"Je n'ai pas l'impression d'égorger quelqu'un avec un feutre."
Charb
Mon ami Charlie Hebdo a été victime d'un attentat : douze morts !
Mercredi 7 Janvier.
Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré et Bernard Maris ne sont plus. C'est fou !
Je suis effondré, la nouvelle est tombée, brutale, foudroyante ... J'ai mal et j'ai bien du mal à écrire ... à décrire mon désarroi.
Je chancelle, je vacille. Je me sens comme sur une barque qui flotte sur l'amer de ce mercredi de merde. Il y a de la houle et je n'ai pas le pied marin. Alors ça tangue, ça valse, ça me donne la nausée.
Je me sens démuni, groggy, anéanti (cette façon de cumuler les qualificatifs, me vient certainement de Wolinski).
Face aux dégâts, à la mare de sang qui s'étale dans locaux de Charlie, je me sens désarmé et ne peut écrire qu'avec mes larmes.
Chiales Charlie !
Jeudi 8 Janvier : Ris Charlie !
Revenons sur la sortie de piste de tous ces artistes de grande valeur qui m'ont donné tant de plaisirs et de bonheur. Je me souviens que :
J'ai eu la chance de rencontrer Cabu au Trocadéro (Paris) et de discuter un bon moment avec cet homme d'exception en pleine action, dessinant contre les essais nucléaires dans le Pacifique (au début des années 80).
Quelle ironie du sort, ce pacifiste paisible, qui a l'air d'un ange tout droit sorti d'un film de Capra, meurt exécuté !
Plus tard (fin des années 90, à Bordeaux, librairie "La mauvaise réputation"), j'ai fait dédicacer un album de "Maurice et Patapon" par son auteur Charb. En peu de mots échangés, il a tout compris de l'esprit de mon fils et en a fait un dessin bien mordant.
"Je préfère mourir deboutSon dernier dessin prémonitoire :
que vivre à genoux."
Charb
Le chroniqueur scientifique de Charlie, Antonio Fischetti, était aussi de dédicace ce jour là.
Hier, il ne pouvait pas être présent à la réunion de l'hebdo, pour raison d'enterrement en province. Quand ce n'est pas le jour ... !
Mes vieux amis de Charlie, mes copains de toujours sont morts sous le feu de deux fous désintégristes, d'une mort bête et méchante.
Contre les crayons (désarmantes armes de création massive) et les bulles, ils ont sorti les kalachnikovs. Ils ont fait feu avec l'ivresse de ceux qui signent ainsi leur aveu de faiblesse. Puis, K'lâche et Niqu'of, enfoirés encagoulés ont gueulé sur le boulevard Richard Lenoir :
"Allah akbar, on a tué Charlie-Hebdo !"
Ensuite, on peut les imaginer en train de chanter ;
"Ali, allo, on rentre du boulot, vidons donc le chargeur sur ce flic en vélo."
Mais Charlie n'est pas mort. Charlie sans vie ça ne se peut pas. Il vivra toujours en moi, au moins en pensée.
On s'en prend à lui parce que c'est la vie même, parce que c'est du rire athée-lligent, impitoyable pour tout ce qui est minable.
C'est un journal génial que je lis depuis des lustres (il éclaire-ment indispensable à mes zygomatiques et à mon transit, tellement je me bidonne, je peux dire que je suis accro à Charlie- Abdo depuis quarante ans).
Il est concocté par une bande de gentils sarcastiques caustiques, à l'ironie féroce, qui donne un coup de pied au cul de la bêtise et fait un pied de nez à l'esprit de sérieux.
Mais chez ces gens-là, ces extrémistes hystériques, ces anti-blasphèmes, ces faux musulmans, fous "muselé aimant" (et donc remplis de haine), on a l'âme noire sans humour et on préfère la mort à l'amour.
Deuxième phylactère de la couv' de Charlie :
"Et en 2022, je fais le ramadan."
Le dessin est de Luz, ce dernier a échappé à la tuerie parce qu'il est arrivé en retard.
Même destin pour les dessinatrices Catherine et Coco.
Dans de prochaines chroniques, je ferai le portrait des disparus.
A bientôt, bande de rigolos, achetez donc le prochain numéro de Charlie Hebdo. Et ensuite, ne lâchez pas l'affaire, pour permettre aux survivants de sortir de l'enfer, abonnez vous ! Ciao !
Lis Charlie, je lis-je lie et je relie puisque "Nous sommes Charlie".
Solide hilarité !!!
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