vendredi 15 janvier 2016

"Compile Bowie"



"C'est le fait de vivre qui m'intéresse, pas le résultat."
David Bowie

CD - DC :
David Bowie est mort dimanche dernier, il venait d'avoir 69 ans et son dernier CD est sorti le jour de son anniversaire.

Compile de chansons qui "restent en tête".
Réduire les 25 CD de Bowie en un seul, cela oblige à oublier des chansons que l'on aurait bien mis dans cette compile vinyle "Eat parade" à écouter sur son "mange-disque". Je me suis fixé une limite : pas plus de douze chansons qui m'interpellent quelque part au niveau du vécu.

Commençons par trois scènes de "Science-friction" :

Space oddity 1969.
"Space de joyaux lunaire", c'est une fort jolie chanson sur la solitude et la différence. Quand on la chante, elle ne nous laisse pas indifférent (sa mélodie reste collée à notre mémoire) et on se sent moins seul. C'est un dialogue sans fin entre la tour de contrôle et l'émouvant Major Tom qui décide de rester sur la lune.






"Life on Mars" 1972.
"Anka de déprime", écoutez ce titre avec ses surprises harmoniques (à certains moments apparaît un accord inattendu, ça surprend joliment l'oreille), sa belle mélodie de couplet et son lyrique refrain (ça se mange sans faim).
Au départ, on demande à Bowie d'adapter en anglais le tube de Claude François "Comme d'habitude". Il en fait une adaptation si personnelle qu'elle est refusée par les initiateurs du projet qui lui préfèrent le "My way" de paul Anka.
Alors Bowie reprend sa chanson et la transforme en cette si jolie parodie : "Life on Mars" !!!

"Ziggy Stardust" 1972.
Ziggy pop, Bowie est camé-léon, les "on dit", il s'en fout "comme de la carotte"(tout comme l'an quarante" qu'il met facilement en carotène, pas étonnant qu'après ça, ses cheveux soient parfois orange).
Ziggy est un zigomar qui en a marre du star-system. Il en dénonce les tares : surchauffe de l'égo nigaud, "si j't'aime" manipulateur qui endoctrine, gourouise et hystérise à tout-va !!!
Heureusement, Ziggy est là et il "play guitar" (Ah ! la guitare de Mick Ronson !)

Il n'y a que le changement qui ne change pas.
"Changes" 1971.
Bowie et le temps qui passe interpellent les rockers : "Faites attention, bientôt, vous allez devenir plus vieux !"
"Changes" nous charme avec le dynamique "ch-ch-ch-changes". C'est un hommage au bégaiement de Roger Daltrey (chanteur des "Who") dans la chanson "My generation".

Riff effet, riff hifi.
"Rebel, rebel" 1974.
Avec son riff inoubliable : RE MI RE DO dièze SI SI ...
- Qui sonne comme du Mick Ronson.
- Mais c'est du Bowie, d'ailleurs, il joue toutes les guitares de l'album "Diamond dogs".
Avec sa pochette de Guy Peelaerts qui étonne !
Rebel, rebelle, une chanson sur l'ambiguïté sexuelle, écrite dans sa période "Glam rock" par cet "androjean genie" (en référence à la chanson "Jean genie", jeu de mot de Bowie pour sa révérence à Jean Genet).




Aime Fame et aime flemme !
"Fame" 1976.
Et sa fameuse rencontre en studio avec John Lennon.
La version instrumentale passe et à un endroit de l'enregistrement, Lennon se met à chanter : "aime" "aime" ... Réaction de Bowie :
- Voilà, j'ajoute un "F" et je tiens le refrain, le thème et le titre de la chanson !

"Big King Elvis", ex beau oui comme Bowie "Thin Duke" !
"Golden years" 1976
Le "mince duc blanc" qui envoie des flèches d'amour dans les yeux des amants, passe du vibrato grave au murmure, alternant avec une voix de fausset. Côté musique, on nous sert guitare funk et groove léger.
Cette pièce montée, Bowie l'a composée pour Elvis mais les managers du King n'en ont pas voulu !

Des mots dés ... à coudre.
"Fashion" 1979.
Incommodé par le manque de créativité des filous des "défis laids" de mode, il se moque des fumeux créatifs. Cela sur une base de funky reggae qui assure, lorsque soudain Robert Fripp brise l'ambiance avec sa guitare aux lignes mélodiques onduleuses et frondeuses !

"L'écho ainsi danse" !
"Let's dance" 1983.
Choisi pour son insouciance, son innocence et sa guitare rythmique funky d'enfer !
Question choix de musicien, Bowie sait s'entourer d'artistes de qualité (Toni Visconti, Nile Rodgers, Brian Eno pour la production).
Un jour, il se trouve dans un bar lorsqu'il voit entrer Niles Rodgers. Ils ne se connaissent pas mais ils se reconnaissent. Puis autour d'un verre, ils sympathisent. Bowie l'invite en studio, il montre au guitariste de "Chic" les quatre accords un peu pâlots d'une chanson en construction et Rodgers les placent "higher"* et leur redonnent des couleurs !!!
Plus dans les aigus et légèrement transformé, une rythmique qui fait danser les pieds, le morceau décolle, s'envole, c'est divin, "céleste dance" !!!




De la poudre aux yeux bridés.
"China girl" 1983.
Écrite avec Iggy Pop, à l'époque en plein dans la chnouf (en 77). La chanson est reprise (en 83) par Bowie et retravaillée avec Nile Rodgers (l'intro guillerette et chinoise est de son invention).
- Le titre ferait référence à l'argot "China white" qui signifie cocaïne.
- Donc "China girl" pourrait être une coquine cocaïne" !

Après la coquine, l'héroine !
"Heroes" 1978.
"You can be heroes, just for one day".
L'amour est plus fort que les murs et la mort.
C'est l'une de mes préférées. Cette séduisante mélodie est dopée aux "Frippertronics" : guitare électrique, magnétos et pédales d'effets font des boucles hypnotiques, nappées d'écho et des arabesques insidieuses de toute beauté (lorsque les arabesques sont moches, on les dit "ainsi hideuses").
Deux amoureux s'embrassent près du mur de Berlin. En 1978, ce sont deux héros qui défient les fusils en s'aimant des petites graines de paix !
- Y peuvent toujours espérer. S'ils croient qu'un jour le mur tombera, y s'mettent le doigt dans l'oeil.

Des cendres et mon thé !
"Ashes to ashes" 1980.
Ballade sereine, hymne romantique qui annoncent aux sons envoûtants des synthés, le retour du Major Tom.
"I heard a rumour from Ground Control
Oh no ! don't say it's true.
We know Major Tom's a junkie !"


Voilà la boucle est bouclée, Major Tom ouvre et termine ma compile.
David Bowie ne voulait pas de cérémonie mortuaire avec tout le gratin. Il ne voulait personne, juste qu'on disperse ses "ashes", ses cendres. Cela a été respecté. Pour l'occasion, même la Tour de Contrôle est restée silencieuse !

* "Higher" : prononcez "ailleurs", signifie "plus haut".
Allez bon vent ! vivants, portez vous bien !
"Je suis la dernière personne à prétendre être une radio. Je préfère être une télé couleur."
Bowie (en 72)






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