vendredi 24 juillet 2015

Misères promises


"Je suis venu au monde très jeune dans un monde très vieux."
Erik Satie

Retour aux temps anciens : La mise à pied.
Dans ce monde de vieux anxieux et envieux, on ne laisse pas de place aux jeunes, on ne les laisse pas exprimer leur énergie créatrice. Côté boulot, ils sont pliables (flexibilité oblige) et corps-véables à loisir. Mentalité coloniale, on presse le citron puis on le jette. Mais parfois, le citron pressé, oppressé, stressé, on s'en débarrasse avec une procédure crasse. Ainsi après l'avoir plié, puis pillé, on utilise la technique de "la mise à pied".
Au XVe siècle, c'était une punition infligée à un cavalier ayant commis une faute. On lui retirait son cheval pendant un certain temps et il allait nettoyer les écuries. Ainsi humilié, il se retrouvait au niveau de la "piétaille".

Réactions corporelles en chaîne pour le "misapié" !
Après la mise en doute (prise de tête), le jeune perd pied, ses chevilles "oeuvrières" ne sont plus à pied d'œuvre car elles sont à genoux.
Il en a plein le dos. Son dos se plaint.
A cause de ce "cou" tordu de "l'ami zapié", Il se nique la nuque.
Lorsque l'on ne peut plus prendre en main son destin, c'est pas le pied. Rien ne marche. Les bras nous en tombent :
"Pas de bras, pas de chocolat". Estomaqué, tout cela reste sur l'estomac.
On ne digère pas cette mise à pied que l'on trouve fort cavalière !
Si cette antique pratique déstabilise (le jeune ne sait plus sur quel pied danser), l'entreprise, elle, sait très bien où elle va pour avoir de la main d'œuvre bon marché. Au bout d'un an, un beau coup de balai et hop ! un nouveau citron à presser.
Un salarié neuf coûte moins cher qu'un vieux !




Pour éviter d'en venir aux mains.
Le jour de l'entretien de "débauche", si vous avez mis les débouchés doubles pour trouver un nouveau boulot, vous pouvez vous présenter en clown et vous lâcher. C'est comme ça qu'on se retrouve en rigolo à oilpé dans un bureau parmi des gens en costume ou tailleur à dire :
- Salut les p'tits amis, comme on m'a convoqué pour un entretien de débauche, je suis venu nu. Et maintenant que je suis en votre compagnie, je vais vous chanter une chanson des Charlots ; "Merci patron !"
Si par contre, vous n'avez pas d'autres boulots en vue, c'est une autre histoire. Sans plan B, vous êtes plombé. Vous tombez du XXIe au XVIIIIe siècle !!

Au XVIIIIe siècle :
La mise à pied prend le sens qu'on lui donne aujourd'hui. C'est le début de l'ère industrielle. On voit grand mais on pense tout petit. Les interdits sont à la hausse, le capitalisme s'installe et s'étale. Les gens friqués créent des société fliquées.
Flic-fric amènent fric-frac et trafic !
Ode à la fraude, rôde la maraude.
La société se fige, se fixe, se fiche et s'en fiche !





Prenons l'exemple de la musique, avant et depuis l'ère industrielle.
Avant :
En musique classique, on improvise volontiers, on organise des joutes musicales sur un air ou un thème donné. Bach ou Beethoven étaient, parait-il, d'excellents improvisateurs.
L'opéra était populaire et peu cher. A l'intérieur, l'ambiance était chaude, ça tapait des mains pour montrer sa joie.

A partir du XVIIIIe, ça ne sent plus le peuple, ça s'embourgeoise, le parfum remplace le foin. A l'opéra, il est interdit d'applaudir pendant toute la durée du concert. Du coup, on se retient de tousser ou d'éternuer.
Idem pour les impros, il faut respecter scrupuleusement la partition.
"Il faut bien que vieillesse se passe."
Camus
L'humain est tombé bien bas !
Hélas et élastique, à force d'être flexible, l'homme est devenu flasque et sans cible. Il n'a plus le réflexe de viser juste (et encore moins celui d'improviser) ou d'avoir une certaine vision personnelle du monde. Il a une vision incertaine de l'avenir.
Sommes-nous encore vivant, en corps vibrant ?
Une voix jeune pour répondre à ma question :
- Moi, j'dit oui, mais seulement lorsque le portable dans la poche sonne en mode vibreur !
- Et tu connais d'autres modes ?
- Oui, le phrygien.
- C'est celui du flamenco coco. T'en connais d'autres ?
- Oui, le dorien.
- Je te remercie.
- Oh ! dorien !!

Bonnes impros avec les notes et les mots !
A bientôt !







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