"Écoute le silence."www.renaissance65.fr
Lorsque le disciple est dissipé, le maître lui propose de se concentrer sur un Kôan. Dans la tête de l'élève, s'opère une rupture, ça sature son mental. Déstabilisé, son mental ne sait plus trop quoi en penser. D'ailleurs, il ne pense plus. Le disciple est à nouveau présent, donc présentable. Il n'a plus le même visage. Mais ...
"Quel était votre visage avant la naissance de vos parents ?"Si le maître est dans un bon jour, et qu'il distribue un second koan, comme une paire de claques, alors l'élève ne se pose plus de questions métaphysiques ( "Qui suis-je ?, Où vais-je ?, Dans quelle étagère ? et Quand est-ce qu'on mange ?").
"Deux mains frappées l'une contre l'autre forment un son. Mais quel est le son d'une main ?"Vous avez envie de vous tapoter la tempe avec un index ? C'est normal ! Ne vous prenez pas le choux, ne vous méprenez pas.
Le Kôan n'est pas un problème à résoudre dans un temps donné. C'est plutôt une espèce d'énigme irrationnelle que l'on installe dans son esprit, et que l'on va laisser mûrir jusqu'à l'apparition de l'évidence. Le raisonnement logique est banni, il conduit à des lieux communs et à des impasses qui rendent la vie impossible (mais guère impassible). Alors place aux associations d'idées, symboles, comparaison (n'est pas raison), imagination où métaphores qui mettent à mort les idées reçues et qui permettent de sortir des sentiers battus. D'après les spécialistes, "Le Kôan doit engendrer l'éclosion d'une nouvelle fleur méconnue."
"Un Maître trace sur le sol un cercle à l'intérieur duquel il pose un objet. Des disciples arrivent et il leur demande :
- Qu'est-ce que c'est ?
Les disciples disciplinés et décontenancés, ne savent pas quoi répondre. Trop simple pour être au net, pensent-ils. Ils s'en vont. Plus tard, un autre étudiant s'approche du cercle.
- Tu te rends compte que tout à l'heure, pas un seul d'entre vous n'a été capable de me dire qu'ils avaient devant eux un pot de fleur en terre, lui dit le maître.
Le disciple donne un coup de pied au pot qui se casse. Puis il s'en va."
Si j'étais l'auteur, j'aurai terminé le récit autrement.
L'indiscipliné découvrant le pot aux roses s'en tape puis se casse. Atterré, puis avec intérêt, le Maître se dit que celui-là au moins aura répondu à la question :
- Qu'est-ce cassé ?
"L'homme regarde la fleur, la fleur sourit."
Le Kôan est un outil pédagogique du Bouddhisme Zen, mais :
"Qu'est-ce que le Bouddha ?Eh ! Oui, c'est un Kôan, et un des plus "cul nu" en plus. A noter que je ne passe pas d'une écriture scat à un style scato. Mais pour les bouddhistes, les végétaux, animaux et humains sont de même nature. Donc Bouddha est partout, même dans un tel objet (pourtant très utile, surtout quand on n'a pas encore inventé le papier, et encore moins le papier de toilette "yogi" (lotus). Dans la vie, il n'y a rien à ajouter, au contraire, il faut retirer ce que nous avons en trop. Donc le bâton à étron a tout ce qu'il faut pour être Bouddha ! Il ne s'est pas mis à accumuler des tas de pseudo-mérites pour aller plus vite vers le but :
- Un bâton à merde."
Faire l'aumône ne saurait masquer l'avarice.
Un somptueux cadeau ne remplace pas l'amour défaillant.
L'oisiveté est la mer-de tout l'Elvis (le roi du rock mort sur le trône).
Du coup, le bâton lotus est plus proche de l'état de Bouddha que la plupart des hommes.
"Si tu rencontres le Bouddha, donne-lui vingt coups de bâton."J'espère pour lui que ce n'est pas un bâton merdeux. Et puis, pourquoi taper en vingt ? Tant qu'à fouetter le sang, autant aller jusqu'à 109.
Le Kôan peut être utilisé comme un art martial zen. Un adversaire cherche à nous surprendre, si l'on est dans le présent, vraiment attentif, c'est lui qui sera surpris mais pas nous. Cela peut être vu comme un yoga de l'esprit, qui nous permettrait de ne plus être surpris par nos ennemis intimes (démons intérieurs). Lorsque tu vis avec une furie sournoise, tapie dans l'ombre sombre de ton psychisme, "reine de l'ennui" de "fout-l'camps ou j'met l'mahousse Bazar"*, ce genre de tactique anti-choc peut s'avérer utile. Ainsi, par la grâce de cet aikido mental (où l'on utilise la force de l'adversaire), la vie danse le Madison et se réjouit à endormir Miss Parkinson.
Le Kôan met K.O l'âne. L'âne, c'est notre égo. S'il est O.K, réceptif, sans pensées parasites, alors l'homme, dans son silence intérieur, à l'égo maitrisé ou en sourdine, pourra garder l'esprit vide et s'imbiber comme une éponge.
"Le courant rapide n'a pas emporté la lune."
"Quand le sage montre la lune, l'imbécile montre le doigt."Les écrits de Sakura Sensei m'ont inspiré. Je fais l'idiot mais je ne montre pas le doigt. Je finis l'article et j'entends ceci dans la radio (France-Inter) :
"Vise la lune, comme ça au pire, tu toucheras une étoile."Comme son père (non pas Leonard Koan, mais Tim Buckley), il a dû toucher une étoile mais ce n'était pas la bonne. Il est mort au même âge (27 ans), mais lui, à la nage contre le Mississippi.
La vive et bien vivante Pascale m'a devancé dans son commentaire de la semaine dernière. Du coup, c'est son lien que j'utilise. J'ai beaucoup aimé ce C.D de Jeff Buckley ("Grace") :
*Wolfgang Amadeus Mozart
Commentaire :
- Dans ce jeu de mot, on sent l'influence de Desproges. Souvenez-vous, lorsqu'il faisait dire à la mère de Mozart enfant venant de se rouler dans la boue : "fout l' camps ou met des housses."
Pierre Kiroul
Etonnant, non ?
A bientôt ! Adichats !
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