"La beauté est un simulacre, la jeunesse est un leurre."La beauté de ses traits d'humour était un "stimule-encre", la joliesse de ses coups de plume était un "efface-douleur".
Gotlib
Gotlib est mort.
Ça fait un coup d'effroi dans le dos !
Devant sa tombe ou son urne, j'imagine des rigolards gotlibertaires proposant une épitaphe :
"Même refroidi, j'attends le réchauffement climatique des zygomatiques", ose l'un !
"Je sens le fluide glacial et j'entends qu'on me dit : 'Chauffe Marcel et reste drôle' !", propose "L'écho des bananes", un vieux rocker de la première heure.
"Gotlibérateur"
A l'école des buissons, il a été l'un de mes profs en savoir-vivre. Avec d'autres, il m'a fait découvrir que l'on pouvait rire de tout (pas de tabous, de la grossièreté pour grossir le trait mais sans vulgarité).
De lui, j'ai tout lu ou presque. Après chaque lecture de ce gai luron déluré depuis belle lurette, j'étais dans la joie jusqu'au cou.
Avec "Fluide glacial", il me remontait le moral.
Avec "L'écho des ça vanne", j'avais la banane (extatique, excentrique, vitale et originale, pas de la "banane alitée").
Dans le "Pilote" du début des années 70, les dessinateurs poétiques étaient nombreux (Gotlib et sa "Rubrique à Brac" branque, côtoyait Mandryka et son "Concombre Masqué" déjanté, Fred et son "Philémon dans son monde ... du A" qui me laissait sans voix mais pas sans voyelle ...).
Dans sa "Rubrique à Brac", on rencontrait de drôles d'énergumènes, le Prof Burp, le Commissaire Bougret, Isaac Newton et la coccinelle.
Ah ! cette coccinelle, c'était son alter-écho, sa correctrice, son auto-critique. Comme il n'aimait pas dessiner les décors, il avait trouvé cette astuce, ce subterfuge, cette "bête à bon dos" qui arrondissait les angles et les propos.
Elle lui servait à combler les trous, à remplir la case, à meubler l'arrière plan.
Son dessin était proche du cinéma (variations des "plans", des angles de vue).Tel un Tex Avery averti, il exagérait souvent les mouvements de ses personnages et l'expression de leurs visages. La coccinelle pondérait tout ça, en disant par exemple, qu'une main était disproportionnée.
Elle jouait le rôle du "chœur antique" qui contrarie. Parfois, c'était vraiment la vedette !
Des personnages, il en a créés bien d'autres, comme "Pervers Pépère", "Hamster Jovial", "Gai Luron" et ... :
"Superdupont" :
- Si je n'ai pas peur des vagues, c'est parce que mon nez les fend.
Georgette :
- Quoi ?
- Mon éléphant, c'est un jeu de mot.
- Ah, ah, ah !"
"Gotliberté" :
Petit de taille mais grand dans la démesure.
Origénial, un univers et un talent sans commune mesure.
Doué en pataphysique, il avait la patate lorsqu'il dessinait du physique, du corporel (mais pas du décor). Il voyageait en absurdie, appréciait le non-sens britannique (il a aidé les "Monty Python" à leurs débuts). Bien entendu, il raffolait du magazine américain "Mad".
Ce titi d'Paris-ci la déconnade, avait le goût d'Uburlesque.
Trublion tourbillon, dynamique dynamiteur, il a fait exploser les cases et les carcans.
Il s'amusait avec le dérisoire et pratiquait l'umour noir, il trimbalait en lui cet humour juif désespéré.
C'était décapant, grinçant, dissolvant, corrosif, vif, subversif, satirique, parodique, lyrique ...
Il était à la fois réservé ... :
"J'ai toujours eu un mal fou à ouvrir en grand les vannes de mes émotions. Je suis un constipé du cœur."
... et osé :
"Douze ans de psychanalyse m'ont donné le courage de dessiner des cochonneries."
Etonnant !
On est loin du "Gai Luron" et "Belle Lurette" des débuts. Frankenstein ne se démonte pas (quoi que), il pourrait être abattu ("à plate-coutures") et il sourit !
La vie nous donne parfois du fil à retordre, un coup de fil et on est rafistolé !
La bande à "Frigide Barjot", les "cathos tradis" manifestent pour dénoncer la mauvaise influence de Gotlib qui pervertit la jeunesse. C'est indécent et lamentable !!
Le monde est pourri, notre esprit sain peut le transformer en monde pour rire, alors la vie sera plus belle encore.
Yamasté !
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