vendredi 15 avril 2016

"Mémoire de yoga n°22"


"Dylexie lexydisque"

- Vous avez évoqué la dyslexie dans votre exposé/plaidoyer pour la vie, pouvez-vous nous expliciter ce terme ?
 - La dyslexie, c'est la difficulté d'apprendre à lire. On lit avec son oreille. Une plongée dans le passé du terme "leggere", matrice du mot lire, nous rappelle qu'il signifiait "faire la moisson", mieux encore "recueillir par l'oreille".
Lire, étymologiquement, vient aussi de "logos", la parole vivante, la parole prononcée à haute voix.
Autrefois, la lecture c'était du papyrus, et une personne qui le lisait pour un groupe. On pense que la lecture implique l'œil. Jadis, cet acte impliquait fréquemment l'oreille. Le savoir fixé par l'écriture n'est autre qu'un enregistrement de signes.
Les anciens, tels que les Sumériens ou les Phéniciens, se seraient assurément passés du souci de verrouiller les sons de leur langue par des signes s'ils avaient eu à leur disposition un magnétophone. Le signe écrit n'est que du son, qui ne recouvre sa valeur réelle que lorsqu'il a été à nouveau recréé par la restitution sonore de ses éléments dynamiques, phonétiques et linguistiques.
L'écriture ne prend un sens que si elle peut être reproduite, restituée acoustiquement, resonorisée.

- Indiquez nous une voie qui ne soit pas une voie de garage.
- La voix ... Lire à voix haute.
Il est vraiment regrettable que l'on ait perdu cette habitude de lire à haute et intelligible voix, tant il est vrai que c'est là le mode, le plus archaïque sans doute, mais aussi le plus neuro-physiologique, permettant d'intégrer l'information en apportant en même temps au cortex l'énergie nécessaire à cette intégration.
Eh oui, lire à haute voix est aussi très bénéfique pour la stimulation du cerveau.
Chaque enfant et chaque adulte devrait pouvoir s'exercer pendant 4 heures et demies quotidiennement à lire à voix haute, pour faire intervenir les circuits qui, par le canal de l'oreille droite, assurent la véritable mémorisation des connaissances acquises.

- Docteur Tomatis, vous éclairez somptueusement ma petite lanterne. Vous êtes tout simplement en train de m'expliquer pourquoi j'ai pu devenir musicien. En effet, j'ai eu une enfance très livre. N'en faisant qu'à ma tête, j'ai toujours eu beaucoup de caractères ... d'imprimerie devant les yeux. J'ai toujours eu plaisir à lire à haute voix. Mon oreille a ainsi recueilli tous les suffrages favorables à mon évolution.
Cela ne m'étonne pas que maintenant, je sois plutôt "hindou d'oreille" (contrairement aux "durs d'oreille", j'apprécie à sa juste valeur - et quelle valeur ! - la musique indienne dont l'extrême précision développe efficacement la fonction de l'écoute).

- Certaines personnes ont des problèmes pour assimiler les langues étrangères, pouvez-vous leur venir en aide ?
- Oui. Il n'y a pas de don des langues. Certains peuvent parler douze langues, certains dérapent sur la 2ème. Il y a simplement une possibilité, une potentialité d'ouverture du diaphragme auditif.
L'oreille s'ouvre comme un diaphragme de photographie, plus ou moins.
Eh bien le Français a un diaphragme  très limité, sur une octave, et il a beaucoup de mal à l'intégrer dans d'autres univers linguistiques.
Par contre, le Slave dispose de 11 octaves et il a beaucoup de facilité à apprendre tout ce qu'il veut, non pas que son cerveau fonctionne mieux mais son oreille est plus ouverte.
Mail il existe un autre facteur, le temps de latence, le temps que doit mettre le sujet pour s'auto écouter. En effet, lorsqu'on parle, le temps que l'on met pour écouter sa voix varie d'une langue à l'autre.
Un Espagnol parle comme une mitraillette car son temps de latence est très long. L'inconvénient de parler très vite, c'est que cela abrase la possibilité d'apprendre d'autres langues. Le Portugais apprend très facilement, comme les Slaves, toutes les langues. L'espagnol, comme le Français, se trouve bien bloqué dans la sienne.

"Une famille de souris est menacé par un chat. Les enfants souris sont effrayés, la mère les rassure :
- Il ne faut jamais avoir peur, vous allez voir comment on peut résoudre le problème.
La mère sort de son repère, fait face au chat et aboie :
- WOUAF, WOUAF, WOUAF !
Le chat s''enfuit.
- Vous voyez les enfants, dit la mère, l'avantage de connaître plusieurs langues étrangères."



"Pluie de printemps ... un parapluie et un manteau de paille
passent ensemble courant."
Buson
Ah ! Buson, osons Buson, l'un des grands auteurs japonais de haïku !

Ah ! l'ami des mots, celui là, jamais ne s'ennuiera en leur compagnie ! qu'il soit ici ou là, à Paris ou à Essaouira, ce voyageur immobile laissera le bon temps rouler à la lecture de "Zazie dans le métro, station Queneau, lisant la Plaisanterie de Kundera".
Celui qui déprime qu'il lise donc "Spino-joie" le philosophe de la za-gesse souriante :
"Si vous voulez que votre vie vous sourit, apportez lui d'abord votre bonne humeur."
Ou le bienheureux Bouddha :
"Le plaisir se ramasse,
la joie se cueille
et le bonheur se cultive."
Les mots sont des êtres vivants, d'autant plus qu'ils sont dits à voix haute, vibrants sous la langue.
"Lire haut, c'est s'affirmer à soi-même sa lecture."
Victor Hugo
Truculents, succulents, les mots épicuriens font du blé puis partagent le pain entre copains (c'est l'origine du mot copain).
Ces lascars là, lorsqu'ils parlent de cul, rient d'un rien !
Les mots bons vivants se "chatouillent le nénuphar" (se dit au Québec pour "faire l'amour"), jouent et jouissent, puis notent quelques bizarreries de la langue : le mot "coït" a deux points sur le "i" alors que le verbe "jouir" n'en a qu'un.
Les deux points qui s'envoient en l'air font une drôle de tronche. Cela leur donne l'envie de mettre les poings sur les i-diots et les bons points sur le "i" du verbe "jouir" !




Comme le dit si bien Bernard Pivot (lyrique dans "La grande librairie" de Busnel) :
"Les mots sont des caractères et ont du caractère !"
... "Il existe une grande variété de mots :
les faux amis dont il faut se méfier, les incompréhensibles (les "traîtres mots"), les mots compliqués difficiles à écrire ..."
En ski me concerne, ça glisse tout seul. Que neige abusé d'eux, ma préférence va tout naturellement vers les "bons mots", les calembours qui te débarrassent de ces maudits "mauvais maux" et qui font facilement des bonds de cabris avec les "mots gentils" !

Allez, je finis là cette chronique avec ce proverbe japonais :
"Un mot gentil peut réchauffer trois mois d'hiver."
Que je dédicace à l'ami jpfmt !

Crédo d'écrit, euh ! ...crédit déco : 
Pour la photo du chaton mignon (dont certains disent que c'est moi-même en train de relire mon message, laissez les dire) : carte postale ("zazzle.fr").
Pour le dessin, c'est Geluck et son "Chat pitre" !


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