vendredi 3 avril 2015

"Muséchothérapie"


"La musique exerce un grand pouvoir."
"La musique est une nécessité pour les parkinsoniens."
Le neurologue Oliver Sacks

Rituel et ritournelle !
Il y a longtemps de cela, au temps ancien où je commençais mon aventure "Éveil Musical" (c'est à dire en 1990), déjà passionné par les harmoniques du son, j'inventais une courte histoire destinée à mettre en valeur mes dernières acquisitions : des bols chantants. Bols qui non seulement chantent, mais en plus, nous regardent :




L'histoire, LA voi-SI, LA voi-LA :

Un jour, un meynierstrel distrait fait une fausse note lors d'un concert organisé par l'association "Des notes justes". qui, s'appuyant sur un règlement intérieur austère, fait régner la terreur de l'erreur. La crainte de la dissonance abrutit et aboutit à une aberration pénale pénible.
Ainsi, tout joueur de fausse note est considéré comme un mécréant à condamner, un damné Faustien mal noté, un fou qui fait du faux. Le juge des notes considère que celui qui rate ses notes, irrite et déroute et met vite le doute au sein du groupe.
Par conséquent, les fausses notes, s'il ose en faire hi hi ! ra (en enfer !).
Le troubadour troublé prend ses jambes à son cou, va se réfugier au pays des "why note, c'est juste ... une note" et se met à l'abri dans une caverne qu'il le rend baba.
- A la bonne heure ! se dit-il en jouant avec le divin son aigu et cristallin des stalactites et avec les stalagmites au son plus grave et plus minéral !

Cette grotte était riche en résonances, elle se trouvait en pays d'Algéguéri, pays des algépluriens. Peuple qui se soigne au son caverneux et joyeux des si chics stalactites énergétiques et des stalag-mythes magiques qui ont tant de sages histoires à nous conter..
Ces espèces de gnawas (musiciens médecins du pays voisin, à l'époque le baroque Maroc n'roll) organisent vivement et dans un court délai, un concert de Maqsim Leforestier (nom de scène donné à l'artiste pour l'occasion).
Le concert "insoliste", insolent et déconcertant, va faire un barouf d'enfer, tout un ramdam nocturne.
Lorsque l'on va se coucher après avoir joué un bon moment avec des stalactites galactiques et des stalagmites moites, on s'endort en faisant des rêves d'allumeur de rêves berbères, on voit des fées et des Fellags, des effets et des gags qui enchantent, chantent et dansent dans ce lieu riche en vibrations où se rencontre écho et "réverbère à sons" !!!
Bref dans cette histoire (contée autrement pour les drolles), je démontrais que les grottes aux sonorités sympathiques étaient de thérapeutiques lieux de lien et de lumière !




Quel écho ainsi danse !
Et v'la t'y pas que je découvre (dans l'excellente émission de France-Inter "Sur les épaules de Darwin" de J.C Ameisen) qu'il existe des archéologues acoustiques (Rupert Hill et son groupe de chercheurs musiciens "Le chant des grottes"). Ceux-ci ont comme perspectives de déterminer les empreintes digitales sonores des cavernes.
Les fresques les plus anciennes de certaines grottes (du nord de l'Espagne) ont été peintes dans le noir. Dans ces conditions, pour l'artiste, le guide, le repère, c'est l'écho !
Ces archéologues ont constaté que les parois sont toujours peintes à l'endroit de la grotte où il y a le plus d'écho, de résonance et de réverbération.
Pascal Quignard en parle si bien :
"Dans les cavernes d'écho, les parois sont des résonateurs nocturnes." 
"L'écho est la voix de l'invisible."
Ainsi, il y a fort longtemps, dans l'obscurité, des hommes ont créée des images sonores, des paysages de sons.



A l'extérieur, la nature les a inspiré, ils ont inventé des instruments de musique :
Flûtes d'os troués, rhombes vrombissants tournoyants au dessus des têtes, racleurs plaintifs de bois de rennes, galets frappés, cor-nes d'auroch (ou de bison, de bouquetin) soufflées, peau animale tendue frappée comme un tambour, trompette de bouleau, flûte de roseau, de sureau, phalanges trouées de rennes  ...




Vu sur le site "Hominidé.com", c'est une flûte en os de vautour qui vaut le détour. Trouvée en Allemagne, c'est le plus vieux des instruments (daté carbone 14 de plus de 35000 ans) !

A l'intérieur, la nature crée elle-même, un décor sonore aquatique et extatique.
Avec tact, les stalactites, plic ! et leurs gouttelettes s'flaquent, plac ! se répandent et se répondent entre-elles, du tac au tac, ploc ! Dans mon histoire, je les comparaient à des lithophones.
"Les grottes du paléolithique sont des instruments de musique dont les parois sont ornées de peintures."
Pascal Quignard
Dans la caverne, les endroits pour D.J, sont des lieux de R.V pour rituel, C.Q.F.D !!!
Dans ces salons où l'on refait le monde en même temps que l'on s'refait une santé, on défend l'écho-se perdues et on pratique la "Muséchothérapie".
"Les parois colorées ont été choisies en fonction de leur qualités acoustiques."
Iégor Reznikov


"L'à racler", une valeur en os chez les hommes pré-hystériques :
- Tu m'énerves, tu vas prendre à racler et tu me fiche la paix, dit le père râleur, racleur mais non violent à son fils agité !

Ainsi tout lieu à écho est un temple, lieu d'intériorisation qui aère l'esprit, tralal'air.
L'arc sert à la chasse mais sert la musique aussi, tralal'art.
La corde vibrante de l'arc sonne comme un chant d'hirondelle qui jubile, tralal'or.
L'arc musical vocalise alors comme une lyre, tralalyre !!!
"Le mot 'harmonie', harmonia en grec
décrit la façon d'attacher les cordes pour les tendre."
Quignard
Et pour ça (tendre), prendre son temps, son tempo, prendre le temps de ne pas aller trop vite, s'allonger, s'étirer et pratiquer le yoga de Nietzsche :
"Nous écoutons la musique avec nos muscles."
L'âme zen d'Ameisen asticote "l'âme-son", pratique la posture du Poisson, suit les conseils de Platon tous les jours et Pâques le vendredi :
"La musique pénètre à l'intérieur du corps et s'empare de l'âme."
Les cris ... Non mais, tentant ce que je vois !
"Écrire, c'est entendre la voix perdue." P. Quignard
Ben, écoute et fait du silence ...
"Le silence n'est  que l'ombre que le langage porte, comme la conscience n'est que la chambre d'écho du langage dans le résonateur de l'âme."
Quignard
Voilà, on nous supprime une heure et je n'ai plus mes repères. Je ne sais plus dans quelle épique époque opaque on vit !!!
Bon, à bientôt.

Crédit photo des Bols Chantants : "Magiedubouddha;com".

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