"Et si on écrivait des épitaphes".
"Épitaphe : Inscription sur une tombe démontrant que les vertus du trépas ont un effet rétroactif."
Ambrose Bierce
La pierre tombale t'emballe pas vraiment, toi, qui comme moi, a une préférence pour l'urne cendrée. Que cela ne t'empêche pas de donner un sens à ta mort, de trouver des mots d'hauteur pour quand tu ne seras plus là, mais plutôt plus bas, ou alors là, là ou encore (en corps) là et là !!! Où ? Le mystère perce et les cendres se dispersent.
Pour ma part, je verrais bien, pour le phénix "félix" (heureux) que je suis, cette épitaphe :
"Conteur ... remis à zéro."
En piste l'artiste, si je faisais mon numéro de "clown christ", ça serait plutôt :
"Je reviens dans cinq minutes."
Et pour mon côté "musicothérapoète" :
"Je vous sers un vers, ou une petite bière. Comme ça, vous m'accompagnerez pour chanter l'apéro en sifflant l'opéra (le "Lacrimosa" du Requiem de Mozart bien sûr !)."
Il existe des gens cultivés que tu apprécies, qui publient avant toi des formules, dont tu ne serais pas surpris, de les entendre sortir de ta bouche. Jean-Louis Fournier est de ceux là :
"Ma vie a changé du jour au lendemain."
"J'étais superficiel, j'ai gagné en profondeur."C'est le genre de brèves qui t'achèvent. Mais tout est bien qui finit bien :
"Finalement, nous ne regrettons pas d'être venus."Un autre "type taupe" qui fait dans le profond ("six mètres", quand même, ce n'est pas rien, surtout pour un début), c'est le pote pitre qui t'épate quand il jacte musique : Jackie Berroyer ("Mélomanie" sur la radio "Le Mouv") :
"Il commençait à s'y mettre."Il y a ceux qui font dans le jeu de mo(r)t :
"Ci-gît Allais. Sans retour."Sans détours, sans la peur du bide ou du vide, il se jetait à corps perdu dans l'absurde. Et il y allait, Alphonse, "allais-grement", pour notre plus grand agrément. Bazin est plus basique.
"Né en ...
Néant ..." (Hervé Bazin)
Et il y a ceux qui font dans le texto :
"GUDOéDAaaaaaaaaaaa !!!"
Mais si je m'inspire d'un dessin d'Honoré dessinateur à "Charlie-hebdo", dont j'ai le strip (suite de cases dessinées avec texte, ici ciblées siglées) dans la tête, cela mérite quelques explications :
"Geek / P.I.P / V.I.P / Biiip / Ziiip / R.I.P"7 à dire : "Accro à l'ordinateur / Spéculateur (Plan d'Investissement Programmé / Very Important Person / Hôpital : arrêt cardiaque / Bruit de fermeture du funèbre Sac (l'affairiste est dans le) / "Rest in Peace". Ou alors :
"Accro à l'ordinacoeur / ses prothèses "P.I.P" explosent / Vieille Pie / arrêt du coeur / autre zip que celui du manteau de vison / R.I.P.
Eh ! oui,
"On peut s'éteindre même sans avoir été une lumière."
Bien sûr, pour un bon mot, on peut toujours compter sur Fournier :
"Le jour de ma mort, si j'entends dire : C'est la fin ! J'ajouterais : des haricots ! Pour faire rire une dernière fois."Après Jean-Louis F., un certain Ludwig Van B. (sourd comme un pot de "Triste en thème") :
"J'entendrai au Paradis."Il n'est jamais trop star pour Paul Léautaud :
"Ci-gît Paul Léautaud, plus connu Maurice Boissard.C'est tout à fait dans l'esprit de son journal, dont je conseille vivement la lecture (c'est une somme, de nombreux tomes pour un sacré bonhomme hors normes).
Quand on l'enterra : 'C'est bien tôt', dirent quelques-uns,
mais à part, beaucoup pensèrent : 'C'est bien tard !'"
Je meurs d'envie de connaître vos épitaphes. Si elles sont à mourir de rire, c'est bien. Si elles donnent à penser, c'est bien aussi. Si elles sont d'un ennui mortel, jetez-les à la poubelle.
N'hésitez pas à me les envoyer par le biais de la rubrique "Commentaires".
A la semaine prochaine !
Ah oui, c’est vrai, c’est le jour de penser aux morts (quand on n’y pense pas le reste du temps).
RépondreSupprimerIl ne me vient comme épitaphe que celle de monsieur de Lapalisse : « Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie » : assez rassurante au fond car il suffit à qui aimait le monsieur de reculer sa montre d’un quart d’heure ; c’est bête mais il fallait y penser !
J’aime mieux ces vers de Lorca, qui ne sont pas vraiment une épitaphe :
« Que tous sachent que je ne suis pas mort : je suis le petit ami du vent d’Ouest ».
Ca ne fait pas rire, ni penser, juste rêver peut-être. Et ce serait une belle épitaphe, non ?