"Il faut être l'homme de la pluie et l'enfant du beau temps."Il pleut, ça me plaît.
René Char
Les flaques forment de petits lacs.
Le rideau d'eau danse le rigaudon
Et dessine des cercles bien ronds.
L'âme ensoleillée vaque,
Laisse le bon temps rouler.
Passe-heure :
Passent, passent les heures, il n'y en a plus pour très longtemps.
Voilà qu'Umberto Eco meurt à nouveau. Ou peut-être n'est ce que son écho ?
Le hasard fait bien les choses et l'écho ainsi danse !
Voyez plutôt :
Pour cet article, je cherche un conte. Je saisis à l'aveugle dans ma bibliothèque un recueil et je décide que le premier conte qui viendra à moi sera le bon.
J'ouvre le livre et je tombe sur une histoire initiatique de Nasr Eddin qui s'intitule "Le grammairien" !
Je le tiens mon lien avec le dernier message (Eco l'homme des livres, le sémiologue, lecteur de signes, l'érudit farceur et l'aérien grammairien).
"Eco me dit" le proverbe :
"Qui aime bien, charrie bien."
- Pourquoi n'as tu pas cité le fameux :
"Qui aime bien, châtie bien." ?
- C'est mon esprit pacifiste qui s'exprime. Mon côté poète aurait dit :
"Qui aime bien, Char lit bien."
- Bien vu, et comme c'est la semaine de la poésie, évoquer René Char est bienvenu. Par contre, le jeu de mot qui suit, ne s'accorde "guerre" avec ton aspect pacifiste : le char libyen ... "faux pas" s'y fier !
- Ah ! mince !
"Grammaire sommaire".
"Mulla Nasreddin est un passeur. Un jour, l'homme qu'il transporte dans sa barque est un grammairien. En cours de route, ce dernier lui demande :
- Connaissez-vous la grammaire ?
- Non, pas du tout, répond le mulla sans hésitation.
- Eh bien, permettez moi de vous dire que vous avez perdu la moitié de votre vie, réplique avec dédain le savant.
Un peu plus tard, le vent se met à souffler et la barque est engloutie par les flots. juste avant de sombrer, le mulla demande à son passager :
- Savez vous nager ?
- Non ! répond ce dernier, terrifié.
- Eh bien, permettez moi de vous dire que vous avez perdu toute votre vie !"
S'il ne veut pas avoir l'air idiot, l'érudit avisé doit accorder sa vision du monde à la vie. Son savoir n'aura de saveur que s'il vise le concret. La question à se poser est la suivante :
Mon savoir peut-il s'appliquer à la réalité ?
Le grammairien plongé dans ses kilos de "réa-littré" peut facilement se noyer dans un verre d'eau ou dans ses contradictions !!!
Il y a le savoir utile ancré dans la réalité (savoir-miroir qui permet aux gens de se voir) et le savoir futile et dérisoire (savoir-rasoir qui nous coupe du monde). Ce dernier, inutile et illusoire, il faut le virer, s'en débarrasser.
Un véritable passeur ne jongle pas avec un savoir passe-partout (qui ne mène à rien et n'amène rien de concret) et ne joue pas à cache-cache avec la vie.
Consultons donc notre "dico Jodo" :
"... A quoi servent les théories sur la sexualité, l'amour, le bien, la prière, etc ... si je ne les applique pas ?
C'est comme se cacher derrière ce savoir pour ne rien faire."
L'inconscient sait tout !
C'est tout un monde, en lien avec les rêves, les contes ...
Le conte fait rêver et voyager. Tenez, pas plus tard qu'un peu plus haut dans cet article, j'ai fait un lapsus écrit ("scriptae ?), tapant "grand-mère" au lieu de grammaire.
Et dans le même temps, j'imaginais que je me rendais en Ukraine dans une petite pirogue et que je me nourrissais de pirojkis exquis comme seule ma grammaire savait faire.
A savoir : Pirojki, mot polonais qui signifie "pirogue" !
On trouve aussi le mot "Pierogi" !
Pass'heure, je vois une lueur passer dans les yeux du passeur, Baudelaire de rien, il est "l'heure de s'enivrer." :
Et de se dire :
"Eau revoir", Bye baille !", "Bon vent" ...;
P.S : Juste un mot pour le titre "Mollah" Nasr Eddin, c'est un clin d'oeil à la fameuse librairie de Bordeaux et sans le "H" final, c'est la fonction de ce génial sage fou.
Le Molla iranien devient Mulla en Turquie, c'est le maître d'école coranique !
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