samedi 14 mars 2020

"Romanix"

J'ai lu "Romanesque, la folle aventure de la langue française" de Lorant Deutsch.
Avec l'enthousiasme qu'on lui connait, Deutsch nous invite à plonger dans les "zanimots" et dans les "zoos troubles" de notre langue pour y voir plus clair. Voici quelques anecdotes glanées ici ou là !
Gare aux virgules (et aux têtes de "Ne") !
Un roi peu romanesque envoie un message à un bourreau bourru :
"Pendez-pas gracié"
Le bourreau comprend :
"Pendez, pas gracié !"




BBR et DD o KFé !
- Cette histoire de bourreau bourru et de roi maladroit, c'est chair payée la diction ! dit DD l'érudit.
- Hé Dédé, pourquoi kinia deux D à addition ? demande BBR.
- C'est à cause de son origine latine : "adderer" (ajouter) qu'on met 2 D dit DD !
- C'est pour ça qu'on met deux D à addiction ?
- Oui ! en tout cas nous, on est de vrais addicts au caoua.
- Et d'où c'est qu'ça vient le mot café ?
- Le mot café vient de Turquie, caoua est l'argot arabe de café et tous les deux viennent de qahwa dont l'origine est éthiopienne (région de kaffa, berceau du caféier).
- Nous, les piliers de bar, c'est le kaffa et le calva qu'on kiffe et qu'on siffle.
Mais on ne fait pas que boire, on raconte nos déboires ou des bobards, on fait du baratin, on baragouine ...
- ... Baragouiner vient de barbaros (étranger qui bredouille la langue).
- On dit aussi que ça vient du breton : bara (pain) et gwin (vin) !
- Oui, quand le breton avait un verre dans le nez, il distribuait des pains, souvent en vain, il "bara-gwin-nez" des obscénités pâtissières du genre :
"t'as même pas de couilles niaman" (kouign amann : gâteau breton) !
- Foutaises et fariboles t'es qu'un mariole, un guignol, dit BBR Ké breton !!
- Mariole, encore un mot baladeur !
Ah ! celui-là, on peut dire qu'il aura voyagé dans le temps.
Au 14ème siècle, "Mariole" est un impertinent sobriquet de Marie.
Au 15ème, c'est une petite image de la vierge.
Au 16ème, il se confond avec l'italien "mariolo" (escroc), le mariole devient une personne peu recommandable.
Au 19ème, un jour ... :
"Napoleon passe ses troupes en revue, à l'improviste. L'officier Dominique Gay Mariole n'a pas le temps de prendre son fusil. Il prend ce qu'il a sous la main : un canon et dit "J'ai présenté les armes à l'empereur de Russie avec un fusil. Mais à mon empereur, c'est avec un canon que je les présente".

Depuis, "Faire le mariole", c'est faire le malin pour attirer l'attention sur soi.
Comme par exemple, le chat de Geluck!



Mais laissons là nos deux bavards de bar BBR le "saoul-chêne breton" et DD le "guignolais kirsh" et continuons à voyager avec les mots.

La diagonale du fou :
Le jeu d'échec vient de l'inde. A l'origine, la pièce qui se déplaçait en diagonale, c'était l'éléphant ( "fil" en arabe).
En France, "fil" est devenu "fol" puis "fou".
"Aux échecs et peut-être dans la vie, les fous sont souvent les plus proches du roi."
L Deutsch
Des tours et des détours :
Le rokh en arabe signifie le chariot, il ressemble phonétiquement au mot toc (qui en ancien français désignait la tour). Peu à peu, le mot "tour" a remplacé le mot "rokh" (le roque est un déplacement spécial du roi et d'une des deux tours dans le jeu d'échec) !

Le participe déplacé.
Le participe passé du verbe avoir s'accorde en genre et en nombre avec le "c.o.d" lorsque celui-ci est placé avant.
Cela, c'est la faute à Marot qui l'a ramené d'Italie (les ritals l'ont abandonné par la suite).
Petit rappel de principe pour ne pas rater le coche* :
"Elles ont mangé des pâtes. Les pâtes qu'elles ont mangées."

A la saint glinglin !
Tout se déglingue, des saints qui ont pour nom glinglin, ça n'existe pas !
Donc saint doit s'entendre comme du vieux français, par exemple "seing" (cloche) et la cloche fait glinglin, onomatopée burlesque née du tudesque (germanique) "klingen" (sonner) !
On se revoit à la Seing glinglin !





Sacré sucre !
Il vient de Syrie, on le nomme "canna mellis" (roseau de miel). En arabe, il devient "sukkar" puis "zucchero" en Italie, passant les alpes, il prend le nom de sucre.
Autrefois, le sucre était un médoc :
On l'utilisait en sirop contre les maladies pulmonaires ou en dragées pour faciliter la digestion.
"Aujourd'hui, c'est l'un des plus grands dangers pour notre santé !!!" écrit Deutsch.
Maintenant, les jeunes générations sont droguées au sucre.

La "meufa monpote" !
Restons avec la jeunesse, celle des cités a beaucoup utilisé le verlan et le tronqué. C'est ainsi que le mot bibliothèque a fondu au fil des années : il est devenu biblio puis bibli et ensuite bib !
Avec la flemme de bouche, ces fameux infâmes ont ridiculisé le mot femme. On l'a d'abord transformé en meufa (verlan), puis par dégoût des fins de mots en voyelle, est devenu meuf !
Le trucage et le tronquage sont des outrages d'un autre âge.
A noter que le mot femme vient de fame (moyen-âge : de bonne renommée), fameux ce remède de bonne fame !


* Coche : au 17ème siècle, le coche c'était le "métro d'eau (dans ton caoua)" de l'époque, le moyen de transport fluvial en vogue avec des horaires précis. L'embarcation n'était pas toujours sécurisante, c'était parfois toute une aventure, un événement particulier qui pouvait vous faire vivre des moments originaux donc il ne fallait pas rater le coche.
De nos jours, on sécurise tout, on surprotège, on est bien loin du "vive l'imprévu". La formule a changé, on aurait plutôt tendance à dire :
"Il ne faut pas rater le coach !!!"

P.S : Vu l'actualité (la pandémie de virus au nom de bière), je pose la question suivante :
Quel est le plus dangereux pour notre santé : l'alcool, le sucre, le coche ou le virus ?

Bonnes lectures, bonnes méditations !
Bon karma, bon kawa !
"Yamasthé" (vert) !

dimanche 1 mars 2020

"Mémoire de Yoga n° 37"

La vie d'artiste !
Conseils d'un musicien :
Jouez ce que vous aimez et donnez du goût.

Celui qui a le goût de l'effort "s'honore".
Faire tout "sons possibles" ... dans la joie et sans compter son temps, parce que dans la vie, rien ne s'obtient sans plaisir ni don de soi. J'utilise le mot plaisir et non pas le mot travail car, comme dit Gurdjieff :
"Il ne faut pas travailler mais avoir du plaisir."

Le goût du travail bien fait.
Etre artisan de sa réussite, ce n'est pas pour la gloire ou par vanité, mais parce que le bien-être de tous implique le "travail-plaisir" de chacun.

Le goût du beau et du bon.
La recherche du beau suscite la beauté, la diffuse, la crée.
Etre gastronome de sa vie (lui donner du goût), être fin gourmet : peu et de bonne qualité nourrit mais non le contraire.

Le goût de tout ce qui grandit.
Ce n'est pas celui de l'ambition inhumaine ou dominatrice, mais celui de ... "Toute âme qui s'élève, élève le monde."
Eviter les mauvaises habitudes, repérer les bonnes et même, sans juger s'en méfier car, comme dit le proverbe chinois :
"L'habitude commence comme une toile d'araignée et se termine comme un câble d'acier."
Accordons nos violons et laissons parler le violoniste "équilibriste" Yehudi Menuhin :
"Mon principe fondamental  quand je joue est à la fois simple et universel : c'est la recherche de l'équilibre.
On peut approcher du bon équilibre  en prenant conscience qu'aucune partie du corps ne bouge  sans qu'il n'y ait une réaction correspondante ou une compensation dans une autre partie du corps, au même titre que la moindre chute de feuilles mortes modifie l'équilibre de la terre.
L'objectif est de parvenir à une perception des déplacements et des équilibres les plus fins."

Sentir-voir !
"On apprend à voir avec son corps.
Comment sait-on que l'archet atterrit sur la corde de sol ?
Est-ce parce que les os, les muscles et les nerfs de mon bras prennent une certaine forme ?
Ou bien est-ce que je guide l'archet avec mes yeux ?
Je SAIS, il en est de même des notes que je joue. Mes doigts s'habituent aux distances. Mon oreille confirme que je joue la note juste, mais ce sont mes doigts jouant naturellement et aisément, sans tension et pression sur les distances qui trouvent la note juste.
Il faut arriver à jouer du violon à l'instinct, mais il faut au préalable une préparation approfondie.
C'est un peu comme le vent soufflant à travers les branches. C'est la position des feuilles,chacune selon un angle qui lui est propre, qui donne au vent sa voix particulière."  




L'effort le gastronome, donneur d'envie et de goût.
Curieux le chasseur de sons !
Sage le conteur qui ne compte pas seize heures.
Equilibré, le yogi au violon non-violent.

"Toute âme qui s'élève, élève le monde."
Je n'ai pas cité "l'hauteur" parce que selon les sources, on attribue cette pensée à La Rochefoucauld, à Elisabeth Leseur ou à Gandhi.

Yehudi Menuhin : le violoniste yogi !
Musicien de grand talent, yogi épatant et élégant, surprenant et renversant (avant un concert, au lieu de se mettre la rate au court-bouillon, il prenait plaisir à se mettre la tête à l'envers et .... les pieds en l'air).

P.S :
Je n'ai jamais vraiment réécrit le mémoire de yoga de 1987 mais là si (propos pas assez clairs à mon avis, comme quoi le temps passant, on s'améliore et c'est tant mieux), ma non troppo.
Comme le bon vin, on vieillit bien lorsqu'on développe ses tanins talents, la saveur de son savoir, sa palette de couleurs qui colorise la vie.
Les bienfaits de l'âge on en voit la couleur, alors merci au thé vert, au chocolat noir, au vin rouge, autant d'antioxydants qui nous permettent de ne pas en voir de toutes les "couleurs douleurs" !

"On ne peut pas s'empêcher de vieillir mais on peut s'empêcher de devenir vieux."
Matisse

Yamasté !