vendredi 14 mars 2014

"Le vent se lève."


"Le vent se lève ! ... il faut tenter de vivre !
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs,
Envolez vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs."
Le cimetière marin (Paul Valéry).



Au ciné "Le Rex" d'Andernos, certains films changent votre regard sur cette vieille salle de cinéma un peu étriquée et poussiéreuse. Il suffit de projeter sur l'écran le film  "Le vent se lève" d'Hayao Miyazaki et la poussière sort faire un tour, l'écran devient plus grand, s'anoblit et se transforme en écrin. Quand au cinoche "rextoré", il mériterait bien un nouveau nom, par exemple : "Le Rexplendissant". Le slogan élégant, qui lui irait comme un gant pourrait être le suivant : "On y rentre médisant, on en sort applaudissant".

Ce film d'animation est taxé de bonnes critiques et axé sur une des passions de l'auteur, l'aviation. Si l'on survole sa filmographie, le thème est récurrent. On imagine bien petit Miyazaki, la tête dans les nuages ailés ... pieds sur le plancher du planeur qu'il pilote. Malheureusement, ses yeux ne lui permettront pas d'aller ailé vers les cieux. Et heureusement pour nous, sa vue basse va lui libérer les ailes de la créativité et permettre à son imaginaire de s'envoler, de prendre de la hauteur, saine attitude pour de futures scènes d'altitude. Les productions du "Studio Ghibli" me ravissent depuis longtemps. Il suffit que l'on me dise "Miyazaki" et en véritable inconditionnel, je cours "dard-d'art" en direction de ma salle obscure palote et plan-plan transformable en un endroit lumineux, haut en couleur et renversant.



"Le vent se lève !"
Regardant le film, on découvre que le titre prend tout son sens. Par la grâce du vent, le film animé de bonnes intentions, pose la juste question. A savoir : qu'il soit artiste ou ingénieur, un créateur doit-il renoncer à son œuvre au gré des circonstances ou vivre sa passion, sans se préoccuper des conséquences ? Le film relate une partie de la vie de Jiro Horikushi, très sage (comme son nom l'indique : après le dîner, "j'irai au lit coucher" disait-il quand il était petit) ingénieur aéronautique. C'est le concepteur du "Zéro", redoutable avion  guerrier qui a fait des dégâts pendant la guerre du Pacifique , avec Pearl Harbor et kamikaze.

... Il faut tenter de vivre !"
Tenter d'être, d'être libre comme l'air, comme l'art, tenter d'avancer, de réaliser, malgré un sort contr'air.
Miyazaki fait le "pas de côté de Gébé" puis il décolle, il prend de la hauteur. D'après lui, le monde court à sa perte, il est urgent de vivre intensément ou alors de partir dans l'imaginaire.



Après ses films pour enfant de tout âge, en voici un pour adulte. Le spectateur japonais y voit passer son histoire (contant le passé du Japon, Miyazaki se raconte un peu aussi).
Dans le film, ça bouge, ça s'anime (l'histoire du Japon est mouvementée), ça rêve, ça réveille, ça révèle, ça vente, ça invente, ça papillonne, ça s'éparpille, ça s'époumone, ça fourmille, ça a l'âme bonne, ça part en vrille, ça porte, ça s'emporte, ça chavire, ça vire, ça virevolte, ça vole haut, ça voltige, ça voit, ça voyage, ça apprend, ça prend l'air, ça prend de la hauteur, ça rend auteur, ça prend du recul et nous on reste sur le ...
On s'extasie sur des images magnifiques et apaisantes (avant la projection, des enfants agités odieux non surveillés par leur mère aux yeux scotchés sur son "aïe-phone" faisaient craindre le pire ; bien captivés, ils sont restés silencieux pendant tout la séance). Comme dans ses autres films, Hayao M. nous mettre devant la vie dense : la nature sauvage est si gracieuse. Alors, on se régale devant la tendresse de l'herbe, son mouvement dans le vent et les arbres qui bruissent.
Le bougre, il en connaît un crayon et donne bonne mine à la nature !



Chers voisins, ne coupez pas aussi souvent l'herbe verte qui s'entend si bien avec le vent (ça fera des vacances pour nos oreilles). Ne brûlez pas vos feuilles tombées en amour avec la terre, en se décomposant, elles vont se transformer en humus. D'avance, les futurs cèpes se réjouissent de devenir la régalade des gourmets. En plus, le ver de terre prolifère sous les feuilles et là il fait son action si salu-terre. Pour le jardinier c'est épatant ! Le ver travaille en mangeant et il mange en travaillant. Il fait donc tout le boulot, le travail de l'homme est de lui donner à manger (compost) ses déchets végétaux. Lorsque le sol est couvert (mulch) plus besoin d'arroser autant ! On peut profiter de ce temps libéré pour écrire des vers ou jouer avec les mots et se rappeler que le mot humain vient d'humus (tout comme le mot humilité).
"Feu de tas de feuilles incendiaire" :
Des amis d'Andernos en ont subi les conséquences : le feu de feuilles d'un voisin, se propage par les racines d'un pin et  mange une partie de leur belle maison, ossature bois, construite par eux-mêmes, avec amour et difficultés.
"Et toi, maison brûlante. Espace, cher espace
Tranquille, où l'arbre fume et perd quelques oiseaux."
Paul Valéry
Bande Origéniale du film :
Comme d'habitude, elle est signée Joe Hisaïshi et elle est excellente. La vidéo a le mérite de nous faire entendre une bonne transcription pour guitare avec partition à l'appui, mais d'autres mélodies du film sont plus jolies.

Dans les beaux poèmes de Paul Valéry, il y a aussi celui-ci qui vole très haut :
"Patience, patience,
Patience dans l'azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d'un fruit mûr !"
Bon, mettez la plume au vent (laissez faire les choses), allez là où le vent vous mène !
Caresses et "brise" à l'oeil. A bientôt, bon vent !!!


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