vendredi 27 septembre 2013

Mémoire de Yoga 3

"Nos mains sont bergères d'un troupeau de sons où se propage l'Histoire, et se raconte la nôtre" Y.M.

Leur relaxation porte exclusivement sur cette relation main/cerveau, car le relâchement ou la tension de l'un ou de l'autre s'interpénètre. Par exemple, le poing crispé traduit toujours un souci, une pulsion rentrée, une volonté déficiente. L'image du pouce est significatrice en ce domaine. Par le pouce, l'homme s'émancipe par rapport à l'animal : il affirme sa pensée, sa volonté. Il est intéressant d'observer comment le pouce s'affranchit des autre doigts : ce détail précise l'esprit d'indépendance, les facultés d'assimilation et de compréhension, de même que son contraire, la résignation en face des situations et épreuves de la vie. La tendance à la rétraction du pouce vers le centre de la paume est repérable dans les attitudes quotidiennes et plus particulièrement visible dans les séances de yoga (pendant une relaxation). On a observé que plus les doigts se rétractent, plus ils manifestent la tendance à l'esprit d'accaparement. Lorsque le pouce a rétrocédé complètement vers le centre de la paume, il rejoint sa position initiale, celle des premiers stades de la vie, et indique une attitude d'asservissement, une perte du sens de l'autonomie. C'est le retour aux sources amniotiques, l'homme alors redevient léger comme un "fœtus" de paille. Ce pouce apparaît de manière très évident chez certains psychotiques : l'ongle s'enfonce même dans le creux de la main.

"Point de musique véritable qui ne nous fasse palper le temps".  Cioran

Apprenez donc à porter votre attention sur vos mains et à tenter de comprendre ce qu'elles veulent vous dire. On dit de quelqu'un de démonstratif qu'il parle avec ses mains, mais ce langage est universel, et la parole , en fait, tient une place secondaire au regard de notre gestuelle (les mots sont souvent des revolvers qui tuent, le mot est piégé. Par le langage, on ne ferait passer que 7% du message désiré. Les 93% restant relèveraient, par exemple, du domaine du massage).

"Deux Italiens marchent dans le froid. L'un parle, l'autre non.
- Mais pourquoi tu parles pas, ton silence est TERRIBLE !!!... Je ne peux pas le supporter, dit le bavard.
- Que veux-tu que je  te dise, il fait tellement froid que je ne peux même pas sortir mes mains de mes poches".

La plupart d'entre nous ne se servent de leurs mains que pour prendre, saisir, attraper. Mais les mains sont loin d'être vouées uniquement à cette tâche. La préhension est liée au cerveau frontal; il faut, au contraire, activer les connexions de la main avec le cerveau postérieur.  

"Les mains sont les cerveaux extérieurs de l'homme" écrivait Kant.



Je vous sert la main, suite. Vous prendrez bien un doigt de ... et même un deuxième, voir un troisième, on arrive au bout, faut finir.

Allons voir le Majeur :
On le croit responsable parce qu'il est Majeur, mais il doit avoir des complexes de grandeur. Prétentieux, mal léché, j'ai écrit "Allons voir le Majeur", mais c'est plutôt lui qui envoie les autres se faire voir ... chez les Grecs. Les Romains le nommait "Obsenicus impudicus", cela dit il peut aussi, en certaines occasions se montrer tendrement obsenicus impudicus.

L'Index :
On le met facilement à l'Index (au seizième siècle, l'Index est un catalogue de livres suspects dont l'église interdit la lecture), même s'il ne parle pas de sexe. En fait, en dehors du sens(uel) interdit, il avait aussi un autre sens car comme l'écrit Frédéric Pagès :

"L'index n'aurait rien perdu de ses vertus indicatrices s'il avait gardé son ancien nom d'indice."

On imagine le commissaire Maigret, à deux doigts de résoudre une affaire, disant :
"J'ai trouvé des Index, dans cette affaire "Majeur" qui tendraient à prouver ce que mon petit doigt m'a dit : "C'est la lunaire". Elle est sur le poing d'avouer qu'elle n'y est pas allée de main morte. Bon, c'est pas tout ça mais je reste un peu sur ma faim. J'ai juste le temps de manger un sandwich au poulet, sur le Pouce."
On l'utilise encore à l'école primaire. Après avoir lu ce texte, certains élèves iront jusqu'à dire que le mot "Index" vient de l'Inde (grâce à un coup de Pouce). Et pour cette leçon sur le son et le sens, ils espéreront obtenir une très bonne note, genre "indice sur dix". Certains enseignants manquant d'humour, feront passer leurs humeurs avant et mettrons ces "enfantillages de bas âge, de bazar" à l'indesque. Burlesque, non ?

Le Pouce :
"Le Pouce représente l'autorité parentale. C'est à la fois le Père, qui en impose par sa corpulence, et la Mère, puisqu'il peut servir de sein portatif."
Pour les gens qui ont la main verte, leur Pouce devient-il "Père vert" ?
Et pour les personnes du Macadam, la main ouverte qui quémande à manger, leur Pouce devient-il "l'amer"?
Les mac à dames n'ont ni souci de sous, ni main verte et pourtant leur Pouce est à la fois "l'âme erre" et pervers.
Revenons à la sagesse Pagès :
"Quand il est opposable aux autres doigts, ce qui le cas pour nos mains, le Pouce permet de saisir des tas de choses. C'est pourquoi la main comprend facilement ce qui échappe à notre pied."
En amour, la main qu'on prend avec le coeur, c'est le pied ! On mange un sandwich "Maigret" pour deux sur le Pouce et même si on n'a pas assez à béqueter, on s'en fiche, on préfère se bécoter, prendre le temps de s'embrasser sans s'embarrasser l'estomac, et de voyager ensemble, en transport amoureux. Ensuite on "voyagera sur le pouce" (comme on dit au Québec) en "se faisant des becs", et plus tard encore, on poussera la poucette. Et puis peut-être un jour, on dira : "faut pas poucer". On aura changé d'époque, fini "les pouces tout flanc" pour les gourmands.
De "Cupidon fait bouche", on passera à "cupide on fait mouche !" L'époque épique fera place à l'époque opaque. Chacun aura ses tics et ses tocs, son éthique et son manque de tact. Alors l'Index menacera, le Majeur se dressera, l'anneau sera retiré et l'Auriculaire bouchera les oreilles. Ils "prendront la mouche" ou  la prendront en horreur et se paieront une tapette. Et ça, je peux vous dire que pour les voisins, ça va en faire un bruit d'enfer. C'est la vie ! Faut juste faire mouche ! Claude Serre avait l'oeil vif et la main sûre (il était batteur, aussi  adroit des deux mains, on en reparle "des deux mains", dès la semaine prochaine), la preuve :







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