Suite et fin de cette série "dommage !", hommage à l'homme d'images : Fred.
Pour vous mettre dans l'ambiance de ce créateur à l'imagination fertile, je vous livre cette intro intrigante, cet exercice de style "sûr et à liste" (de titres de ses albums).
Le fond de l'air est frais, chouette !!! Au train où vont les choses, le petit cirque "Philémon tant haut" d' un conteur électrique qui raconte les aventures du Manu-Manu portant à mains lues, l'histoire du Corbak aux baskets lisant le journal de Jules Renard qui tient à peu près ce langage : "Eh ! Maître Corbeau que vous me semblez beau" ... et le temps passe comme il sait si bien faire oubliant le Renard buvant l'eau de La Fontaine. Et ce temps haletant estompe ces estampes étranges qui dérangent. Le fond de l'air est frais, laio laio ! (Jacques Dutronc lui a demandé des paroles pour cette chanson), il n'y a plus de saisons, laio laio !
Fred prenait l'imaginaire au sérieux et il pointait l'absurde des choses sérieuses. On trouve de tout dans son univers naïf et grinçant, à l'humour neznuphare rhinoféroce et pataphysique clownezsque de nouveau nez. Dans les cases de ses bandes dessinées, il pouvait par exemple caser :
Fariboles et Phare-hibou, règle à calculs pour faire rire les polytechniciens à roulettes ( pour les ceusses qui sont à roulotte, y'a "Le petit cirque"), des coinceurs de bulles qui déambulent, tintinnabulent et déboulent, maboules dans le monde des bulles (dont le nom savant est : "phylactères"), défi lactaire délicieux (poètes rêveurs, la tête dans la voie lactée,"bullent" dans leur coin à champignon).
Tout cela débouchant sur de nouvelles perspectives (avec des lignes de fuite et de la fuite dans les idées), qui nous laissent souvent pantois et parfois perplexe même si l'on est perspicace. Fred a sûrement été influencé par le maître en illusions d'optique : M.C Escher. Baladons-nous donc un instant dans ses escaliers qui n'en finissent pas de comment c'est ... Au delà du dedans :
D'autres influences élégantes évidentes : Lewis Caroll ("Alice au pays des merveilles"), Edgar Allan Poe (et ses nouvelles fantastiques), Windsor Mc Kay ("Little Nemo"), Frantz Kafka ("Le Château" ou "Le Procès").
Les B.D de Fred, c'est bon comme un bâton de réglisse, ça glisse avec grâce au pays d'Alice et ses psychédélices !!! Cet inventeur pas vantard, ce poète bousculeur de logique, improvisait ses histoires comme un musicien de jazz. L'air de rien, partait d'un presque rien et arrivait à tout. Cet esthète de l'art, possédait à fond celui du collage, du bricolage, du décalage et du décollage. Il aimait les décors larges, barges, en marge.
Il menait le bateau ivrogne sur les lettres de l'Océan Atlantique, sous un ciel à deux lunes, pour nous faire rencontrer : le Manu Manu, Félicien, Philémon, Anatole, le Corbak aux baskets, le Hérisson grognon, les Pianos sauvages et les Fontaines à guimauve ... Je vous dit, c't'homme là, a Lewis (Caroll) dans la peau. De Philémon, il disait en 1965 :
"Je cherchais le moyen d'expédier Philémon sur une île ... Et voilà que j'ai la révélation dans mon bain. Euréka ! Où va t'on quand on se laisse aspirer par le petit tourbillon de la baignoire qui se vide ? J'avais enfin le début de mon histoire."
Oui, c'est ça. Mon oeil !!! Fred me raconte des histoires incroyables. Le poète, c'est celui qui a un regard différent par rapport aux choses. Prenez du recul, quittez votre chaise, faites quelques pas en arrière ... encore un peu plus ... voilà, c'est ça ! Regardez à nouveau cette image ... Et bien à une certaine distance, on peut voir cette photo autrement. Ce n'est plus le trou du lavabo avec de la mousse autour, mais c'est un oeil qu'on devine.
Fred, quand il ouvre l'œil, c'est comme cil ouvrait une fenêtre sur la vie dense (c'est ainsi qu'il fait naître l'évidence). Pour éviter de se disperser, pour rester concentré, il avait un truc :
"J'ai ma planche à dessin devant la fenêtre. La fenêtre, je ne l'ouvre jamais, de peur que mon histoire s'envole. Si je l'ouvre, je vais voir mon histoire partir dehors. Et pis quoi encore !!!"
Les "étranges lucarnes" (TV5 Monde) s'ouvrent parfois pour laisser s'introduire dans les foyers, une lumière produite par un esprit éclairé, brillant de l'or issu d'un monde intérieur particulièrement riche. L'homme à la mine d'or, c'est Fred, le filon, c'est Philémon. Les pépites, ce sont les seize albums de Bonne Destinée ! Voici neuf minutes de Bonheur bon art.
En 1954 : Rencontre avec Cavanna qui publie son premier dessin dans son journal "Zéro" (tout frais, tout nouveau). En 1960, il est co-fondateur du journal génial "Hara-Kiri" avec Cavanna et Professeur Choron. Plus tard, Goscinny l'engage dans "Pilote". Philémon s'y épanouit dès 1965. Pour ma part, depuis 1970, je me réjouis à la lecture des aventures de cet ado au pull rayé trop court qui parcourt des mondes parallèles et qui se fait la (vie) belle. Son père s'est fait la belle, "l'âme hors" a réglé son sort à ce rebelle qui s'est en corps évadé ! Hummm ! Tes belles bacchantes câlinquantes, me manquent déjà.
Faites comme Philémon, essayez de sortir de vos limites. Regardez tout Escher, la vie nous coûte et le fond de l'air effaré, alors lisez tout Fred en mangeant un bon chocolat noir et bio, bien assis dans un fauteuil. Faute oeil fatigué à rétine routine, votre regard hagard et à oeillères vous brouillait la vue sur la vie.Voilà, avec votre nouveau regard, une voix nouvelle se fait en-tendre. Vos cellules qui se faisaient du souci, se font maintenant du Souchon :
"La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie."Voilà, voici, tout ça, c'est "YogaMusicoThérapie", où tout comme (où tu gommes, effaces les effets indésirables de la présence de Miss Parkinson ou de tout autre démon intérieur). La vie coûteuse devient plus goûteuse, si l'on privilégie les gestes gratuits.
Caresses et bises à l'oeil !
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