"La cloche sonne,
le son quitte la cloche,
fraîcheur."
Buson
Le Tama : Le tambour qui parle ... wolof, mandingue, yoruba ...
C'est un tambour qui parle d'amour avec humour.
Il a sa place dans un instrumentarium thérapeutique. Non pas parce qu'il soulage de la constipation (c'est le tambour "d'aisselle", unique en son genre), mais l'action sur la tension et la pression des cordes va nous détendre sans coup férir et nous faire sortir de la dépression en nous faisant rire !
Dans le "Tama-sutra", il est dit qu'il peut arriver à faire sourire la bouche d'en bas des femmes.
Au Nigéria, il prend le nom de "Dumdum" ("celui qui fait danser les "doudounes").
Michel et le tambour qui parle ...
Il existe d'autres tambours qui parlent, laissons la musicothérapeute Edith Lecourt, nous parler de sa rencontre avec Michel (enfant de neuf ans très inhibé et souffrant d'énurésie) :
"... Au cours du premier rendez-vous, Michel parle peu ... Je comprend qu'il n'est pas spécialement attiré par la musique. Nous écoutons ensemble quelques morceaux, il réagit un peu à une musique de rythme africain.
A ma demande, il fait un dessin et il choisit de se dessiner (mais seul le haut du corps apparaît, ce qui donne l'impression qu'il est comme coupé en deux).
A la séance suivante, je l'invite à explorer les instruments de musique. Michel montre là son inhibition. Il prend très peu d'initiatives, semble tout attendre de moi, reste dans une attitude très dépendante.
A la troisième séance, je lui propose un dialogue sonore sur un grand tambour, une conga (voir ci-dessus) ... Nous sommes assis, l'un en face de l'autre, avec la conga entre nous. Je lui dit que nous pourrions essayer de se parler avec les sons du tambour. Michel, d'abord hésitant, se prend au jeu.
Il devient même bavard !
Il hausse le volume sonore et se lance dans un grand dialogue, avec des passages très assurés.
A la fin de cette improvisation (qui a duré une quinzaine de minutes), je lui demande ce que l'on s'est dit.
Je suis alors surprise de la rapidité et de l'assurance de sa réponse : Michel reproduit ainsi tout un dialogue, ses questions, mes réponses, et le tout avec une assurance inaccoutumée ...
"Je t'ai dit :
- Tais-toi, arrêtes de faire du bruit, va donc faire tes devoirs, enlève tes chaussures, tu n'as pas fait ton lit, tu pourrais quand même répondre, range tes affaires, pourquoi as-tu fait ça ? ...
Et tu m'as répondu :
- Je comprends."
Cela me rappelle le jeune Aurélien (enfant psychotique du même âge), en séance "Musicothérapie" dans mon YAM (YogAtelierMusical). Lui aussi, réagissait et se transformait.
C'était le roi du refus, du "refus-jeu", se planquant derrière son systématique "T'arrêtes-toi !" lorsque je lui proposais un nouveau jeu sonore.
Mais quand je l'invitais à jouer du tambour amérindien "Pow-wow" (voir photo), il n'était plus le même, il se transformait en "Aurélien l'indien" !
Il devenait alors un intarissable chanteur. Ensuite, lorsque nous discutions sur le ressenti du moment passé avec le tambour, il se révélait être un inépuisable bavard.
Pour finir, on remerciait le "Pow-wow qui fait parler tous les esprits" (qu'ils soient simples, complexes, petits, grands, égarés ou éthérés) !
Dessin : Erwan Le Gal
Retour sur le Tama.
Tout comme le "Pow-wow" à peaux d'veau, le Tama a deux peaux, l'une est frappée, l'autre est là pour la résonance. Autre ressemblance : ils disposent de lacets. Cela fait de ces instruments-médecin, des objets dont on ne peut plus se passer.
Ils font rire ou danser, comment voulez-vous qu'on s'en lasse, de ces tambours puissants et irrésistibles qui donnent envie de s'enlacer ?
Sous le baobab et sous les étoiles ...
Le Tama : le tambour à paroles, un tambour qui parle parce qu'il accompagne les paroles de celui qui raconte des histoires.
Léger, pratique, ce rigolo bavard va comme un gant au griot buvard élégant !
Le Tama porte et rapporte les nouvelles parmi les hommes.
Ce sablier à double peau et à lacet, permet aux gens de ne pas s'oublier, de ne pas se perdre d'ouïe.
Les Tamas témoins parlent, passent le témoin, se répondent, dialoguent. Ils ont une bouche et deux oreilles. Ils ponctuent, accentuent, mettent l'accent, font sonner ce dont parlent les hommes !
Ils content le temps qui passe ...
Que ça soit le Pow-wow ou le Tama, ils ont beaucoup contés pour moi (contes africains : "La parole", "Le cœur du baobab" ou amérindiens : "Siyotanka" ).
"Croquant un kaki,Allez je vous dit "Hôryûji" !!
la cloche résonne,
Hôryûji."
Shiki
- Mais ça veut rien dire, hôryûji, c'est le nom du fameux temple d'une ville japonaise (Nara) connue par ses nombreux temples bouddhistes.
Par contre, tu peux dire "Sayonara", "Au revoir" ou faire parler le tambour en wolof (Sénégal) :
"Ba suba ak jam" !
Après la photo du kodo, ce tambour qui annonce la fin du zazen (méditation), on termine en :
Zazou zen, zouave zoulou faisant joujou sans gêne avec la zizique "juju" !!!
Rythmé et décontracté, c'est le roi de l'amusique juju (prononcez joujou) : King Sunny Ade.
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