vendredi 9 mai 2014

"Miss Parkinson"

"Le prénom est la clé de la personne.
C'est le cliquetis délicat de sa serrure
quand on veut ouvrir sa porte."
Amélie Nothomb

Jean-quête, on veut des noms et des explications.
J'aime bien cultiver l'art de la parodie. Par exemple, prendre une chanson et en changer les paroles. C'est un plaisir d'enfant farceur. Je me souviens du temps où j'étais jeunot, que l'on trouvait rigolo, mes potes et moi de chanter une chanson de Sheila (72-73 ?). C'est ainsi que :
"Comme les rois mages, en Galilée" devenait :
"Comme les fromages dans l'garde-manger".
Ce jeu de mot de jeunot, je continue à en jouir. Et c'est comme ça que Mrs Robinson de Paul Simon s'est transformée en Mrs Parkinson (la mutation a eu lieu en 2O10 dans le bois du Broustic à Andernos).
J'ai adopté ce nom pour mieux vivre avec cette maladie. Mais je trouvais que Mrs Parkinson, cela faisait un peu trop poli pour le polisson que je suis. Plus tard, Cavanna, soufrant du même mal, a trouvé le mot juste : Miss Parkinson ! Je me suis dit :
"Cela sonne vraiment bien, j'adopte."
Récemment, je suis mis en quête d'un prénom pour la Miss dinguette et j'en ai trouvé deux : Lucy et Aléanor.
Logique rabelaisienne à l'appui :

  • Lucy : diminutif de lucifer, Lucy fière "dame de fer", qui peut vite devenir dame d'enfer d'âme damnée amenant fermement à l'enfer ... mement, au repli sur soi ("l'enfer, c'est les autres"). Alors que le doute (confiance en soi revue à la baisse) plane, la question, elle, se pose : faut-il laisser lucy faire ?               Si l'on répond oui, on ne répond plus de rien (la Miss prend les commandes en main et te secoue le cocotier mon coco, la cocotte cocolocatrice te fait coucou à sa façon, en te poulevérisant l'entendement réduit à néant). Après, faut pas t'étonner pour tes faux pas, ta démarche de drogué tristounet qui te fait déchanter et chanter de traviole la belle chanson de John Lennon "Lucy in the Sk'aîe ! with Demon" (si l'on ne conserve que les majuscules, on obtient le nom d'une drogue qui te fait halluciner grave).
  • "Eléanor Mal" celle là, elle m'en veut, mieux, elle me veut vieux !

                                                                       Geluck


Signification de ces prénoms.
Il y a un moment de cela, j'avais lu (dans une revue sur le conte) que le prénom Anne signifiait (entre autres) "oie" (et Annette : "petite oie"). Je me souviens avoir plaisanté sur ce sujet, à l'époque dans mon journal intime pour tous (cela remonte à plus de vingt ans). Mon amie Anne étant mariée à un magistrat sympa, j'avais constaté que dernier était de fait l'homme de l'oie !
Madame Marie-Odile Mergnac historienne a écrit de nombreux ouvrages sur l'origine et le sens des noms et prénoms, elle va donc éclairer notre petite lanterne en ce domaine.

Prenons le prénom Lucie (Lucy version d'ici), il vient du latin "Lux" (lumière). Je vis ce prénom sous deux aspects, d'un côté j"en perd mon latin (Lucie m'allume pour mieux m'éteindre et m'étreindre), de l'autre c'est vraiment une lumière (elle m'aide à voir plus clair en moi et vu mon côté sombre, c'est pas du lux).
Lucie, c'est à la fois le mal à dire qui m'en fait voir et la maladie qui cherche à me guérir.
"Certains prénoms sont comme les bandes-annonces du destin de ceux qui les portent."
David Foenkinos
Lucie la vierge (fin du troisième siècle) convoitée par un soupirant, qui repoussé, décide de la dénoncer. On l'oblige alors à se prostituer, elle refuse. Obstinée à honorer son voeux de chasteté, elle préfère la mort. Elle est martyrisée puis décapitée en 303, par condamnation "royale" à "Sire-accuse" (non, c'est pour le calembours, à Syracuse en 303 on ne connait ni état de droit ni pouvoir de roi).

Eléanor venant du grec "el" (richesse) et "enor" (honneur) ou de l'arabe "ellinor" (Dieu est ma lumière), ne correspond pas vraiment au profil de la Miss. Surtout quand on sait que Yann (version bretonne de Jean) vient de l'hébreu "Yohanam" qui signifie "Dieu fait grâce" ou "Yahvé le miséricordieux". Par rapport à la "Miss à l'épreuve", on est loin du "conte" !
"Le savant connait le nom des plantes.
Le poète les appelle par leur prénom."
Alain Borer
On ne dira jamais assez le pouvoir des mots. L'autre soir, la télé digne de ce nom (pas "là, t'es laid" réalité, négative à fond, mélant manie et mélo plutôt que mélomanie tout court) France Ô nous régale avec une nuit africaine (un documentaire bien intéressant sur Fela Kuti, un autre sur Youssou n'Dour, deux concerts : Salif Keita puis Amadou et Maryam avec Bertrand Cantat). Cantat est content, souriant, c'est bien pour lui de mener enfin une vie scène. Mais quelle idée a eu un jour l'auteur de "sombrero de la mer"("sombre héros de l'amer") de nommer son groupe "Noir Désir" !
Le karma est sacré si tu sème du bon, tu récoltes du bonheur. Sinon si tu sème la zizanie, tu récoltes que des conneries !




Le si talentueux musicien nigérien Fela, en guerre avec des mots et des notes contre toutes les injustices, a passé une partie de sa vie en prison. Souvent torturé à mort, son corps a toujours résisté. Il avait choisi lui-même ses prénoms : Anikulapo ("celui qui porte la mort dans sa gibecière") et Kuti ("qui ne peut pas être tué par la main de l'homme").  Fela meurt du sida en 1997. Si Anikulapo nous a quitté, Kuti, lui, a fait un pas de côté !



A bientôt !


1 commentaire:

  1. Merci pour cette excellente musique de Fela Ransome Kuti que j'avais oubliée et qui me revient.
    Ah, les prénoms... le mien c'est Pascale, Pâques, résurrection et autres alleluyas, ou alors pour les juifs, Pessah, le passage de la mer Morte, la fin de l'esclavage et l'arrivée en Terre Promise et tout ça. Le tout est de trouver le passage, et c'est parfois coton ! Keep on trying...

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