vendredi 20 mars 2015

De Cuba à Charb !


"L'humour est le plus court chemin d'un homme à un autre."
Wolinski
"Trois portraits", suite et fin de l'hommage "Charlie".


"La jungle", dessin du jeune Wolinski (début des année 60).

Wolinski, l'homme qui aimait les femmes (ça se voyait dans ses dessins) :
"Wolin", c'est ainsi qu'on le nomme dans la bande à Cavanna. Lorsqu'il entre au journal "Hara-kiri hebdo", il fait dans le genre dessin réaliste, très fouillé avec plein de traits. Cela déplaît au rédac-chef Cavanna qui lui dit :
- C'est trop compliqué, fait plus simple, bon sang !!!
Un jour, au resto avec Cavanna, Wolin gribouille un dessin vite fait sur la nappe en papier.
- Et bien voilà, t'as trouvé. Tu vois, c'est ça le style "Hara-kiri" !


Cabu dessine dans la poche de son manteau, incognito. Wolin, lui, dessine sur les murs de resto, et joue avec la langue avec brio !!!

Alors, il s'y est mis, Wolinski, au dessin vif et spontané. Wolin, pied noir au pied lent (nonchalant), a l'esprit vif et la main habile :
"Le bâclé, j'en ai fait un style."
Effectivement, son dessin est rapide, simple et tout comme Cabu, son trait est léger et volubile. Ses dessins érotiques libèrent, décoincent la société puritaine et cadenassée des années 60-70.
Pour sa part, il adore Topor, est fou de Dubout et trouve Chaval, génial.
Il n'a pas tort et il a un bon goût (rien que du "pas banal" dans ses références).
Et puis, bien sûr, son pote Reiser, mort beaucoup trop tôt (au même âge que Coluche, soit 42 ans), qui faisait souvent la couv' de Charlie.
Afin que les morts vivent encore et nous enrichissent, utilisons leur talent et jouons avec eux. C'est dans cet état d'esprit que je vous dévoile la une du prochain Charlie ...


Et puis, y'a les textes, atypiques eux aussi. J'ai en mémoire ces planches aux dialogues de sourds, surréalistes et absurdes, entre un type mesquin, requin, malsain et un gars gras et lourd dans ses jugements.

Il y a aussi, la richesse de son vocabulaire (une pléthore d'adjectifs donne des phylactères de caractère) et ses aphorismes de qualité, tels :
"L'humoriste est rarement un salaud, souvent, c'est un homme sans illusions."
"L'auto-culture, ça veut dire que je ne lis que ce que j'écris ... alors, plus j'écris des choses intelligentes, plus je dis des choses intelligentes."
"Quand on veut faire le bonheur de l'humanité, il faut commencer par soi-même."


Autoportrait (fin des années 90) de l'homme qui aimait ...

Tignous, trait original !




Tignous, encore un vol-ubile, aérien dans ses dessins dansant, mais l'humour est terrien (c'est ce concret qui l'intéresse). C'est un "repor-terre" convainquant (je l'ai vu défendre intelligemment l'écologie lors d'un débat au salon Marjolaine).
Ses dessins visaient souvent justes, ils étaient humains et faisaient du bien. Nous les classerons donc avec une bonne note sur l'échelle de ... riche-terre !
Son dessin, c'est un dessin de bigleux et aussi, comme son nom l'indique, un dessin de teigneux.
Il t'emmène dans la poésie. Le trait se promène, chaloupé, sensuel.
C'est un trait relâché à la Reiser (tiens un autre penseur réaliste de l'écologie). Les fanas d'écologie aux traits de génie, font ils tous des dessins de yogi ?
"Un dessin réussi prête à réfléchir et à rire."
Tignous



Charb :
"Je ris de ce que je veux, quand je veux."
Après le "bigleux teigneux et heureux", voici le "bigleux extravagant et clairvoyant".
On ne va pas "Reiservé" le si talentueux Reiser au seul Tignous.
Charb, le Reiser du 21 ème siècle, n'a pas froid aux yeux. Il n'a pas non plus la peur au ventre. Il a l'apparence d'un ado mais il est costaud, le dirlo de "Charbie-Abdo" !
Son propos est musclé et sa parole n'est pas muselée, ses personnages ont le nez en pomme de terre et lui, en a gros sur la patate (et sa colère la lui donne).
Il va droit à l'essentiel, il a l'esprit pratique et critique. Son dessin "coup de poing" fait dans le genre court et féroce, c'est un militant anti-limitant, armé de crayons.
Son courageux portable chantait l'appel à la prière avec son fameux "Allah Akbar" !
Si quelqu'un l'avait appelé au moment de l'attentat, les frères "pois chiche" auraient entendu "l'appel allah prière" sortant de son portable et alors ...




"Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris."
Wolinski
C'est Wolinski qui a le mot de la fin ...
Et c'est Charb qui signe le dessin de la fin ... Triste réalité et déprimant destin !





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