines. Les négatifs boivent des bouteilles à moitié vides."
Du film, les gens sérieux, fadasses tristasses, ne verront, hélas, que le cimetière situé en face du troquet. Les gens sérien, zombies assombris ou hautains trissotins à la mine renfrognée attendront impatiemment la fin du film, afin de tuer le temps qui passe définitivement trop lentement.
Les joyeux drilles, les gai-lurons, les pierrot lunaires, eux, seront morts de rire.


Jean-Marie Gourio n'est pas un taiseux de Taizé (le monastère) mais parfois, il leur ressemble un peu, aux moines (sauf que pour Gourio, le spirituel est plutôt "spiritueux").
C'est un genre de missionnaire païen qui boit les lumineuses paroles des fidèles au "contoir" et puis qui va coucher sur le papier, les pépites avinées inventées par d'excentriques pitres enivrés. Le vin bu, la timidité vaincue, place aux abus de langage, c'est la ruée vers l'oralité débridée. Et alors Queneau ou Pérec ne sont pas loin :
"J'inventationne des mots, sinon je m'ennuie quand je parlude."
Parfois, c'est à tomber (au sens dé-figuré, j'veux dire), asstap' (au top des expressions jeunes des années 60, rajouter mentalement "er le cul par terre") :
"Le langage du corps c'est quand tu tombes, ça veut dire que t'as glissé. C'est facile à parler."
Du coup :
"Des fois, je me demande vraiment ce que je fais par terre."
C'est plus du langage, mais plutôt du tangage !


Allez, un kir royal et on se croit le roi de la chaise au porteur !!!

Un petit conseil santé :
"Quand tu te laves les dents, il faut aussi frotter la langue, c'est là que les bactéries, elles discutent."
Un petit conseil diététique :
"Les sucres lents, ça fait grossir vite."



Les gens des troquets, croquignolets (trop guignolet-kirsch) à croquer, Jean-Marie Gourio les écoute, comment procède t'il ?
"Alors voilà, j'ai écouté en buvant et j'ai bu en écoutant, à l'affût au bout du comptoir. Tout est là, vous y êtes, un coude sur le zinc, un verre à la main et l'attention ballotée comme un glaçon dans un verre d'anis aux premiers jours de l'été ..."
En vin, la messe est dite. Alors vient le moment où la presse édite. Nous sommes en 1985, le Professeur Choron publie dans "Hara-Kiri" les brèves de bistrot collectées par le discret Gourio qui applique au pied de la lettre, ce second proverbe perse :
"Tu as une langue et deux oreilles : dis un mot pour en écouter deux.

"In bistrot veritas"
Ces haïkus popus, ces dingues aphorismes du zinc, sont une mine, une manne, un véritable trésor de trouvailles travaillées, taillées par des orfèvres de brèves, des bois-sans-soif qui décoiffent, des taquins au taquet, toquets du troquet, des "sois-phare" illuminés.
Gourio, par la grâce de son "boulot-goulot", nous fait entendre cette parole embrhumée (les protagonistes ont un verre dans le nez) par l'alcool, avec ses raisonnements hasardeux qui aboutissent au non-sens (et qui abrutissent l'hémisphère gauche du cerveau avec sa rationalité triomphante, du coup, cela stimule le "cerveau droit", résultat : l'imagination est aux commandes) et ses raccourcis simplistes qui en disent long sur l'auteur de la vanne (ouverte).
Tout ce monde taquine le verset (nous à boire), le vers poétique, le verbe et le verre, comme qui rigole. La vie est belle et c'est tant mieux !!!

Une dernière pour la route, dédiée à la tapette anti-bzzz de Miss Funny :
"En trépanant un moustique, on arrive à lui enlever l'envie de piquer."
Allez, comme on dit dans les landes gasconnes : Adichats ! (Au-revoir).
Dans la série "quand y'en a plus, yann a encore" (les brèves, c'est comme les cacahuètes biologiques, quand on y met le nez ... ) :
"Les bergers landais sont moins cons que les autres, ils mettent des échasses pour pas marcher sur la merde des moutons."
Crédit photos : Doisneau ("Bistro cloisonné-Paris 1950", "Jeux de société, rue lacepède1954", "Les bouchers mélomanes-La Villette").