vendredi 4 mars 2016

"Il nome della rosa"


"Il s'agissait de savoir si les métaphores, et les jeux de mots, et les énigmes, qui ont pourtant bien l'air d'avoir été imaginés par les poètes, par divertissement, ne portaient pas à spéculer sur les choses de manière naturelle et imprévisible."
Umberto Eco ("Le nom de la rose")

Le saviez-vous ?
Eco porte ce nom parce que l'un de ses grand pères était un enfant abandonné, "trouvé" (comme on disait alors). A l'époque, en Italie, tout enfant trouvé prenait pour nom Eco, qui signifie "donné par le ciel" !!
"Qu'a fait la chose génitale pour qu'on ne puisse en parler qu'avec vergogne* ?"
Montaigne




"Au nom de la chose", voici "Le nom de la rose".
Ce premier roman, je l'ai dévoré. Ce pavé dans la mare aux "cochons" (moines rustres et frustrés) est passionnant. C'est un vrai livre "tourne-page", étonnant et épatant !
Y'a rien à retirer, ça s'lit d'un trait.
C'est à la fois fin et grossier (mais jamais vulgaire), le propos d'Eco se veut sage (Aristote) et coquin.
("Dieu me tripote ! dirait Pierre Desproges).
Il nous montre des moines inquiziziteurs à la foi vrai cul béni et faux cul inouï et semble leur dire que malgré leur côté "les cénobites tranquilles", ils (elles) ne sont pas si calmes sous leurs robes de bure (l'habit ne fait pas le moine),
Le bénédictin fornicateur aux discours castrateurs, on se demande quel démon l'habite !
"... A lire des livres de médecine, on se persuade toujours d'éprouver les douleurs dont ils parlent."
"Gêne-aise du roman gothique"
En 1970, un éditeur italien propose  à Eco de participer à une nouvelle collection de polars courts et originaux. Il pourrait, par exemple, écrire sur un meurtre réalisé dans une église. Eco fixe sa condition :
"D'accordo, va bene ! mais seulement pour un livre de cinq cent pages."
L'éditeur refuse.
Eco reprend l'idée et prépare son premier roman, un polar médiéval et monacal. La première question qu'il se pose, avec un petit sourire aux lèvres, est la suivante :
"Comment trucider, homicider un ecclésiastique caustique ?"
Le temps passe et à la fin des années 70, le polar est prêt à être publier en Italie et à être traduit en français. En ce qui concerne la traduction, Eco essuie le refus de tous les éditeurs français prétextant que le livre est trop long et qu'en plus, il est intraduisible.
Il ne reste plus qu'un seul éditeur hésitant, mais sous l'influence de sa femme enthousiasmée par le livre, il finit par accepter. Mr Grasset, ne croyant pas au succès du livre, paye le traducteur quatre fois le tarif habituel et en plus donne un pourcentage sur les ventes du roman. Depuis ce temps, Jean-Noël Schifano, le traducteur, est ravi que le livre ait eu autant de succès.


Vers la fin de sa vie Eco commet une erreur de jeunesse !
En 2011,  l'éditeur italien propose à Eco de rédiger une version allégée du roman.
Eco accepte et récrit en se mettant au niveau de la génération "internet". Quand on lit le nouveau cahier "décharge", on croit rêver, on lui demande d'accélérer, de rendre le récit plus vif, de réactualiser le langage, de le rajeunir.
Quel mépris des jeunes !
Fini les tirades philosophiques, les citations libres, le vocabulaire trop soutenu, les métaphormidables
et les paraboles mirobolantes.
Mais, bon dieu ! ce qui intéresse le lecteur de cet ouvrage, c'est justement toute cette petite musique surprenante qui même si l'on ne la comprend pas toujours n'en est que plus charmante.
Pendant ce temps là, Mark Hetting jubile et s'en frotte le mains. Il nous avait déjà fait ce coups là avec le fameux livre de Michel Tournier (mort récemment). Allégé, "Vendredi ou les limbes du Pacifique" est devenu "Vendredi ou la vie sauvage".


Allez, à Vendredi prochain !!!
On se quitte sur la quatrième de couv'  :



Cela est malheureusement toujours d'actualité !
Les citations non identifiées sont extraites du roman.
* Vergogne : honte !
Adichats (Bye bye) !!!


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