Réfection réflexion !
Claude Serre l'aidant !
Lorsque j'étais môme, j'étais un gugusse costaud comme un Jean-claude Dusse "bronzé" (des années 80).
J'étais aussi un gosse à l'aise, balaise avec le vocabulaire, dévorant du "Raymot" Devos, OKdac avec Pierre Dac ("L'os à moelle") et avec Raymot Queneau, l'Oulipo, Agrippine de Claire Brétécher, le cas Mandrika (saloute à toi qui vient de passer de vie à trépas, "bretzel liquide" à Chourave et au Concombre masqué) ...
Ces gens là étaient des phraseurs farceurs, artistes au phrasé jazz mais jamais en emphase pour ramener sa fraise. Par la musique des mots, je découvrais l'extase et me sentais requinqué !
Tire la langue : mort de dent (mord dedans) !
Trente ans sans rendre visite à un dentiste, ça me pendait au nez, les caries en ont profité pour s'installer avec l'encouragement de Miss Parkinson (les parkinsonnés ont plus de problèmes de dents et d'ostéoporose que les autres, ils ont besoin de prendre de la vitamine D3 en complément).
Qu'en disent Boris Vian et Henri Salvador dans "Blouse du dentiste" :
"Woh maman,
J'ai les guibolles en fromage blanc,
Avant que j'ai pu faire ouf !
y'm fait déjà sauter trois dents.
En moins d'une plombe,
mes pauvres molaires,
sont retournées dans leur tombe ..."
Mon dentiste : peine de coeur et divorce à venir ! S'il se sent mal, ça sent mauvais !
J'espère qu'il fera mouche.
- "Quel manque de classe, ça s'casse ... comme ça sans prévenir !"
Surpris, il prend les gros moyens, va chercher un gourdin et avec son baratin entame le match :
- Tu Laura voulu, ce sera "oeil pour oeil, dents pourries dents".
Je serre les coudes mais pas les dents vu que j'ai la bouche grande ouverte et que le boxeur soigneur bientôt divorcé est déjà là sur place, sous la voûte palatine endroit du ring, digne dingue !!
- Y'a kèke chose ki cloche.
Le voilà qui frappe du droit, du gauche (tu le sens mon code civil si vilain pour le père quand à la garde des enfants).
Je l'entends marmonner :
- Fra pas long feu celle-là.
Diantre ! la voilà qui résiste, la bougresse ... manquait plus qu'ça. Elle ne manque pas d'air en me disant qu'elle étouffe.
Et comme elle est fêlée, elle aspire à tort, semble dire l'aspirateur dentaire qui se mêle de la conversation d'une manière "bruitale" !
- Voilà, c'est fini Mr Meynier.
Finalement, je m'en sors bien. Souvent, dans ma vie, j'ai eu du bol, protégé par "Mésange gardien" et son chant basé sur des riffs que j'kiffe (riff : court motif répétitif) !
Vibrants cous de Bauls bienveillants !
Pendant que les pôles fondent, les bauls frondent (''Ni maître, Ni ordre") et mettent le feu (agni, l'élément feu comme énergie de vie) partout où ils passent.
Tiens un virelangue vient me taquiner l'esprit (à répéter rapidement plusieurs fois) :
"En t'aidant du dedans de tes dents, diras tu ces occidentales dentales ?"
Présentations faites par l'érudit ravi, j'ai nommé le musicothérapote Dominique Bertrand.
Feu vital, feu fêlé, fou follet, feu de Bengale !
"Les musiciens danseurs poètes Bauls du Bengale, pratiquant le tantrisme, ont développé un art poétique du double-sens, ou le texte peut-être entendu soit comme une évocation d'un événement, d'un paysage, (une poésie simple, crue, vive, souvent poignante), soit comme la description psycho-physique impliquant la circulation des énergies corporelles.
Mais ces deux dimensions sont en interaction intime : si le sens des métaphores reste caché à l'auditeur non initié, pour l'initié le chant (ses mots, son rythme, son assonance, ses mises en boucle), ne se contente pas de décrire la connaissance secrète de l'ouverture des chakras.
Il l'invoque et la provoque, en guidant les souffles subtils de l'auditeur par l'agencement des métaphores, jusqu'à la transe extatique qui s'accomplit lorsque corps et verbe, porté par l'onde, ne font qu'un dans l'esprit."
Des kanjiras à peau de gros lézard, d'iguane.
Entrez dans la transe :
... ils tournoient en chantant l'ivresse et le drame de vivre. L'enseignement se fonde sur du lien ésotérique entre les 50 lettres de l'alphabet et les 50 pétales des chakras, inscrivant la source des phonèmes et donc des mantras) dans le corps.
Entraînés dès l'enfance à jouer de divers instruments et à chanter par coeur des dizaines de chants ,cultivant la grâce et attentifs à leur élégance (coiffure drapée, colliers, ils inspirèrent la mode hippie), ils sont respectés par les villageois pour leurs pouvoirs, ils sont pratiquants tantrique, sous l'influence de Shiva.
Tagore a salué leurs talents de poètes, la folie douce de leur spiritualité extatique est d'une audace folle !
Baul en bengali signifie fou, possédé par le vent.
Pour les bauls le corps est une poterie d'argile. La connaissance du corps, c'est le feu qui transe forme l'argile dans lequel cuit le pot et l'eau c'est l'amour.
Par ici le paradis, les bauls cherchent à vivre, à soigner et à prendre plaisir.
Ce sont des chanteurs enchanteurs, danseurs excentriques sans trac un peu foutraques proposant à la foi chants débridés et poèmes sacrés, marcheurs vénérés, libertaires "ni maître ni ordre", ils sillonnent inlassablement les chemins du Bengale en compagnie d'instruments qui balisent le sentier enchanté : l'ektara (tenue par l'homme en blanc), la kanjira (voir plus haut) et la voix mènent au nirvana !
Crédits illustrations : Chat de Geluck, Mandrika ki et Serre vice compris !
Namasté !