vendredi 30 mai 2014

"Blagues et Nasreddin" n°1


"Placez votre main sur un poêle une minute et cela vous semble durer une heure.
Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et cela vous semble durer une minute.
C'est cela la relativité."
 Albert Einstein





"Âne agram" :
C'est bête mais c'est un "signifiant", aurait dit le philosophe Jacques Lacan. Cela a un sens, avec les mêmes lettres, on a deux mots différents (quoi que ... à la réflexion, peut-être pas vraiment) : "la vérité" et "relativité".

Dans son "Cabaret mystique", Jodorowsky, comme dans une séance de yoga, nous reliait tous avec le chant calmant et énergétisant du "Om". Puis, il faisait son travail de joyeux décodeur spirituel. Le lieu anodin devenait à nos dieux (inté-rieurs), anoblie, "L'école des mines" se transformait en école des mines réjouies. Séduisant avec son accent chilien (Ah ! son "C'est incroyable !", ou  "Quelle mervei-yeux !" ... un régal), le vocalchimiste nous aidait à voir autrement. Il n'hésitait pas à transformer une blague grossière en histoire initiatique gorgée de sens, sucrée sacrée, succulente, ceci pour nous en faire découvrir la "substantifique moelle" si chère à Rabelais. Si l'on est à l'écoute, le présent est un cadeau élégant et géant, sinon c'est un "cadeau" crado et gênant, voici deux petites plaisanteries sur ce sujet (présenteries devrais-je dire) "comment t'es" signées Jodo :

"La locataire d'un grand immeuble d'une ville nouvelle va à la clinique, rendre visite à la gardienne qui vient d'accoucher.
- Mais, s'étonne la locataire, si vous me permettez une question indiscrète, vous êtes célibataire, je crois ?
- En effet, répond cette dernière.
- Et quel est l'heureux papa de ce charmant bambin ?
- Ça, dit la gardienne, je n'en sais rien. Vous savez, j'ai autre chose à faire, quand je nettoie mes escaliers, que de me retourner à chaque fois !"
Cette blague me rappelle une histoire de Mulla Nasrudin, le héros de  très belles histoires initiatiques soufies.
"Mulla Nasrudin, assis à l'ombre, regarde le chemin, tandis que sa femme, assise, le dos tourné, regarde de l'autre côté. Tout à coup, elle dit à son mari :
- Que c'est beau ! C'est plein d'oiseaux et les nuages sont merveilleux. C'est vraiment splendide !
- Je ne vois rien !... De mon côté, il n'y a ni nuages ni oiseaux."
Mulla Nasrudin ne fait pas le moindre effort pour regarder du côté de sa femme. Il ne voit que son monde et c'est tout. De même, cette gardienne ne prête aucune attention à ce qui lui arrive par derrière. Cela ne fait pas partie de son monde et, de ce fait, cela ne lui appartient pas.



Je remercie Jodorowsky pour ces récits et je dis bravo à Jodo pour ses propos.
La question posée est celle de notre réalité, vit-on en costume, en "pose-ture" tailleur "Chanel" ou habitué au naturel charnel, incarcéré dans sa prison mentale ou bien incarné ?
Dans mes séances yogiques, je reviens en corps et toujours au concret, à la matière, à l'espace. Ainsi on sculpte le souffle, on s'abandonne sur le tapis, on profite du sol, on écoute le son de son souffle. On écoute tout ce que notre corps nous dit, nous fait sentir (autant les sensations désagréables - on ne se "sent" bien que quand on a mal - notre tendance "naturelle", que les sensations agréables). On ne part pas dans toutes les directions, mais on reste conscient de notre espace (on y prend place), d'ailleurs on ne part pas, on reste là, ici et maintenant !
- "Vous quittez la posture mais pas la séance."
Nous sentons la présence du sol, de la rue, des autres. Nous sommes tous unis vers l'uni (et non pas luni, c'est à dire : tous dans la lune). Nous vivons une époque opaque où certains artristes chantent leur nombril et écrivent avec leurs pieds. On ne s'occupe que de son petit univers rétréci, on n'est ni consterné ni concerné par ce qui se passe autour. Cependant ne faisant plus appel à notre intellichance, on en subit les conséquences.



Revenons à la première histoire, que dit Jodo :
"Quel est le bébé dont tu es porteur ? D'une façon ou d'une autre tu vas te retrouver avec un enfant dans le ventre, parce que tu ne perçois pas toute la réalité, que tu ne te retournes pas, que tu ne vois pas ce que l'autre voit et ce que l'humanité voit. Tu ne vois rien."
On ne peut vivre dans un monde dont on dirait : cela ne me regarde pas, je ne vois pas ce que j'ai à faire avec ça !
L'homme est las hélas! l'homme est là depuis des lustres. Auparavant, il n'y était pas, c'était l'âge d'or des dinosaures. Et puis un jour, un gros cailloux s'est écrasé sur la terre. Le choc a été si fort qu'il a fini par faire disparaître les dinosaures, par contre des petits singes tout fluets (proches du chimpanzé) ont survécu. Après moults transformations, ils sont devenus hommes plus ou moins malins, du genre à dire que l'homme descend du singe qui descend de l'arbre, qui lui-même descend à la station "Bois de vingt chênes - bois du vin" (vous voyez le genre ... de "rigoulot".
Boire du bon vin c'est le humer, l'aimer, le goûter, le sentir en bouche, voir le verre rempli qui rougit de tant d'égard et là on déguste, on en voit de toutes les couleurs. C'est la fête des papilles et des pupilles, on se sent papillon et bien loin des dinosaures.



Où se place t'on ?
"Sentez l'espace qui se trouve derrière vous ... !"
Quelle est notre réalité ? Calée, notre réalité quotidienne nous conduit-elle sur une voix de "gare-rage" ? Si c'est le cas, il y a un problème de déroute et de routine.
Alors contre la "déroutine", inventons et réinventons quotidiennement notre réalité !!!
La déroutine qui altère notre réalité, c'est bien souvent une question de relativité, n'est-ce pas Albert ?

Bon c'est pas tout ça mais on m'attend là-bas, il me faut "aller sur un plus grand", comme on dit en Belgique. Je vais chez mon amie Catherine. Dotée de bons vins à boire et d'un bon caviste à proximité ("Au grès des vins"), on va se régaler et rigoler avec les histoires de la concierge occupée et du mulla contrariant. Histoires qui racontent nos déboires et qui redonnent de l'espoir aux narcisses qui noircissent leur monde sans jamais en avoir marre, sans jamais être hilares.
Bon vin, bon vent ! Cultivons l'intellichance et ...




Cette fois-ci, comme vous êtes devenus de vrais sages relatifs, vous méritez  bien la vidéo de Daft Punk avec du vrai Nile Rodgers (le guitariste si Chic) dedans et pas une parodie (lire et voir le message du.16 mai 2014).
Crédit B.D : Fabien Ser.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire