jeudi 5 mai 2022

"Guitare à lunettes"

Histoire d'y voir un peu plus "Claire" (FB).

Un jour de 1986, j'ai passé un bon moment ... à discuter avec le guitariste classique éclectique et chic, l'excellent Roland Dyens. Curieux précieux, farceur à l'humour ravageur, polyglotte célébrant la langue rigolote (calembours pas trop lourds, jeux de mots d'aimants, mot-valise qui ne se fait pas la malle, qui ne cultive pas le mal, qui fait kiffer et voyager). 

- Faudrait que vous composiez une musique de danse hein Dyens (danse indienne tss !).
- Peut-être l'ai-je déjà fait, avec le morceau qui se nOMme "Libra sonatine India".
- Ah ! oui, c'est vrai !!
Pourriez-vous me signer ce 33 tours consacré à Villa-lobos, je me régale à chaque écoute de ces préludes. Ils sont irresistibles.
Il m'écrit et signe !
Je reprend mon vinyle et je lis : tout à fait d'accord !



"C'est ma nature, mes amis savent très bien que pour moi, les mots et les notes sont importants. L'humour a toujours fait partie de ma vie, les jeux de mots aussi.
Mon père en faisait, j'ai été à bonne école là dessus, mes enfants en font aussi. J'aime créer des situations décalées et surréalistes."
Amarcord ((patoi rital : je me souviens) du temps où j'étais prof de guitare à plein temps. En ce temps là, à la question : Quel est votre guitariste préféré ?
Je citais souvent Roland Dyens !

Dans sa musique, il ne racontait pas de FA daise, les notes "Sols d'Ièze" où le "RE glisse", faisaient autant de titre de morceaux. Pendant ce temps là, de mon côté, j'écrivais des phrases avec des notes ! RE MI FA SOL LA SI DO RE (Rémi face au lassi doré, le lassi est une boisson indienne) !!!

Un SI, je quittais mon DO MI SI LA DO RE, (domicile adoré), pour aller voir des concerts déconcertants, avec mes élèves les plus disponibles et motivés !


Les lunettes bizarres vues sur la guitare de l'artiste jouaient un rôle. Dyens m'expliquait qu'il avait trouvé ce stratagème pour déstresser ses élèves les plus émotifs et afin de surprendre les spectateurs en début de concert. C'était une autre façon de voir les choses.
L'hilarité générale rendait de suite l'endroit chaleureux et bienveillant.
Il a bien fait d'en profiter, de rigoler, il est mort d'une tumeur au cerveau à l'âge de 61 ans.

Voilà comme on brise la glace avec classe ; les invités artistes approuvaient que ce soit les brésiliens Villa-lobos, Baden Powell, les époques du baroque au rock, passant de Black à Bach, les classiques Rodrigo, Sor, les jazzmen Monk, Dizzy Gillespie (son arrangement de "A night in Tunisia", clin d'oeil à son origine tunisienne ?), le gitan Django (en Romanie, Django signifie : "Je m'éveille !" après avoir plané, l'esthète dans les nuages), les chansons françaises et sa belle reprise de "Syracuse"...

Ecoutez voir l'histoire, voici le Mulla Nasr Eddin ! Continuons le voyage. Larguons les amarres et blagons y'en a marre !!

"Nasr Eddin est invité par le sultan Tamerlan. Ce soir là, le sultan demande à Nasreddin :
- As-tu des visions ?
- Pardi pardieu, j'en suis comblé à chaque instant, répont-il.
Eh bien, repris Tamerlan :
- Dis moi ce que tu es en train de voir et si tu ne vois rien alors je te ferais couper la tête sur le champ !
- Je vois des ailes de feux battre les cieux, je vois à la place du soleil, un trône de diamants porté par quatres lions d'or, je vois des ruisseaux de lait coulant intarissable des nues. Je vois ...
Quelles extraordinaires visions !!
Oh ! si riche derviche, comment fais-tu pour franchir l'apparence des choses, quels efforts à faire pour arriver à un tel point de sagesse !
- Il n'y a aucun effort à faire, la peur suffit ! Rétorque NasrEddin."

Bon vent ! bonne santé !!!

Yamasté !!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire