vendredi 15 novembre 2013

Shri Mahesh

"La Posture de Yoga est partout et en tout. Chaque geste est le reflet de l'intérieur."
Mon maître de Yoga.
Il a été l'un de ceux qui ont bousculé ma vie, à une époque où j'en avais envie. C'était dans l'air de mon temps, j'avais à l'époque un grand désir de m'envoler vers d'autres cieux. Alors évidement, puisque j'étais prêt, je l'ai rencontré ce drôle d'oiseau qu'on nomme gourou. Il allait me prendre sous son aile, ce gourou sherpa et m'aider à déployer les miennes. J'étais blindé, guindé et dégingandé. Il m'a guidé, déguindé sans me dézinguer moralement. Et moi, à toute berzingue, sans louvoyer, j'ai envoyé au diable vauvert tout ce lourd bastringue de dingue (notre "bagage familial" dont on hérite et dont certains aspects nous irritent) qui m'empêchait de bien piloter ma vie. Mais qui était Shri Mahesh, cet esthète de l'art du Yoga, à la parole savante influencée par Vayu (Dieu du Vent), dont je vante les mérites ?


"Chacun a sa voie et suit son chemin. Personne ne peut apporter le bonheur, on ne peut le trouver qu'en soi-même. Mon but n'est pas d'imposer à l'autre une voie, mais de donner des idées pour que la personne cherche par ses propres moyens."
Me voilà rassuré, pas de "gourou pie de sansonnet" qui te manipule, qui pousse la séduisante ésotérique sansonnette sans en avoir (de sens honnête). Moi le libertaire réfractaire, l'anarchiste pacifiste, je vais pouvoir chanter en coeur, en choeur et en corps, les "sens au net" sur un mode hindou. Mais le temps passe, je vous résume sa vie.
Né en 1924, Mahalinguappa Ghatradyal (Shri Mahesh), orphelin, est élevé dans un monastère de la région du Karnataka, dans lequel il apprend et pratique le Yoga dès l'âge de cinq ans. En 1942, il arrive en France, il est accueilli par Boris et Françoise Dolto. Sportif primé, il court le marathon en compagnie de Zatopek et Mimoun. Il étudie la médecine et travaille en hôpital (rééducation de personnes blessées et d'enfants handicapés). 1959 : il crée le Centre pour les Rapports Culturels Franco Indien, qui organise des expositions, des spectacles de musique et danse de l'Inde et des voyages. En 1969, il crée la Fédération Française de Hatha-Yoga et en 1981 : l'École Internationale Du Yoga Traditionnel*. Que faire pour aider le peuple indien à moins souffrir ? L'empathie, c'est bien mais le concret, c'est mieux. Alors, il participe activement à l'élaboration de son projet qui se matérialise par la construction d'un hôpital (à Halligudi, son village natal) dans une des régions les plus sèches et pauvres de l'Inde : le Karnataka.



Shri Mahesh s'est éteint en août 2007, ses cendres sont au Père-Lachaise.
Il a été l'un de mes repères. Il avait le même âge que mon père. Il ne le montrait pas souvent mais cet homme au regard d'aigle pouvait être espiègle, coquin. Quand nos regards se croisaient, je sentais qu'il approuvait ma malice. Il avait le front dégarni, mais il était parfois de Mahesh avec moi. Dans ces moments là, il devenait l'un de mes "pairs spirituels".


"Le point de départ et le point d'arrivée d'une posture, c'est le nombril."
"Son-Yoga" :
C'est un Yoga postural avec discipline de souffle ("Pranayama"). Les Postures se suivent et se rassemblent en famille (série d'asanas allongées sur le dos, par exemple), à bon escient. Elles s'inscrivent dans une progression douce et lente. Les postures se complètent et sont complices entres elles. Ce Yoga se soucie de l'anatomie et de la physiologie (le maître n'oublie pas son serment d'Hippocrate, yogi thérapeute avant l'heure). Cela explique le choix précis des postures (une posture délicate est préparée en amont), ceci dans la liberté de l'instant et de l'instinct. On s'applique à vivre la non-violence, tactique et tact actent pour ce pacte avec soi-même à la recherche du bien-être.
La séance basée sur la  concentration, le rythme collectif axé sur un même souffle, la suspension de la respiration dans l'immobilité, invitent à l'écoute de soi. On s'ouvre, on se découvre et on oeuvre pour s'accorder. Tel un musicien à l'écoute de son corps instrument, on accorde son mental agité. On se donne du temps, du tempo, du tempérament, et c'est bon pour les artères (pour ma part, cela me soigne et me libère de l'emprise de ma locataire, Miss Parkinson et son affreux caractère).
"Dans les Asanas, identifier le corps à une fleur : baisser un bras, une jambe, comme un pétale de fleur qui tombe au sol, sans bruit, délicatement."
Voilà, l'âme Mahesh E.I.D.Y.T* (la messe est dite, à dire avec le S qui CHuinte), faut que j'aille faire ma séance de Yoga, sinon je vais me faire enguirlander par l'heureux père spirituel. Régalade d'autant plus grande que je vais tester la natte Ardelaine, tapis de Yoga en laine, que l'on vient de m'offrir pour mon anniversaire.
Namasté !

"Comment taire ?" :
- Alors, c'est koa, l'eidyt avec un Astérix ?
Edith de Nantes
- Ben, ça doit être le genre "Cité plus haut, retrouvez l'astérisque".
Edith donc (Ecole Internationale Du Yoga ...)

1 commentaire:

  1. Après avoir lu le dernier post, j'ai tapé (va savoir pourquoi) "Ardelaine" dans google, et j'ai trouvé ce reportage
    http://www.youtube.com/watch?v=Ft5KpkTjC4w
    qui nous dit tout sur les moutons d'Ardèche, la façon dont on les tond et comment on utilise leur laine, tout ça dans un village, Saint Pierreville, que je connaissais, en plus !
    De Karnataka aux plateaux d'Ardèche, les voies les voies de la blogosphère sont inattendues, mais toujours intéressantes !

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