vendredi 13 mars 2015

De Cabu à Cuba !




Hommage aux dessinateurs de "Charlie",  j'ai passé tant de bons moments en leur compagnie. Voici quelques traits d'humour sur les dessinateurs Cabu et Wolinski.

Traits d'union :
Quel étrange destin ont eu ces deux artistes pas tristes du dessin de presse, gourmands pour qui la vie était un festin. Quel mektoub pourri de fin de vie pour ces deux mecs tout bon dans leur passion. Ces deux tempéraments différents, aux parcours si proches, avaient le cœur à rire. Le duo meurt en chœur avec d'autres hommes de valeur (entre autres : Tignous, Charb, Honoré et Maris).

Points communs :
Ils sont de la même génération (nés dans les années 30), font leurs "sévices militaires" pendant deux ans et demi en Algérie, puis rentrent en même temps à Charlie ("Hara-kiri", début 60). Ces dingues de dessin exercent leur talent dans différents journaux, ont la même admiration réciproque pour Cavanna (lui-même baba devant Cabu et Wolin), font tout deux la promotion de Dubout dont ils admirent le talent, adorent voyager (l'un pour croquer l'incongru, l'autre pour gribouiller les bouilles de ses nouveaux amis et pour danser la salsa avec les cubaines).

Point final :
Ils sont assassinés ensemble, au même moment dans les locaux de Charlie-Hebdo !




Cabu :
Regardez-le cet éternel ado rigolo à la tête d'enfant espiègle, rieur farceur, tendre moqueur, véloce féroce qui point ne négocie contre la connerie et en même temps si gentil dans la vie. Ardent défenseur de l'écologie, il faisait sa part, comme tout petit colibri qui se respecte. Ce "colibrius" là,
je me souviens de l'avoir croisé à Paris au marché bio "Raspail" un dimanche matin.
Autre rencontre (plus riche celle-ci) :
Dans les quartiers chics du seizième arrondissement parisien, nous avons devisé sur l'armée et nous avons eu des visées philo sur un monde plus écolo (au "Trocadéro", lire le message du 9.01.2015).
Et puis, une autre fois, nous avons "davisé", c'est à dire échangé des propos sur le jazz en général et Miles Davis en particulier (dans la Maison de la Radio après son "Inter-vention" dans l'émission de Claude Villers "Les Flagrants Délires").
C'est un vrai fan de jazz et de Trenet (tous les matins, il boit un café au Big-band et au "fou chantant").
Après ça, il peut "swinguer" avec sa main, son instrument jazzy à lui, c'est le crayon be-bop. Et là, hopopop ! il en connaît un rayon, du coup, il dessine sans arrêt et partout. Bon, vous avez compris,, il dessine comme il respire. Enfin, il a dessiné jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à ce qu'un barbare l'ai obligé à tirer un trait sur sa vie !



"Ce n'est pas parce que j'ai perdu ma gomme,qu'il faut qu'on me dégomme."

Du coup du sort, passons au coup de crayon, point d'exclamation !!! :
Donc je disais qu'il dessine comme il respire, et il a du souffle, le bougre. En fait, il dessine comme on chante ou comme on joue de la trompette et il a du coffre, l'animal.
Myope comme un taupe, il s'amuse à dessiner à l'aveugle, avec un bout de crayon et un mini bloc à dessin, situé à l'intérieur d'une poche de son manteau.
Il ne s'emmêle jamais les pinceaux, il est toujours gai comme un pinson. Il a le compas dans l'œil et le coup de pinceau qui swingue.
En trois coups de crayon tout est dit.
A tous les coups, il met dans le mille. Pour faire le portrait de l'Emile (ou du Pierre-Paul-Jacques), il est capable de saisir les mille expressions du visage et de le rendre vivant.
L'attrait qu'il a pour l'humain, le trait très juste et son intérêt pour les portraits de gens pris sur le vif, font de lui un redoutable portraitiste.

Tirés à la ligne :
Il va à la pêche au con et son trait de génie fait toujours mouche mais jamais moche.
Il a un super flow (c'est fluide) sans superflu, sans un trait de trop. Ce trait très volubile et son propos profond semblent paraphraser (remplacer la plume par le crayon) Albert Londres :
"Notre métier n'est ni de faire plaisir, ni de donner tort, il est de porter la plume dans la plaie."



Souvent, je me souviens :
De son "Grand Duduche" découvert en 69 dans le journal "Pilote", il avait une dégaine de grand dadais à lunettes, d'élégant dandy dégingandé et un air lunaire qui n'était pas sans me déplaire. Ce faux naïf et vrai malicieux était déjà contestataire et antimilitariste joyeux.
Ce grand échalas maladroit, c'est lui.
Le grand Duduche racontait son époque opaque un peu nunuche !
Ce dadais longiligne la brocardait et moi, jeune gringalet d'une dizaine d'années, à chaque fois que je le lisais, c'était réglé, je me régalais et rigolais à gorge déployée.


De son adjudant Kronenbourg, symbolisant l'armée à la ramasse, la "grande muette" comme une tombe, était alors mise en bière par Cabu.

De son "Mon Beauf" (l'historique à moustache dans "Charlie" et un plus jeune, genre bobo à catogan pour le "Canard enchainé"), facho fâcheux fiché "fait chier" par Cabu qui par ses dessins, nous soulageait de ce sans-gêne sans génie !

De la fille du proviseur et de toutes ses jeunes nénettes mignonettes (dont "les nénés sont placés trop hauts", disait Wolin, spécialiste en croquis craquants de corps féminins, c'est probable mais elles sont adorables, quoi qu'en pense Wolinski, c'est exquis), griffonées puis encrées dans un dessin plutôt farceur de fin observateur.
Alors que Wolin, lui, "grifoufoune" un dessin plus ancré dans sa réalité d'obsédé sexuel !

De ses dessins,dans l'émission de télé "Droit de réponse".
Michel Polac disait de Cabu :
"C'est un poète de l'instant mais aussi un chroniqueur de son temps, qui s'intéresse à tout."


Deux libérateurs moqueurs de corps et de cœur, meurent ...
Deux résistants qui résistaient au temps qui passe, trépassent ...
C'est mon "clin deuil" à ces deux drôles d'oiseaux qu'étaient "Nichons haut" (dans les arbres bios) et "Cuba" (un cigare amigo ?).
A quand un message "Wolin fidel, Charb gai-vara, Tignous à vannes" ?
A bientôt !!!



Et pour finir, ce joyeux joyau cubain, tube incontournable de "Los van van" ; "Que palo" !




P.S : Tous les dessins sont de Cabu.


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