"Comme le pou,
le coiffeur est le parasite du cheveu."
Pierre Desproges
Avant, moi aussi j'étais comme lui. Je détestais qu'on me tripote les cheveux tout en me racontant des conneries dans le dos. J'étais de mauvaise foi, avec des a priori et des alibis capilotractés (tirés par les cheveux). Alors, pendant trente-cinq ans, je me suis coupé les cheveux moi-même (en partie grâce au yoga), puis ma belle amie a pris le relais. Et il y a peu, elle m'a fait découvrir une coiffeuse énergétique. Cela a changé la vie de mes cheveux et pas qu'eux.
Le jour où je l'ai rencontré, d'abord j'étais déboussolé, ensuite par rapport au coiffeur pou, elle m'a dépoucelé.
Pourtant l'affaire n'était pas dans le sac. Le jour du rendez-vous, j'y allais à reculons avec ma compagne qui marchait devant moi. D'ailleurs, sur le chemin qui mène à l'andernosienne boutique diététique faisant parfois office de "coifferie" (le saviez-vous ? On ne dit pas "je vais au coiffeur", mais "je vais à la coifferie"), l'angoisse s'installait en moi. Je me faisais des cheveux blancs et sans avoir bu, j'avais "mal aux cheveux" (avoir mal à la tête par abus d'alcool). Et puis, revirement, mon insatiable curiosité, relayé par mon côté sportif (un reste de mon passé, désolé !), m'ont fait faire de grandes enjambées. J'étais à un cheveu de franchir la ligne d'arrivée lorsque mon accompagnatrice a tiré la porte d'entrée du magasin . Bref, elle m'a coiffé au poteau, comme ça au moins ma chevelure était correcte (la tenue vestimentaire étant habituelle, le genre aTIFfé comme l'as de pique).
A l'intérieur de la boutique-salon, la coiffeuse riait à gorge déployée, et tout de suite, le courant est passé. On est entré dans son cabinet décoiffant et relaxant, j'ai posé mon manteau sur le porte-manteau. Elle a fermé la porte, et moi l'esprit ouvert, j'ai déposé mon mental rationnel et agité sur le porte-mental. Je la voie me mettre à nu, me scruter le cuir chevelu. Elle me demande quelle genre de coupe je veux.
- Courts, mais pas trop, je réponds.
Assis confortablement sur une chaise pliante, je rêvasse. Je voyage dans le temps de mes vingt ans, La jolie fille du coiffeur, une séduisante femme de mon âge, avec du monde au balcon et ce jour là, personne dans le salon, s'occupe de moi. Pendant qu'elle s'occupe de mes cheveux, les yeux fermés, j'imagine et j'esquisse un sourire. Alors qu'elle me fait marrer au milieu, le nez au niveau des nichons, je ris dans ma barbe. "Aux cheveux courts", c'est indécent, un dessin me vient à l'esprit (question humour, j'étais parfois de mèche avec les machos éméchés), le voici :
Et puis, la belle coiffeuse a déménagé, et je n'ai plus jamais remis les pieds chez un capilliculteur. J''ai aussi laissé tomber l'humour postiche, euh ! potache.
- Encore heureux; quelle horreur ! vocifère ma mémé anti-nénés nus, avec sa croix autour du cou et son chignon de rigueur.
Ma rêverie prend fin.
- Vous vous êtes coupé de vos grand-mères, qui elles-même s'étaient coupées du monde (l'une, "grenouille de bénitier" qui finit sa vie sans repère en marge-rides et l'autre exaltée slave, exilée d'Ukraine, un brin égarée dans sa souf'errance), me dit la coiffeuse "reïki".
- Raaah ! Tchaaak ! confirme la lame de rasoir acérée.
- Assez ri, dis-je, j'ai comme l'impression qu'on me parle.
- Ce sont vos cheveux. Avec la lame, je vais émettre des vibrations et les cheveux vont me répondre. Moi, je ressens des choses et je vous propose d'en parler.
Avant ces scoops sur les mères amères de mes parents, la coiffeuse "shiatsu" m' a demandé de choisir une carte. Je tire la carte de la parole et je pense au concept "maladie-mal à dire".
- Il vous faut dire, oser, écrire et vous laissez aller ... aux confidences.
- C'est justement pour ça que j'ai créé mon blog.
- C'est bien, mais il vous faut aussi parler de vous au quotidien, à vos proches. Il ne faut pas avoir peur de déranger. Chez vous, il vous faut prendre votre place.
- Et ce sont mes cheveux qui vous disent tout ça, je parie, ça doit pas faire un pli.
- Bien, justement, vous voyez ce pli là, il en a des choses à dire ...
F'Murr "Le génie des alpages"
Comment taire (?) :
- Oh ! ben dites donc ... Ça s'arrête net. Allô ! Ne coupez pas. Sinon, si on veut mon avis, et bien je suis d'accord avec "l'âme à mie" croyante, on ne rigole pas avec les saints.
"L'arrêt net", grenouille de bénitier et fière de l'être.
- Cher Monsieur, sachez que l'on ne dit pas : "Je vais à la coifferie", mais : "Je me rends chez le coiffeur". Et au sujet de l'effet de vos calembours balourds, et bien ils tombent à plat, comme des cheveux dans le potache, si j'ose dire. Sapristi ! Cela serait-il contagieux ?
Maître Capilo
Droit de Réponse :
- Lorsque nous regardions la télé chez mon oncle "resté au pays" ("Le Viala" en Lozère), la mémé nous empêchait de profiter des chastes embrassades romantiques dans le western "John Wayne" du di-comanche soir. Elle nous assommait de prières purificatrices dites à haute voix en patois lozérien. Et quand elle était lancée, rien ne pouvait plus l'arrêter. Elle avait un flow de rappeur ma "testo d'aze" (patois : obstinée, "tête d'âne") de grand-mère "pater-nel".
- On ne dit pas : "Je vais au coiffeur" mais "Je vais à la coifferie". On sent que cette affirmation est à moitié juste. C'est mon astuce pédagogique pour aider les mômes dans le bon emploi de cette phrase fatidique. De toute façon, si on veut "couper les cheveux en quatre", on peut aussi dire : "Je vais chez le capilliculteur".
Suite et cheveu fin, la semaine prochaine. Que va-t'il arriver à l'homme coupé occupé à ne rien rater de sa coupe cool ? Vous le saurez bientôt, bande de rigolos !!!
Il a l'air rigolo ce salon de coiffure andernosien. L'ambiance doit y être meilleure en tous cas que dans cet autre salon (souvenir d'une belle expo vue il y a trois semaines à Paris).
RépondreSupprimerhttp://www.grandpalais.fr/fr/article/beyrouth-chronique-dune-guerre-civile
(en espérant que le lien est actif)