vendredi 30 janvier 2015

"Honoré-Oncle Bernard (Maris)"


"Une femme est un spectacle offert par les dieux."
Bernard Maris

"Charlie memory (mes mots rient)" :
Les disparus à la main si agile, qui étaient-il ?
Voilà le début d'une série de portraits consacrés aux victimes de la bande (décimée) "Charlie Hebdo" dont j'apprécie le talent. Ce sont tous des gens en or, mais, dans la bande, il y en a un qui le porte dans son nom, c'est Honoré ("Hon-or est") !

Rébus :

Ce fut un best-seller en 1511, c'est fou, non ?*

Honoré (en quelques traits).
L'artiste s'honore (pourtant discret et silencieux) dans ses rébus littéraires de grandes qualités (il n'y a pratiquement rien à jeter, à mettre au rebut !). On les trouve dans la revue Lire, c'est pour dire ... que ça vaut son pesant de cacahuètes.
Dans Charlie, Honoré se distingue par son style si particulier. Ses traits épais, très encrés, ses petits tirets à la ligne-en file indienne, ses crobards géométriques, son côté graveur, son ton léger, rêveur et très concret en même temps, sont influencés par Gustave Doré et Topor, pierres précieuses que jade-or (là encore en or : "Doré" sur tranche et au "Top or", on ne peut pas faire plus précis, plus précieux).
Les textes qui remplissent ses phylactères sont du même acabit. Ils peuvent, malheureusement parfois, être prémonitoires (Honoré "touite" ce dessin le mercredi 7 janvier à 11 heures 28, il est abattu à 11 heures 38) :


Cher Oncle Bernard (Maris) !                                                                      
Honoré illustrait tes articles et toi tu t'illustrais sur France-inter.
En bon maître d'économie alternative, tu ne servais pas la soupe à la grimace libérale ("Pas d'avenir sans croissance") et tu n'écoutais pas la voix du chef : le Medef, qui chante toujours son sinistre et suicidaire credo crado crédit accordé à la liberté des marchés financiers (qui s'auto-régulent, on rigole, selon la loi de l'offre et de la demande) !
Anticonformiste, chaque semaine, tu nous expliquais l'économie avec humour. Tes billets étaient hilarants et décapants, on les prenait pour "argent content" (on se sentait plus riche).
Les théories tordues et alambiquées, le jargon de soi-disant experts économiques, se transformaient en joie de vivre, bon sens, bons mots et principes nourrissants qui se digéraient comme qui rigole. Même pour les plus durs à la comprenette, tout devenait clarinette.
Après, les autres économistes pouvaient nous jouer du pipeau tant qu'ils voulaient, on était blindé, question arguments, on avait du répondant. On comprenait tout de ce monde fou, flou, flouté, filou qui se fout de nous et de la planète.


A ta lecture, toute une caste de gourous de l'économie, de barons de l'industrie, de branquignols et de guignols affairistes, de fiers gougnafiers financiers, de malins margoulins du grisbi qui ont le goût du magot et le bagout de la magouille, de pignoufs "picsous", pouvait se reconnaître dans ta série :

"La vie des grands fauves".
J'ai encore dans ma tête, tes lyriques introductions, tes "Je suis ... je suis ... Tartampion, champion des délocalisations", suivait une liste de méfaits, puis le résumé d'une vie de prédateur.
"Vous m'avez reconnu, je suis Duchnok ... Je suis le charlot charlatan !"
Ainsi, dès potron-minet, tous les patrons poltrons, les tartuffes mangeurs de truffes, les observateurs obsédés de "caca rente", la carotte crottée qui dégrade la planète et les rapports humains, en prenaient pour leur grade.
Je n'oublierai décidément pas tes : "Je suis ... " si présents pendant la journée historique "Je suis Charlie" !
Avec toi, on passait très vite de l'économie à l'économie politique, puis à la philo et enfin au bon sens
Toi l'éconoclaste, le passeur, tu as rendu l'économie humaine.


Oncle Bernard contre Oncle Picsou :
Et puis, je me souviens aussi de ton épatante intervention sur la théorie de l'économiste américain Keynes inspirée de la fameuse "pulsion de mort" décrite par le psychanalyste autrichien Freud.
Si le patron est tel qu'il est, c'est parce qu'il est frustré. Il aurait tant voulu être un artiste, mais trop de complexes, de circonstances, l'ont empêché de vivre son envie et sa vie.
Alors la libido, il l'a dirigé vers l'exploitation d'autrui. Puisque je ne peux pas m'exprimer dans une vie d'esthète, je vais emmerder l'autre et l'empêcher de profiter de la vie (et en plus, je vais en tirer profit) !

Alors, entre la libido du beau bonobo (sage singe qui règle ses problèmes ou ses conflits, non pas à coups de kalashnikov ou de profit, mais avec des câlins malins ou une sieste joyeuse) et celle de l'hideux leader "au boulot tempo presto" (le temps, c'est de l'argent), choisit ton camps camarade !


Enfin, n'oublions pas sa terrible diatribe qui faisait trembler les rentiers (et les dentiers parkinsoniens), la voici, pas au mot près mais au clair souvenir que j'en ai :

"C'est quoi, les marchés financiers ?
Ce sont des pépés, des mémés qui confient leur fric à une banque pour le faire fructifier.
Ce ne sont pas des Frankenstein, des fantômes, ils sont autour de toi les marchés financiers.
Pourquoi sont-ils si puissants ?
Parce qu'ils sont de plus en plus nombreux, les vieux, les retraités, les pépé-mémés !
Ils se tirent une balle dans le pied, car ces pépés, ces mémés sont en train de bouffer le travail des jeunes, à cause des délocalisations."
Et ces "ancêtres" sont soit des pépés pervers (après nous le déluge !), soit des mémés croyant bien faire. En tout cas pour toi, ami jeune, c'est l'enfer !
Alors dites leur qu' :
"Argent, trop cher, ta vie n'a pas de prix !"
Si vous le chantez (c'est une chanson de l'ancien groupe de J.L Aubert), ça fera "un peu plus téléphoné" !


Deux vies nettes ou devis net, non plutôt devinette :
- Qu'est-ce qui commence et finit par un E et qui pourtant ne contient qu'une lettre ?
- L'an vœux l'hop !
Dans la lettre, tu écriras cette phrase :

"Pépé faut pas m'aimer."

Ça fera sourire Honoré qui avec l'envol hop dessinera un p'tit rébus et Oncle Bernard répétera à l'envie ce virelangue, cette vocalise, avé son charmant accent de voix toulou-zen !

*Réponse arrêt d'bus lit-terre-air d'Honoré :
"Haie-loge-deux la-faux-lit"

Bonne lecture d'Erasme, que la semaine à venir soit riche en bons moments. Comme le dit si bien Jacques Higelin :
"Arrêtez de dire des conneries, faites-les !"
Je vous salue bien !

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